Señora muerte, La
Genre: Science fiction , Horreur , Thriller
Année: 1969
Pays d'origine: Mexique
Réalisateur: Jaime Salvador
Casting:
John Carradine, Regina Torné, Elsa Cárdenas, Miguel Ángel Álvarez, Isela Vega...
Aka: Autres titres : Madame Death (USA) / Mrs. Death (USA) / The Death Woman (Royaume-Uni)
 

Marlene (Regina Torné), jeune dessinatrice de mode, file le parfait amour avec son mari, le docteur Andrés (Victor Junco). Hélas, celui-ci est victime d'une crise cardiaque, dommage collatéral d'un cancer qui le mine depuis longtemps. Juste avant de mourir, ce dernier conseille à sa femme de rendre rapidement visite au docteur Favel (John Carradine), lui assurant qu'il sera le seul à pouvoir l'aider. C'est dans un laboratoire plus que douteux qu'elle se retrouve alors à tenter l'impossible : l'étrange médecin, aidé d'un serviteur aux allures monstrueuses, tente de ramener Andrés à la vie en utilisant le sang de Marlene, ce dans une périlleuse expérience à haute teneur radioactive. Marlene a vu durant l'opération son corps devenir instable, une moitié de son visage est défiguré par intermittences. Non content d'avoir raté son coup, Favel lui fait part du remède qui lui permettra de retrouver un organisme normal : lui ramener les plus grandes quantités possible de sang frais féminin pour les lui transfuser. Pour cela, Marlene devra tuer...

 

 

La Señora Muerte (littéralement "Madame la Mort") est le dernier film de la très prolifique carrière de Jaime Salvador (104 films au compteur), laquelle débuta avec "Castillos en el aire", tourné aux Etats-Unis en 1938. Espagnol d'origine, il tournera son second film à Cuba l'année suivante avant de rallier le Mexique dès 1943 ("El jorobado") pour ne plus le quitter. Mal connu dans nos contrées, le réalisateur a pourtant abordé tous les genres : le mélodrame, le film d'aventures, le western (avec de sombres héros et à haute teneur dramatique : "Cuatro hombres marcados"...), la comédie, mais aussi la science-fiction et le film d'horreur. Ainsi lui doit-on quelques titres d'exploitation tels que "El terrible gigante de las nieves" ou "El monstruo de los volcanes" (1963) dans lequel des yétis sévissaient en suivant les traces du Redoutable homme des neiges de Val Guest, ou bien encore "El rostro de la muerte", un western horrifique empruntant les mêmes sentiers que "Billy the Kid vs Dracula" ou le plus réussi Dans les griffes du vampire. Sa fin de carrière bénéficie de l'expatriation d'une des icônes du film fantastique, John Carradine.

 

 

Ainsi l'acteur, après "The Astro-Zombies", se retrouvera successivement dans "Autopsia de un fantasma" aux côtés de Basil Rathbone et Cameron Mitchell, dans "Las vampiras" de Federico Curiel, puis tournera deux films la même année avec le même réalisateur, les mêmes acteurs et la même équipe : "Pacto diabólico" puis La Señora Muerte. Deux récits quasi-siamois écrits tous deux par Ramón Obón.

A noter également, histoire de boucler les affinités et liens des uns et des autres, que dès l'année passée, Federico Curiel et Ramón Obón avaient déjà fourni le script de "Los asesinos" que Salvador mit en scène. On y retrouvait deux actrices présentes ici, Regina Torné et Elsa Cárdenas (très convaincantes toutes deux). On ne manquera pas non plus de remarquer, qu'après avoir écrit deux fois le même script fourre-tout, Ramón Obón refilera, à un savant nazi et à un clown nain prêts, le même papelard à son pote Federico Curiel qui lui, tournera de son côté "Enigma de muerte". Evidemment, parmi les acteurs n'ayant pas ici un rôle très conséquent, certains, dont John Carradine (qui surtout ouvre et clôture ce récit hautement criminel) et Víctor Junco, changèrent de studio, passant d'un film à l'autre tandis qu'ils sortirent ensuite sur les écrans mexicains à un mois d'intervalle.

 

 

Quant à La Señora Muerte elle-même, c'est, contre toute attente, une bien agréable terreur téquila, mêlant sans inhibition ni complexe les thèmes du savant fou, de la créature, de la personne au visage défiguré dont il faudra son lot de morts pour le reconstruire ("Les yeux sans visage"), du serial killer et du récit policier.

Son principal défaut est de démarrer trop vite et surtout trop fort, de manière cruelle avec, en plus, une esthétique étonnamment somptueuse : cela va de l'intérieur du laboratoire au visage de la pauvre Marlene dont la moitié de la figure évoque une femme sangsue. A ce titre encore, il est étonnant de constater combien le scénario de Ramón Obón doit au film du même titre signé Edward Dein ("The Leech Woman" donc), réalisateur cité en début de chronique. Pour le reste on attribuera à Jaime Salvador le mérite d'avoir su mettre en scène ce patchwork, soit sans génie aucun, mais avec métier.

Bien que le récit semble flotter à mi-parcours, celui-ci se reprend pour offrir un final assez délectable. Entre temps, même si l'ensemble garde un aspect trop hybride, les meurtres et scènes de terreur s'enchaînant à un rythme régulier, le tout dans une atmosphère pré-slasheresque évoluant non loin par moments de "Crimes au musée des horreurs", il serait injuste de se montrer difficile outre mesure. Ce n'est pas la chouette scène de poursuite au couteau dans une salle remplie de mannequins qui contredira cela. En l'état, sans marquer une date dans l'histoire du film d'horreur, La Señora Muerte reste plutôt recommandable et mérite qu'on y jette un oeil. Même le serviteur monstrueux versera sa petite larme, c'est dire la portée émotionnelle d'un tel film...

 

 

Mallox

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