Vraie vie de Dracula, La
Titre original: Vlad Tepes
Genre: Historique , Cape et épées
Année: 1979
Pays d'origine: Roumanie
Réalisateur: Doru Nastase
Casting:
Stefan Sileanu, Emanoil Petrut, George Constantin, Ion Marinescu, Alexandru Repan, Gyorgy Kovacs...
Aka: Vlad the Impaler: The True Life of Dracula
 

1456 : rentré en Valachie, Vlad Draculea, petit fils du grand Mircea l'Ancien, conquiert par les armes le trône dont il est le légitime héritier. Son premier geste en tant que Voïvoïde est de pardonner tous les nobles qui l'ont combattu, il amnistie aussi tous les criminels et vide les prisons. Mais aux uns et aux autres il annonce que désormais il sera impitoyable et que tout acte répréhensible, toute trahison, seront désormais punis par une seule peine : la mort. Mais les brigandages sont en pleine recrudescence et le commerce sur la principauté quasi impossible. Vlad fait nettoyer les bas quartiers de Targoviste, sa capitale, par le fer et le feu, faisant empaler les brigands et mendiants survivants. Il réprime aussi impitoyablement une révolte de Boyards et à leur chef, qui s'indigne d'être traité de la même manière qu'un larron, il répond : "Tu as raison, dorénavant les nobles auront droit à des épieux deux fois plus haut". Alors que la Valachie est désormais pacifiée, arrivent au palais de Vlad trois émissaires du sultan ottoman venus chercher leur tribut de 10000 ducats et 500 jeunes garçons...

 

 

Le film de "biographie historique épique" est un genre cinématographique typiquement roumain, c'est même le genre symbole de l'âge d'or du cinéma roumain (en gros les années 1970). Certes, ailleurs il y a eu un Ivan le Terrible voire un Patton, mais les "Napoléon", "Jules César" et autres Scipion l'Africain ont en fait des titres mensongers, car ils ne s'intéressent qu'à un épisode de la vie du personnage éponyme quand il ne s'agit pas de vulgaires adaptations de Shakespeare. En France, il n'y aurait donc qu'un "Vercingétorix" qui puisse se revendiquer de cette catégorie, mais je ne suis pas sûr que le terme "épique" ou même celui de "film" puisse s'appliquer à ce cas particulier. Quoi qu'il en soit, il n'y a qu'en Roumanie que l'on peut parler de genre spécifique et non d'œuvres isolés. L'une des raisons est bien sûr l'abondante figuration prêtée gracieusement par les forces armées autochtones, mais il faut dire aussi que l'histoire particulièrement mouvementée du pays s'y prête, avec une poignée de "dirigeants" plutôt hauts en couleur dont les aventures furent "bigger than life". De Mircea l'Ancien à Michel le Brave, en passant par Stéphane le Grand, tous eurent droit à un (ou plusieurs) film(s) à leur gloire. Il était donc normal que le plus célèbre et le plus pittoresque d'entre eux, le sympathique et bucolique Dracula, ait aussi le sien.

 

 

"Quel roman que ma vie !" aurait pu dire notre ami Vlad sur son lit de mort, s'il avait pu mourir dans son lit, et que l'on prenne sa légende noire ou que l'on se contente (comme dans le film) de la vision positive d'un héros de la lutte contre les Ottomans, il faut bien reconnaître qu'un puissant souffle épique traversa son existence, nous ramenant des odeurs de villes calcinées et des images de forêts de soldats turcs empalés. Bref, de quoi faire passer les aventures de son avatar romanesque et vampirique pour un conte pour fillettes. Hélas, hélas, si l'on pouvait s'attendre à ce que tout aspect gore soit gommé (ce n'est pas trop le genre de ce genre justement) le souffle épique est lui aussi totalement absent. N'est pas Nicolaescu qui veut et son ancien assistant Doru Nastase pour sa première réalisation en solo se révèle être très loin de posséder la maîtrise de son ancien mentor. Les premières scènes de batailles donnent le ton, la cavalerie de Dracula traverse les rangs de l'armée de son adversaire sans qu'il y ait le moindre contact. Par la suite les combats se résumeront à des figurants grimés en Turcs courant devant ceux habillés en Valaques du 15e siècle, les seconds ne rattrapant jamais les premiers, avec quand même de temps à autre une poignée de cascadeurs au premier plan échangeant mollement quelques coups d'épées pour donner le change. Même les épisodes particulièrement spectaculaires de l'histoire de Dracula (la célèbre anecdote des turbans cloués, la traversée par l'armée du sultan des restes empalés de la précédente invasion) se révèlent ternes à l'écran.

 

 

Malgré tout ses défauts, ce film conserve une assez bonne réputation dans son pays d'origine. Ceci grâce à un scénario assez austère mais faisant preuve paraît-il (malgré son parti pris pro Dracula) d'une louable véracité historique (mais un spectateur sans connaissance de cette période aura du mal à tout saisir). On notera l'absence totale de rôles féminins, mais il est vrai que les personnages, et en premier lieu Dracula, sont ici dépourvus de toute vie privée. Dans le rôle titre, Stefan Sileanu est sobre et crédible, mais malgré sa belle moustache il manque cruellement de charisme. Un constat valable aussi pour le reste du casting, dépourvu de véritable vedette à l'exception, en "special guest star" (il apparaît au générique avec son nom encadré), du vétéran Georgy Kovacs dans un rôle très court de gouverneur hongrois.
Par ailleurs, les décors et la photo sont ternes (il est vrai que la qualité de l'image de l'édition DVD est plus que médiocre) et les costumes des figurants pas toujours très réussis.
Bref, on sent que le cinéma populaire roumain entame en cette année 1979 la décadence qui sera la sienne dans les années 80.

 

 

Note : 5,75/10

Sigtuna

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