Secret de la banquise, Le
Titre original: Bear Island
Genre: Thriller , Aventures , Guerre
Année: 1979
Pays d'origine: Royaume-Uni / Canada
Réalisateur: Don Sharp
Casting:
Donald Sutherland, Donald Pleasance, Christopher Lee, Vanessa Redgrave, Richard Widmark, Barabra Parkins, Lloyd Bridges, Patricia Collins...
Aka: L'isola della paura
 

Sous le prétexte d'une expédition scientifique, un groupe de savants de l'OTAN accoste sur une petite île de l'Arctique pour y récupérer un fabuleux trésor de guerre, gardé par deux jeunes nazis.

 

 

Petite piqûre de rappel pour situer un peu le contexte de l'époque : nous sommes en 1979, les grosses productions qui sortent sur les écrans sont largement orientées vers la science-fiction ("Alien", "Star Trek", "Le trou noir", "Moonraker", "Superman") alors que le film catastrophe pousse un dernier râle d'agonie ("Le dernier secret du Poséidon", "Airport 80", "Meteor...". En France, on découvre un certain Jackie Chan avec "La hyène intrépide", alors que des productions aussi variées que "Les bronzés font du ski", "Voyage au bout de l'enfer", "Tess", "Ultra Vixens", "Les guerriers de la nuit", "Amityville" envahissent les écrans. Rétrospectivement, produire un film comme Le secret de la banquise à cette époque avait quelque chose de suicidaire, mais le producteur Euan Lloyd avait bien sorti "Les oies sauvages" un an plus tôt avec bonheur. Il avait à l'époque expliqué qu'il voulait produire un film à succès dans la lignée des "Canons de Navarone".
Peter Snell, qui avait acheté dès 1975 les droits de plusieurs romans d'Alistair Mac Lean (Bear Island, El Dorado, Athabasca, Night Without End et The Way to Dusty Death) se dit qu'il était peut-être temps de rentabiliser son investissement. Il décide donc d'adapter Bear Island, dans le but d'en faire une franchise. Mais le film fut un échec retentissant, ce qui stoppa net les ambitions du producteur qui reviendra pourtant des années plus tard avec deux adaptations de la série UNACO, "Commando Express" (1993) et "Nightwatch" (1995), interprétée par Pierce Brosnan.

 

 

Les scénaristes semblent avoir pris pas mal de libertés avec le roman qui se déroule en grande partie sur le bateau "M.S. Morning Rose", alors que le film se passe essentiellement sur l'île. Un prétexte afin d'exploiter les magnifiques paysages de la Colombie britannique et de l'Alaska (Glacier Bay National Park). Le film représentant l'un des plus gros budgets du cinéma canadien, les producteurs ont préféré ces deux sites plutôt que la véritable île aux ours qui se situe dans la partie occidentale de la mer de Barentz (en territoire norvégien). Pour pimenter un peu l'intrigue et accentuer le côté spectaculaire des scènes d'action, la production innove avec deux véhicules originaux : l'hydrocoptère (une coque de bateau amphibie propulsée par un moteur d'aéronef) et le Larven (une moto-neige, sur laquelle le conducteur s'asseyait et qu'il conduisait avec des skis fixés aux pieds). L'idée est de proposer une course-poursuite dans la neige qui deviendrait une référence comme celle de "Bullitt". Si le but n'est pas vraiment atteint, le fameux Larven étant plus insolite que spectaculaire, l'hydrocoptère remplit par contre parfaitement son rôle ; sur la neige comme sur l'eau, il est tout à fait impressionnant. L'équipe de cascadeurs dirigée par Vic Armstrong (également doublure de Sutherland) réalise un travail remarquable dans de magnifiques décors naturels, Contrairement à "Destination Zebra : station polaire" tourné entièrement en studio, Bear Island sera réalisé en décors naturels, seul le décor de la base de sous-marins sera reconstitué en studio à Pinewood.

 

 

Don Sharp est un réalisateur d'origine tasmanienne qui fit carrière en Angleterre et participa à l'essor du cinéma fantastique anglais. Son premier gros succès fut Le baiser du vampire, une petite production Hammer. Par la suite, il réalisera pour le producteur Harry Alan Towers deux Fu Manchu avec Christopher Lee, "Le masque de Fu Manchu" et "Les treize fiancées de Fu Manchu", et un film d'aventures, Opération Marrakech. Il travaillera sur la série "Chapeau melon et bottes de cuir" et en 1971 réalisera son film le plus étrange, Psychomania.
A l'époque, Donald Sutherland n'était pas un spécialiste du film d'action à part un rôle dans "Les douze salopards" et "De l'or pour les braves". Sa filmographie était plus axée sur les rôles de composition ("M*A*S*H*", "1900", "Casanova", Meurtre par décret, "Klute"). Même chose pour la shakespearienne Vanessa Redgrave (épouse de Franco Nero), qui apparut dans "Blow-up", "Isadora", "Mary, Queen of Scots", The Devils, "Julia". Par contre, Richard Widmark connaissait bien ce genre de productions plus commerciales pour avoir tourné de nombreux westerns, films de guerre et policiers. Il sera même la vedette d'une courte série télé dans les années septante, "Madigan". Christopher Lee, à cette époque, essayait de faire oublier son passé de prince des ténèbres (Dracula) et tentait une seconde carrière en Amérique, dans des rôles parfois douteux. Rien que pour cette année 1979, Lee apparut dans "Le cercle de fer", "Passeur d'hommes", "Nom de code : Jaguar", "Le trésor de la montagne sacrée", "Capitaine America 2" et "1941".

 

 

Metteur en scène confirmé, Don Sharp réalise un agréable film d'aventures, un peu désuet mais au casting atypique. Sutherland a l'air de s'amuser comme un gamin dans un jardin d'enfant, alors que Vanessa Redgrave semble y croire à fond, le tout sous le regard fatigué de Richard Widmark et Christopher Lee qui en vu d'autres. Les paysages sont magnifiques, les scènes d'action réussies et spectaculaires (avalanche, course poursuite, bagarre). Soulignons le courage de l'équipe qui a tourné en extérieur dans de la vraie neige ! Le problème, c'est le mélange d'action et de suspense qui a du mal à prendre. En effet, l'amalgame entre Agatha Christie (qui est le chef des méchants ?) et James Bond (la poursuite en hydrocoptère n'aurait pas détonné dans un film de la série) n'est pas des plus réussis (en fait, on se fout de savoir qui est le méchant), mais le film se laisse regarder même si la plupart des spectateurs l'auront oublié aussitôt. Heureusement, il reste toujours quelques spéléologues du cinéma qui auront à coeur de renflouer ce genre de film rien que pour sa rareté.

A l'époque, les romans de MacLean correspondaient parfaitement à un certain type de film d'aventures comme on les réalisait dans les années soixante. Malheureusement, le genre ne semblait plus correspondre aux nouveaux desiderata d'Hollywood et du public. Il faudra attendre deux ans pour que sorte "Les aventuriers de l'arche perdue", qui allait complètement renouveler le genre pour plusieurs années.

 


A sa sortie, le film de Sharp fut un tel échec qu'il faillit disparaître. Quelques années plus tard, alors que la cassette vidéo était en plein essor, le film sortit pour étoffer le catalogue RCA/Columbia. Depuis, il ne fut jamais réédité "officiellement" en DVD jusqu'en 2013 par le biais de Sony Pictures (sans oublier certaines copies circulant sous le manteau). Enfin,t il subsiste quelques diffusions sur des chaînes payantes.

 

The Omega Man

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