Lokis
Titre original: Lokis. Rekopis profesora Wittembacha
Genre: Lycanthropie , Fantastique
Année: 1970
Pays d'origine: Pologne
Réalisateur: Janusz Majewski
Casting:
Edmund Fetting, Józef Duriasz, Małgorzata Braunek, Gustaw Lutkiewicz, Zofia Mrozowska, Wiesława Mazurkiewicz...
Aka: The Bear
 

Lituanie, seconde moitié du 19e siècle. Le révérend Wittenbach, philologue, ethnographe et universitaire de Königsberg se rend à Vilnius en train. Dans son wagon, il fait la connaissance de la comtesse Dowgiallo, de sa charmante fille Julia et de leur gouvernante anglaise. Plus tard, alors qu'il se rend chez le comte Michal Szemiot afin de parfaire ses recherches sur les patois samogites, il doit se réfugier dans une chapelle abandonnée. Le lendemain, il arrive dans le domaine du Comte qui, souffrant, n'est pas visible. Wittenbach constate aussi la présence au château d'une vieille femme aliénée, gardée hors de la vue des visiteurs. Il s'agit de la mère du comte, dont le médecin personnel et attitré lui raconte, le soir au dîner, l'histoire. Alors que jeune mariée elle accompagnait son époux à une chasse à courre elle fut attaquée par un ours gigantesque. La bête abattue, la comtesse fut secourue. Physiquement indemne, son esprit, lui, était devenu complètement dérangé. Les médecins qui se penchèrent sur son cas déclarèrent qu'étant enceinte, son état s'arrangerait à la naissance de son enfant. Mais une fois son fils né (l'actuel comte Michal), 9 mois plus tard, sa folie redoubla et elle tenta d'assassiner le bébé...

 

 

Lokis est l'adaptation de la nouvelle du même nom de Prosper Mérimée, l'une des plus célèbres oeuvres de la littérature fantastique française avec "La Vénus d'Ille" de ce même Mérimée et "Le Horla" de Maupassant. Apparemment, l'oeuvre de Prosper (yop la boum... pardonnez-moi c'est plus fort que moi, je n'ai pu m'en empêcher... un être supérieur et hostile tente de contrôler mon esprit... mais je reprends le dessus), ou en tous cas son volet fantastique, semblait tenir Janusz Majewski à coeur car en 1969 (soit un an avant Lokis) il adapta en court métrage "La Venus d'Ille". Le court, un format sans doute plus adapté à la mise en image des nouvelles de Mérimée, car il faut bien reconnaître que durant la vision de ce Lokis (qui ne dure pourtant qu'une heure et demie) le temps paraît parfois un peu long. Pour tout dire, ce film regroupe un peu tous les défauts que le "vulgum pecus" attribue, à tort et sans rien y connaître, au film de l'ex bloc communiste : lent, statique, exagérément verbeux et au final ennuyeux. Ces défauts, qui n'ont aucun rapport avec l'origine du film, sont ceux des adaptations littéraires exagérément fidèles.

 

 

Car excessivement fidèle, voire même servile, le scénario de cette adaptation l'est, hormis un préambule ferroviaire puis "dilligentesque" peu utile (sauf pour rallonger la sauce et tenir l'heure et demie), et un épilogue nous présentant les deux interprétations possibles de l'histoire (cartésienne puis fantastique). Pour le reste, c'est-à-dire entre les deux, tout y est. Mais si dans la nouvelle le récit est à la 1ère personne avec un narrateur pédant et un peu obtus qui sème indices et éléments fantastiques sans s'en rendre compte, dans le film le scénario se montre un peu trop insistant sur ces éléments et perd en grande partie le charme du livre. Les réflexions du narrateur sont, elles, transformées en dialogue avec le médecin, accentuant ainsi le coté verbeux du métrage.
Mais peut être, en tant qu'admirateur de l'oeuvre littéraire dont a été tiré ce film, suis-je trop exigeant et dur avec lui. Car d'un autre côté, cette fidélité excessive et peu imaginative, est aussi une qualité tant le matériau de base, la nouvelle de Prosper (yop la boum... ah merde) Mérimée, est excellent. Par ailleurs, malgré un budget que l'on devine faible, Janusz Majewski sait tenir une caméra et nous livre, entre deux scènes de dialogues en intérieur, quelques belles images champêtres et une incursion dans la dernière forêt primaire d'Europe.

 

 

Est-ce pour ces raisons ou pour son coté "fantastique sérieux" laissant au spectateur le soin de trancher entre explication psychanalytique ou fantastique (à moins que ce ne soit la fascination qu'a toujours exercée l'ours sur les humains), que Lokis (ou plutôt Janusz Majewski) reçut en 1971, au festival du film fantastique de Sitges, le prix du meilleur réalisateur ? Majewski partagea donc cette année-là les honneurs du palmarès avec, entre autres, Vincent Price et Paul Naschy. Reconnaissons qu'il y a pire comme compagnie. Ce qui me permet d'enchaîner sur les interprètes du film, tous remarquables. A ma grande honte je dois reconnaître qu'ils sont tous pour moi de parfaits inconnus à l'exception notable de Małgorzata Braunek, premier rôle féminin de Plus fort que la tempête. Jolie blonde et actrice plus que correcte, je dois malgré tout reconnaître que quelque chose en elle m'a gêné : son regard bovin exprimant une bêtise insondable. Evidemment, cela n'implique pas qu'elle soit réellement bête (tenez Cécile Duflot... ah non mauvais exemple) même si le fait qu'elle ait été l'épouse de Zulawski (qui, je le rappelle, vécut longtemps avec Sophie Marceau, et ne semble donc pas avoir une attirance excessive pour les femmes intelligentes) et qu'elle se soit reconvertie dans l'enseignement du bouddhisme zen ne plaide pas en sa faveur.

 

 

Quoi qu'il en soit si vous avez aimé la nouvelle de Mérimée, ou si vous ne l'avez jamais lue, n'hésitez pas à voir ce film.

Note : 7/10

Sigtuna

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