Altered
Genre: Horreur
Année: 2006
Pays d'origine: Etats-Unis
Réalisateur: Eduardo Sánchez
Casting:
James Gammon, Brad William Henke, Adam Kaufman, Catherine Mangan, Paul McCarthy-Boyington, Misty Rosas, Joe Unger, Michael C. Williams...
 

Il y a quinze ans, cinq amis se sont fait enlever en pleine forêt par des extra-terrestres qui se sont livrés alors aux pires expériences sur eux (à base de sondes anales en grande partie !). L'un d'eux ne survivra pas. Nous voici transportés de nos jours, où les survivants, ayant réussi à enfin capturer un alien, ont l'occasion tant rêvée de lui faire payer le mal engendré à l'époque ainsi que la mort de leur pote, n'ayant depuis ce temps là en tête, que de se venger et d'exterminer enfin la racaille extra-terrestre, faut quand même pas abuser. Se faire sodomiser par une sonde venue d'on ne sait où passe encore, se faire tuer, non ! Sept annés après avoir co-dirigé "Blair Witch Project", film pour lequel je n'ai jamais eu une haute estime, pour la simple raison que l'ayant vu au cinéma, celui-ci ne m'a fait peur à aucun moment, sinon peut-être à la toute dernière seconde, juste lorsqu'il se finissait. Pourtant il y avait dedans une certaine matière à réflexion sur le cinéma de genre et son rapport à ce que l'on montre et ne montre pas. Mais voilà, les bonnes intentions, on le sait bien, ne font pas forcément les bons films. Bref, voici donc le "second" film de Eduardi Sanchez, qui revient ici à la réalisation avec "Altered" et son petit pitch assez étrange pour ne pas dire bancal, pouvant à priori accoucher du pire comme du meilleur...

 

 

Et bien, contre toute attente, il s'agit selon moi, d'une agréable petite surprise que cette série B assez originale et plutôt généreuse au contraire du susnommé "Projet Blair Witch".
Malgré un pitch assez improbable, mais qui recèle tout l'humour du film, le réalisateur en tout cas ne prend pas les spectateurs pour des idiots. Celui-ci, déjà, soigne son ambiance, ce qui ne court pas forcément les salles (ou les dvd pour celui-ci, puisque c'est ainsi qu'il sera distribué), assure, ce qui est encore moins négligeable dans le traitement du genre, avec une montée de tension progressive qui va crescendo pour au final accoucher sur des effets chocs, bien gores et cradingues comme il faut.
A l'instar d'une réussite comme "Isolation", quoique n'en possédant pas tout à fait le côté ténu dans le "dépressif", l'une des principales qualités, d'autant plus appréciable qu'elle se fait plus rare, reste l'ambiance absolument sérieuse de la chose. C'en est presque un tour de force (vu ce que nous raconte le film) que de laisser le spectateur crédule, alors que cette histoire de vengeance d'enfants devenus adultes sur des extra-terrestres, à bien y  regarder, reste difficile à prendre au sérieux... Pourtant, assez vite on se laisse avoir.
A ce titre, on rendra hommage aux acteurs qui, sans avoir une présence inoubliable, restent à l'image générale de cette petite réussite, dans le ton. Concernés, sérieux, crédibles.
Ce qu'il y a de bien également, c'est le côté kitsch assumé de "Altered". Alors que ces aliens ressemblent fâcheusement à ceux entre aperçus dans le très limite "Signes" de Shamalayan, là où ce dernier sombrait par sa prétention dans le ridicule, Eduardo Sánchez évite cet écueil grâce à une réelle humilité vis-à-vis du genre, et de par l'utilisation malicieuse qu'il fait d'un budget peu conséquent.

 

 

D'ailleurs, les réalisateurs auxquels on pense alors, notamment dans les quelques mais suffisants excès gore, sont Stuart Gordon et Brian Yuzna, le film accouchant au final, dans un respect et une humilité pour son matériaux, d'un mélange pervers de paranoïa, de gore, de maladresses et de fulgurances, mais toujours sincères, finissant par former sa propre petite formule qui fonctionne, celui d'un cinéma de genre fauché mais plein de vitalité et de mauvais esprit. On pensera à la fois à "Re-animator" (auquel "Altered" cligne de l'oeil littéralement en passant) mais aussi à des films comme "Progeny" ou "Society" qui tiraient eux aussi le meilleur parti d'une absence de moyen, par une utilisation économe mais astucieuse et efficace du matériau et du matériel un brin chiche dont ils disposaient.
Alors certes, le film s'oublie il est vrai assez vite, mais cela reste un cinéma honorable, à la fois carré, sans fioritures, efficace, qui ne prend pas son sujet de haut, malgré une présence d'un léger trop plein de bavardage inhérent au manque de moyens. Disons que je ne m'attendais pas tout à fait à une oeuvre aussi classique, directe et méchante dans son fond.
Du coup, sans être tout à fait au niveau du très bon "Isolation" cité avant, ou même des oeuvres de Gordon et Yuzna, dont il semble se référer, "Altered" reste une bonne petite surprise, assez idéale pour une fin de samedi soir. Ce n'est pas forcément à mépriser.

 



Note : 6/10

 

Mallox
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