Dredd
Titre original: Dredd 3D
Genre: Science fiction , Action , Comics / Mangas , Vigilante
Année: 2012
Pays d'origine: Grande Bretagne / Afrique du sud
Réalisateur: Pete Travis
Casting:
Karl Urban, Olivia Thirlby, Lena Headey, Domhnall Gleeson, Langley Kirkwood, Francis Chouler, Deobia Oparei, Wood Harris...
 

Dans un avenir proche, les Etats-Unis ne sont plus qu'un immense désert irradié. Mega City One est une métropole tentaculaire rongée par le vice. La seule forme d'autorité restante est représentée par les juges, une police urbaine qui cumule toutes les fonctions : flics, juges et bourreaux. Une nouvelle drogue se propage, la Slo-Mo, qui permet de percevoir la réalité au ralenti. Sa distribution est contrôlée par Ma-Ma, ancienne prostituée, devenue baronne de la drogue. Dredd et sa nouvelle équipière Anderson vont enquêter sur trois meurtres sauvages dans la tour "Peach Trees", le repère de Ma-Ma .

 

 

Le personnage du Judge Dredd a fait son apparition dans le magazine anglais 2000A.D. en 1977, créé par l'Ecossais John Wagner et l'Espagnol Carlos Ezquerra. Le Judge est vite devenu une figure underground avant de connaître un succès international décliné sous diverses franchises (T-shirt, jeux de rôles, jeu vidéo, cartes, figurines...). Une première adaptation cinématographique fut réalisée en 1995 avec Sylvester Stallone dans le rôle titre. Le film fit l'unanimité contre lui et est considéré par les puristes comme une hérésie car le personnage apparaît à visage découvert une bonne partie du temps. Bref, la mise en chantier de cette nouvelle version fut donc accueillie avec espoir mais aussi pas mal d'appréhension. Lorsque le nom de l'acteur qui allait revêtir l'habit du Judge fut connu (Karl Urban), beaucoup se sentirent soulagés que ce ne soit pas une grande vedette, en effet, peu d'acteurs connus auraient accepté de jouer le visage à moitié dissimulé. Restait à savoir qu'elle orientation allait prendre le projet.

 

 

La réalisation de Dredd ne fut pas une partie de plaisir et comme le précédent opus, le film a dû subir l'interventionnisme de son producteur (en fait le réalisateur Pete Travis a tout simplement été exclu de la postproduction). Ainsi, si le dernier tour de manivelle fut donné en mars 2011, le film ne sortira qu'en juillet 2012. Un planning qui ne joue malheureusement pas sa faveur car entre temps est sorti "The Raid", au scénario quasi similaire. Autre point négatif, le budget du film qui ne permet pas de reconstituer une Mega-city One crédible : la ville ressemble à n'importe quelle agglomération actuelle parsemée de tours gigantesques (1 km de haut), résultat d'un déplorable choix artistique du producteur. Un choix qui d'emblée handicape le film, car ce dernier commence par une vue aérienne de la cité en plein jour, ce qui accentue le côté peu crédible de la mégapole, du moins par rapport à la bande dessinée (et même au film de Stallone dont c'est l'un des rares points positifs). Une erreur qui aurait pu être évitée car on aperçoit lors du film une vue de nuit tout à fait convaincante de la cité. Le côté futuriste est lui aussi partiellement gommé : fini les véhicules avant-gardistes et les motos volantes des Judges, les méchants se déplacent dans des camionnettes Volkswagen et les Judges se contentent de simples motos 500cc customisées. Toutes ces constatations dans les 10 premières minutes du métrage et certains sentaient déjà le vent de la débâcle venant de la zone interdite souffler sauvagement sur le projet.

 

 

Pourtant, une fois nos héros pris au piège dans la tour de "Peach Trees", le repère de "Ma-Ma", le métrage prend enfin sa vitesse de croisière et devient bougrement jouissif et régressif au point d'en oublier les premières impressions négatives. En effet, le film se transforme en western claustrophobique s'étendant sur 200 étages. Lâché en pleine jungle urbaine verticale, le Judge Dredd et son adjointe doivent échapper à une horde de tueurs lancés à leurs trousses par la fameuse "Ma-Ma", spécialiste du dépeçage (voir les trois cadavres qui s'écrasent au bas de la tour devant les passants médusés). Mais le Dreed est plus coriace que prévu, il échappe aux "miniguns" qui réduisent un étage en ruine (scène hallucinante où les innocents tombent comme des mouches) et même une bande de confrères ripoux n'arrivera pas à en venir à bout. Dans ce capharnaüm, sa seule alliée est la jeune recrue Anderson, une mutante dotée d'étonnantes facultés psychiques. La jeune femme va s'avérer une précieuse auxiliaire lors des diverses altercations et échanges de coups de feu et projectiles en tous genres, des scènes d'une beauté graphique sauvage rappelant les cases de la célèbre bande dessinée qui s'esquissent devant le spectateur médusé. Notamment lorsque Caleb, l'homme de main de "Ma-Ma" est balancé dans le vide par Dredd avant que ce dernier ne disparaisse dans un brouillard de fumée comme un fantôme, ou lorsque le même Dredd fait brûler vifs les hommes de main de "Ma-Ma", les torches humaines se reflétant dans son heaume.

 

 

Contrairement à ce que l'on pouvait craindre, le film peut compter sur un casting solide, en effet, Karl Urban est magnifique en Dredd, on dirait le brave Clint sortant d'un bon Dirty Harry. Attention, pour apprécier sa prestation à sa juste valeur préférez la version originale à l'inepte version francophone (d'origine québécoise). Son speech pour attirer les hommes de "Ma-Ma" dans une embuscade est particulièrement réjouissant. A ses côtés, la frêle Olivia Thirlby (décolorée en blonde) est une Judge Anderson des plus crédibles, sensible mais tout aussi dangereuse que son collègue, un rôle de composition pour l'actrice plutôt habituée aux comédies (notamment de Reitman père et fils) ou aux romances. Par contre, Lena Headey connaît bien la science fiction pour avoir interprété le rôle de Sarah Connors dans la série télé "Terminator", mais son rôle le plus marquant reste bien sûr celui de l'incestueuse Cersei Lannister dans "Games of Thrones".

Malgré son budget réduit, le film est techniquement soigné, les effets spéciaux sont efficaces, notamment les séquences d'hallucinations (une idée du producteur Alex Garland), la photographie est de toute beauté et la musique électro industrielle de Paul Leonard-Morgan apporte un côté déshumanisé qui colle parfaitement au film. Si le scénario d'Alex Garland (scénariste et producteur) ne s'inspire pas spécialement d'une aventure du Judge, il restitue cependant assez bien l'atmosphère des bandes dessinées et la relation entre Anderson et Dredd est assez justement rapportée. Sans être l'adaptation ultime que certains espéraient, Dredd se classe aisément dans le peloton de tête des oeuvres les plus jubilatoires du 21ème siècle, entre John Rambo et Punisher : War zone, ce qui n'est déjà pas si mal.

 

 

The Omega Man

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