Spasmes
Titre original: Spasms
Genre: Horreur , Thriller , Fantastique , Agressions animales
Année: 1983
Pays d'origine: Canada
Réalisateur: William Fruet
Casting:
Oliver Reed, Kerrie Keane, Peter Fonda, Al Waxman, Miguel Fernandes, Marilyn Lightstone, Angus MacInnes...
 

Tout commence en Micronésie autour d'un rituel voué semble-t-il à un dieu ou diable serpent. Une danse autour du feu se fait frénétique, les adeptes d'un soir tendent vers le ciel de petites couleuvres disposées près du brasier. Soudain le culte semble se matérialiser et ce qui semble être un gigantesque reptile venimeux, attaque les villageois qui se font zigouiller les uns après les autres. Tapis derrière les fourrés, des chasseurs payés par Jason Kincaid (Oliver Reed), un riche homme d'affaires autrefois mordu par la bête, assistent médusés à l'événement. L'un d'eux le prévient.

 

 

Kincaïd, on ne sait trop comment, a jadis mystérieusement résisté à la morsure de cette même créature. Depuis, tout aussi mystérieusement, ce dernier semble connecté à l'esprit du reptile et anticipe parfois ses attaques. Kincaïd va pouvoir mettre ses facultés à profit puisque voici que les chasseurs à sa solde parviennent à capturer l'immense créature pour la ramener chez lui, à San Diego. L'homme d'affaires veut à la fois comprendre pourquoi il est encore vivant mais aussi avoir sa revanche sur la créature. Pour cela, il loue les services de Dr. Tom Brasilian (Peter Fonda), expert en psychiatrie qui se voit confier la tête d'un laboratoire destiné à mener à bien des recherches sur le reptile.

Durant son voyage, une secte adoratrice du reptile démoniaque, avec à sa tête Warren Crowley (Al Waxman), l'un des hommes de main du milliardaire reptiliconnecté tente de le voler. Bien qu'arrivé à bon port, les intérêts de chacun font que malencontreusement le serpent s'échappe du laboratoire. A partir de là, s'ensuivent plusieurs courses. Tandis que le reptile peut surgir n'importe où, Kincaïd parvient à voir sa progression lors de douloureuses séances spirituelles avec le docteur Brasilian.

Qui de lui ou de la secte mettra la main sur l'animal ? A moins que ce dernier ne bouffe tout le monde avant, vous le saurez en regardant... Spasmes, série B fort sympathique que signait William Fruet en 1983.

 

 

William Fruet compte déjà quelques réussites à son actif lorsqu'en 1982, il réalise cet opus mystico-animalier de bon aloi dans un paysage horrifique cinématographique à la fois riche et soudainement malmené par les nouvelles donnes de production et l'émergence de méga majors aussi voraces que le reptile ici présent.

Après avoir signé en 1972 "Wedding in White", un drame sociologique pur jus dans lequel une jeune femme (Carol Kane) payait l'addition des moeurs d'une époque où se faire violer pouvait provoquer le rejet populaire, Fruet se lance dans la production de plusieurs thrillers de bon aloi avec, Week-end sauvage en 1976, un rape and revenge fort qui anticipait même le I Spit on your Grave de Meir Zarchi tout en restant dans la mouvance des films dérangeants tels que La dernière maison sur la gauche ou La chasse sanglante de Peter Collinson. On y trouvait, en plus de Brenda Vaccaro, Don Stroud en chef de clan menaçant.

On retrouvera Stroud pour le film suivant du réalisateur : L'Exterminateur un actioner proche du survival urbain avec Perry King et Tisa Farrow, ce, juste avant un autre survival, plus champêtre celui-ci : Trapped dans lequel on trouvait un Henry Silva sournoisement manipulateur s'en prenant à un couple venu juste pour communier avec mère nature. Entre temps, Fruet réalise un autre thriller horrifique, "Le cri des ténèbres" (Funeral Home). S'ensuivront, après celui-ci, d'autres séries B de tenue fort correcte telles que "Bedroom Eyes", "Macabre Party" ou encore "Insect!" (voir critique sur feu AnimalAttack).

 

 

Quant à nos deux têtes d'affiche ici présentes et que l'on ne présente plus, ils sont heureux de retrouver un animal qu'ils ont chacun de leur côté, déjà fréquenté de près. Oliver Reed, tournait deux ans avant dans Venin de Piers Haggard tandis que Peter Fonda avait déjà eu maille à partir avec une secte satanique mais aussi un serpent dans l'ébouriffante Course contre l'enfer de Jack Starrett. Autant dire que nos deux comparses sont ici en terrain connu !

Tout cela, il convient de le dire, est de prime abord très alléchant. Hélas le film de William Fruet souffre de quelques tares qui le nivèlent parfois vers le bas. En premier lieu un script qui part quelque peu à vau-l'eau dès lors que la créature serpentesque atteint la zone urbaine. Pas faute pourtant d'avoir attendu une moitié de film pour en arriver là. Une moitié de film certes très exotique et permettant également de poser les bases assez solides des caractères des protagonistes ainsi que les enjeux. A plusieurs reprises, on regrette que la bête si menaçante soit tant absente de l'écran. Finalement, sa représentation ne se fait la plupart du temps que par le biais de ses déambulations aux visions bleuâtres et aplanies, lesquelles, on ne le saura jamais vraiment, sont peut-être ce que voit l'homme d'affaires dont l'esprit est connecté au reptile. Le doute est permis d'autant que ces mêmes déambulations ressemblent à celles de tout un chacun rentrant chez lui en tâtonnant les murs après une sévère murge. (Tout Oliver Reed en quelque sorte !)
Le plus décevant finalement est de voir certains enjeux s'étioler pour carrément passer à la "Trappe(d)" en cours de route. Quid de la secte ? On ne le saura jamais trop, celle-ci disparaissant de la bobine comme si elle était allée mourir hors-champ. Elle s'avère finalement n'être qu'un leurre permettant à ce diable de serpent de s'échapper. A partir de là, ce sont quelques personnages mis jusque là sur le devant de la scène qui disparaissent eux aussi au gré des intérêts d'un spectacle peu crédible mais d'un point de vue rythmique, très correctement mené (malgré quelques chutes ici et là).

Si le bestial Oliver Reed s'en sort très honorablement et comme souvent, tout en puissance, le réalisateur de L'Homme sans frontière en revanche, fait piètre impression. Il est très loin de convaincre en scientifique et semble tenter de masquer une descente de LSD derrière une paire de Ray-Ban comme on n'en faisait déjà plus à l'époque, le tout en marmonnant des banalités. Bien que mis en avant au générique, il est plutôt heureux pour Spasms que celui-ci se voit ici confié un rôle plutôt subsidiaire. D'ailleurs à ce propos, c'est simple, on a le sentiment que Fonda disparaît puis réapparaît dans le film sans qu'il n'apporte quoi que ce soit de consistant.

 

 

Pourtant, malgré ces lacunes, Spasms demeure un film très plaisant à suivre et qui jamais n'ennuie. Le procédé de vue subjective de l'animal, répétitif en diable, fonctionne proportionnellement à la conviction mise par la proie à jouer la frayeur. Ainsi une attaque en huis-clos sur une femme tétanisée, n'ayant plus qu'un mur auquel se raccrocher, fonctionne parfaitement tandis qu'ailleurs, les mêmes agressions paraissent bien bénignes et tombent autant à plat qu'un serpent transformé en chambre à air.

Le mysticisme ici mis en scène n'est pas sans évoquer par moments le très bon Altered States de Ken Russell, notamment de par la connexion établie entre le serpent diabolique et Oliver Reed qui se retrouve dans une position de "voyageur par procuration". S'il ne possède pas la même belle maîtrise à cet égard que le psilo-film de Russell, Spasms n'en demeure pas moins suffisamment brutal pour emporter l'adhésion.

Inégal, alternant scènes molles et scènes fortes, l'ensemble parvient à se lover de manière assez gracieuse notamment grâce à ses 20 dernières minutes riches en morceaux de bravoure dont le clou reste la scène où l'un des personnages féminins se voit projeté à travers une porte avant d'être déchiqueté tandis qu'une autre femme prend sa douche, ce qui, en passant, permet à William Fruet de remplir son contrat fesse !
Les passages gores sont rares et se résument à un homme dont les veines gonflent jusqu'à l'éclatement, ce qui, quoique trompeur sur la marchandise, fit les beaux jours de la vhs Initial dans les vidéo-clubs de l'époque, le serpent étant singulièrement absent de la jaquette tandis que le verso était dédié à ladite scène où un homme semblait éclater. Le visuel de ces éditions annonçait finalement un autre fait : la quasi absence frontale du reptile durant 80 minutes de pellicule ! Finalement on ne le voit, gueule grande ouverte et suivre sa destinée fatale que dans la toute dernière bobine. Dommage, car celui-ci, contrairement à d'autres production bien plus chiches, semblait avoir de la gueule.

 

 

Malgré toutes ces réserves, William Fruet livre une histoire plutôt originale pour une bande par ailleurs très bien photographiée par Mark Irwin (Starship Invasions, Chromosome 3, Les yeux de la terreur, "Trapped",... l'un des fidèles techniciens de Cronenberg et de Fruet) et soutenue par l'atmosphère délétère et planante de la bande-son du groupe Tangerine Dream, que l'on pourra toutefois trouver un peu surannée à ce jour.

 

Mallox

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