Triomphe des innocents, Le
Titre original: Slaughter of the Innocents
Genre: Polar , Thriller , Psycho-Killer
Année: 1993
Pays d'origine: Etats-Unis
Réalisateur: James Glickenhaus
Casting:
Jan Broberg, Elizabeth Johnson, Jesse Cameron-Glickenhaus, Darlanne Fluegel, Scott Glenn, Terri Hawkes, Kevin Sorbo...
Aka: In Cold Blood
 

Des meurtres d'enfants particulièrement atroces ensanglantent la région de l'Utah aux Etats-Unis. Alors que le coupable présumé est exécuté, l'horreur reprend. Agent spécial du FBI, Stephen Broderick sait qu'un innocent est mort, que le tueur ne cessera jamais de frapper. Aidé de son fils Jesse, passionné d'informatique et de criminologie, il tente de remonter la piste du serial killer...

 

 

En 1991 sort sur les écrans un certain "Silence des agneaux", qui sera le succès surprise de l'année. Evidemment, une kyrielle de duplicatas vont suivre : "Jennifer 8", "Seven", "Résurrection", "Le Collectionneur", "Bone Collector"... le challenge étant de trouver un tueur "original" qui ferait oublier le fameux Hannibal Lecter.
Si certains réussiront au delà de toute espérance (voir "Seven"), beaucoup échoueront. Lorsque James Glickenhaus commence à s'intéresser à son tour au sujet, un frisson parcoure l'échine des aficionados du réalisateur. Imaginez un peu... le réalisateur de The Exterminator va s'attaquer au tueur en série ! De plus, on apprend que Glickenhaus a convaincu Scott Glenn de participer au projet. Malheureusement, la production est lancée après l'échec de Mc Bain. On le sait, Glickenhaus a très mal vécu la chose et pensait déjà sérieusement à s'arrêter, surtout que depuis "Maniac Cop" (1988), les films produits par le réalisateur, comme les trois Frank Henenlotter : "Basket Case 2" (1990), Frankenhooker (1990) et "Basket Case 3" (1992)", rapportaient plus que ses propres films.
La seule chose qui semble l'avoir convaincu de continuer, c'est la perspective de faire tourner son fils. Il réussira à l'imposer sur ses deux derniers films, Le triomphe des innocents et "Timemaster". Bien sûr, la présence de l'enfant est le problème majeur du film ; on a l'impression que son père (un agent du FBI) est incapable de résoudre une affaire sans l'intervention de son fils. Et pourtant, le duo entre l'enfant et l'acteur marche plutôt bien mais l'interaction perpétuelle du gamin dans l'enquête agace plus qu'elle n'amuse, surtout que le film est loin d'être une oeuvre pour enfants. La violence de certaines situations détonne et la manière de filmer presque documentaire du réalisateur laisse présager un beau film, car il reste quelques scories fumantes comme des douilles de ce qu'aurait dû être cette œuvre (un polar malade et violent).

 

 

Le film regorge donc de scènes qui reflètent le style du réalisateur. Pourtant, ce dernier se montre par moments bien plus subtil que par le passé, comme le prouve cette séquence d'ouverture sous la pluie, des plus inquiétantes et qui enchaîne sur la découverte de la petite victime. La suite montre l'exécution du coupable, dont le seul tort est d'avoir assisté au massacre. Dans une efficace scène d'exposition, les membres du FBI reprennent les détails de l'enquête pour en déduire qu'un innocent à été exécuté. Mais le réalisateur reprend bien vite ses vieilles habitudes avec l'assaut du repaire d'un néo-nazi qui s'habille en SS, un policier pénétrant dans la demeure d'une secte et surtout le final dans l'antre du serial killer, en fait une arche dont les occupants sont tous des animaux empaillés ou des victimes du tueur (assez bluffant comme pitch !). Le reste est malheureusement assez navrant car Jesse Cameron-Glickenhaus est loin d'être un bon acteur (même s'il fut nominé aux Saturn Awards comme meilleur jeune acteur !). On pourra noter avec un brin d'humour le côté innovateur du film du point de vue informatique, car si le matériel et les lignes téléphoniques de l'époque nous semblent des plus obsolètes, le jeune prodige se réserve déjà un billet d'avion ou parvient à communiquer avec son père à des milliers de kilomètres, et tout cela sans les produits de la fameuse "pomme" et ses dernières innovations.

 

 

Un article a attiré récemment mon attention : James Glickenhaus travaille sur une nouvelle supercar. En quelques mots, un richissime homme d'affaires commanditait une nouvelle voiture de sport à partir d'un assemblage d'autres modèles existants. Cela aurait pu rester une simple anecdote si le fameux Glickenhaus n'avait pas été dans les années 80 l'un des cadors du film d'action de la côte Est. Aujourd'hui, il semble que le réalisateur se consacre entièrement à sa deuxième passion : la customisation de voitures de sport, la parenthèse cinéma étant refermée.
La fin d'un mythe est toujours quelque chose de triste, "Le triomphe des innocents" est beaucoup plus intéressant qu'il n'y parait car le film est celui d'un homme ayant perdu la foi.
On le sait, les gens du cinéma restent des personnes un rien narcissiques, qui sont inféodées à leur public, surtout dans le cinéma d'exploitation. Hors, la réception un peu froide de Shakedown et l'échec de Mc Bain ont semble-t-il affecté le réalisateur plus profondément que prévu, et surtout semblent l'avoir isolé de son public. Le réalisateur n'a tout simplement pas été en mesure d'anticiper l'évolution des goûts du spectateur.

 

 

Pur produit des années 80, Glickenhaus n'a jamais changé sa manière de réaliser (ralentis hasardeux, impacts de balles qui éclaboussent les murs et cascades à l'ancienne). Certes, il va essayer d'arrondir un peu les angles avec Shakedown, son film le plus consensuel, mais au lieu d'attirer un public plus nombreux il s'est retrouvé avec un noyau de fidèles pur et dur mais nettement plus restreint. Ce qu'il a pris pour une sorte de trahison n'est en fait qu'une simple sélection naturelle. La conséquence sera de transformer Le triomphe des innocents en un film hybride, où les automatismes de réalisateur (indéniablement, certaines scènes sont d'une efficacité redoutable) côtoient les bons sentiments de père (le personnage du fils qui semble tout savoir avant tout le monde). De quoi refroidir le plus "harboiled" de ses fans.

 

The Omega Man

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