Bateau, Le
Titre original: Das Boot
Genre: Drame , Historique , Action , Aventures , Guerre
Année: 1981
Pays d'origine: Allemagne
Réalisateur: Wolfgang Petersen
Casting:
Jürgen Prochnow, Herbert Grönemeyer, Klaus Wennemann, Hubertus Bengsch, Martin Semmelrogge, Otto Sander...
 

Hitler (pas le peintre, le chef d'état) a lancé le 22 juin 1941 l'opération Barberousse, à savoir l'invasion de l'URSS (le paradis de travailleurs) par ses troupes. Dans les derniers mois de cette même année, les sous-mariniers allemands, dont la mission principale était de participer activement au blocus de la Grande-Bretagne, ont leurs jours de gloire derrière eux. "Der Alte" (le vieux, en français), joué par Jürgen Prochnow, est l'un des derniers rescapés des grands capitaines allemands de U-boat. Les autres sont morts ou sombrent dans l'alcoolisme.
Pour sa prochaine mission, il ne reçoit comme membres d'équipage que des garçons simples, sans formation et qui pour la plupart n'ont aucune expérience de la guerre. On lui enjoint également un jeune reporter dont la mission est de montrer le courage et les victoires en mer du sous-marin.

 

 

La sortie DVD en 2004 de la version dite "uncut", portant la durée du film à pas moins de 293 minutes (contre 110 pour la version sortie au cinéma et 150 pour le DVD de 1998) permet de revoir cette oeuvre magistrale avec un ravissement de tous les instants.
4 h 30 qui passent bien plus vite que les 1 h 30 ou 2 h 00 de l'immense majorité des merdes hollywoodiennes dont les marchands de bouses nous abreuvent à longueur d'années. (Ca, c'est fait).

Connaisseurs de films de guerre, amateurs de sensations fortes non frelatées, de suspens insoupçonnables, de tensions telles que le spectateur a l'impression de vivre littéralement l'enfer avec ces hommes pris au piège dans un cercueil de fer ; cercueil plongé sous des hectolitres d'eau et pourchassé par l'ennemi... Amateurs de vrai cinéma, tout simplement, ce film rentrera dans votre panthéon (et pas ailleurs, si vous avez un minimum de savoir-vivre).

 

 

Sans jamais tromper l'attente du spectateur pour ce type de métrage, Wolfgang Petersen exécute les conventions du film de guerre en utilisant à merveille le visuel de l'intérieur du sous-marin, et la longueur de l'attente des marins entre deux attaques. L'inaction que cette attente entraîne permet au réalisateur de croquer toute une série de personnages avec une profondeur et une humanité rares (sous tous ses aspects, même et surtout les moins sympathiques).

 

Ennui et routine sont les maîtres mots du film. Toujours les mêmes gestes, toujours les mêmes heures de garde, toujours un sommeil qui tarde à venir. Routine de l'attente, routine de la nourriture, routine des minutes et des jours qui s'étendent à l'infini. Le quotidien de la guerre c'est l'ennui, attisé par la venue fatale du combat et de la peur sourde que cela engendre nécessairement chez les membres du sous-marin.
Petersen met à profit ce temps pour décortiquer les personnages, leur faillibilité, leurs amitiés, leurs ragots, leur nostalgie du pays. Pas de stéréotypes ici, seulement la vie d'un groupe dans un environnement anxiogène et fatalement replié sur soi-même. Fantasmes sexuels, photographies partagées, puanteur des corps, lits superposés, carrés des officiers, perturbation auditive et olfactive, dégradation de l'être humain. La vie courante qui n'en est pas vraiment une.

 



Claustrophobie à tous les étages, étirant l'attente à l'infini, pour finalement laisser exploser avec maestria (et soulagement pour le spectateur) les scènes d'actions. Les attaques des destroyers ennemis, vécues à l'intérieur du sous-marin, contraignent à plonger jusqu'à la limite de ses capacités de résistance et resteront comme des séquences uniques de maîtrise du sujet et de la mise en scène. Visuellement et surtout auditivement (les craquements du sous-marin subissant la pression des grand fonds), on a rarement fait mieux au cinéma (non ?).


Petersen et son équipe réussissent à faire un vrai film de guerre, sans céder aux sirènes de la facilité. Pas de propagande, ni de patriotisme exacerbé, pas de conformisme, Das Boot n'est pas non plus un film "anti-guerre" (bien que la condamnation des chefs de guerre dans leur volonté de sacrifier la jeunesse soit sous-jacente), encore moins un film "pro-guerre". Non, s'il y a un message à ce merveilleux long-métrage, il se situerait plutôt dans le traumatisme qu'engendre la guerre chez ceux qui la subisse, tout en démontrant l'incroyable courage, l'endurance et la ténacité dont peuvent faire preuve des êtres humains en situation extrême.

 

 

Porté par des acteurs d'une justesse terrifiante, Das Boot c'est plus de quatre heures de grand cinéma ; ça ne se refuse à l'évidence pas une seconde. On passe par tous les états, toutes les émotions et on en ressort chamboulé, un peu différent, mais aussi plus humain.
Chaussez donc vos "Boot de sept lieues", et courez acheter le DVD.

Camif

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