Chasse à l'homme à Ceylan
Titre original: Kommissar X - Drei gelbe Katzen
Genre: Aventures , Espionnage
Année: 1966
Pays d'origine: Autriche / France / Allemagne / Italie
Réalisateur: Gianfranco Parolini & Rudolf Zehetgruber
Casting:
Tony Kendall, Brad Harris, Ann Smyrner, Michèle Mahaut, Dan Vadis, Siegfried Rauch, Philippe Lemaire...
Aka: Operazione 3 gatti gialli / Death is nimble, Death is quick
 

L'île de Ceylan, années 1960. Babs Lincoln, fille d'un diplomate américain, est enlevée par trois hommes alors qu'elle filmait une cérémonie bouddhiste dans la périphérie de Colombo. Rogers, l'agent de la C.I.A. en charge de sa protection, prend la voiture des kidnappeurs en filature. La course-poursuite est brève, et Rogers meurt violemment sous les coups d'un champion de karaté. Toutefois, durant le combat, Babs Lincoln est parvenue à s'enfuir et à regagner la ville avec l'aide de la police locale. Aux Etats-Unis, le capitaine Tom Rowland, lui-même expert en karaté, se voit charger d'aller enquêter à Ceylan sur l'existence d'une mystérieuse école d'arts martiaux enseignant ce coup mortel, tandis que son ami Jo Louis Walker, le fameux détective, a été désigné pour assurer la protection (rapprochée) de la ravissante fille de l'ambassadeur. C'est donc tout naturellement que les deux hommes se retrouvent à Ceylan, où les ennuis ne vont pas tarder à commencer...

 

 

La même année que Le commissaire X traque les chiens verts sort un deuxième volet des aventures du duo Walker/Rowland, le détective privé séducteur et le flic opiniâtre. Pour cette suite, coproduction oblige, le réalisateur italien Gianfranco Parolini est assisté du metteur en scène autrichien Rudolf Zehetgruber. Celui-ci est loin d'être renommé, mais il possède une expérience dans le domaine du krimi, ayant tourné quelques années auparavant des films comme "Interpol contre stupéfiants" et "FBI contre l’œillet chinois" (tous deux avec Klaus Kinski) ainsi que l'intriguant "Le manoir de l'étrangleur" avec Ady Berber.
Comme son titre l'indique, l'action se déroule à Ceylan, devenue Sri Lanka à partir de 1972. Cet état appartenant à l'Asie est situé au sud-est de l'Inde et compte environ vingt millions d'habitants. L'exotisme est donc au rendez-vous ; en ce qui concerne l'action on va voir que c'est beaucoup moins évident.

Comparé au premier épisode, on réalise très vite que Chasse à l'homme à Ceylan part dans plusieurs directions à la fois pour arriver... nulle part. L'intrigue est confuse, sans réelle cohérence, faute d'un scénario véritablement travaillé imputable à Zehetgruber. On en vient d'ailleurs à se demander si Parolini a réellement participé à cette suite, dans la mesure où tous les ingrédients de la réussite, cette formule espionnage/pulp, est ici réduite à néant.
Le metteur en scène semble avoir pioché des idées au petit bonheur la chance et les avoir intégré dans son histoire sans se soucier de la moindre homogénéité. Il a créé une organisation criminelle qui répand la terreur dans le pays, appelée The Golden Cat. Le symbole est une sorte de félin tricéphale mais on en sait guère plus et l'origine de cette confrérie demeurera nébuleuse. Les méchants sont quant à eux aux antipodes les uns des autres tant d'un point de vue moral qu'au niveau de leur propre motivation.

 

 

On a d'abord King, un géant baraqué chauve, qui est le leader d'un ordre martial proche du karaté. Son repaire est situé dans une grotte en haut d'une montagne, où il enseigne son art à ses disciples. King maîtrise un coup mortel porté à la tempe de son adversaire, dérivé du concept de la "vibrating palm" originaire de Chine.
Ensuite, il y a Nitro qui, comme son nom l'indique, est un expert en explosifs et notamment de la nitroglycérine. Enfin, pour couronner le tout, le metteur en scène rajoute le classique savant fou désireux de contrôler le monde grâce à une bactérie mortelle testée dans un laboratoire secret sur la population civile transformée en cobayes.
Enfin, n'oublions pas les gadgets, puisqu'on est quand même dans un film d'espionnage. Là aussi, le "clou du spectacle" arrive dans la seconde partie du film comme un cheveu sur la soupe, tandis que notre duo est parti localiser le repaire du scientifique dans une zone de marécages. Le gadget se présente sous la forme d'un petit bateau télécommandé pourvu de lance-roquettes, balançant ses explosifs de façon anarchique sans que nos héros soient véritablement inquiétés.

 

 

Quant au passage obligé dans la base secrète, il aurait pu être bien mieux exploité, pour peu que le metteur en scène ait mieux su utiliser les victimes des expérimentations confinées dans des cellules, et réduites à l'état de zombies.
Hélas, Chasse à l'homme à Ceylan ne tient la route qu'épisodiquement, le temps de quelques scènes réussies, maîtrisées comme il se doit. Deux exemples : la poursuite sur les toits de l'hôtel, et le duel final entre King et Rowland dans la grotte. Les deux fois, Rowland et King sont impliqués. King est le véritable méchant de l'histoire, charismatique, quasi invincible, mais néanmoins doté d'un code de l'honneur (son geste à la fin du duel en atteste de la meilleure des façons). C'est le culturiste Dan Vadis qui l'interprète, acteur américain d'origine grecque qui se fit remarquer dans pas mal de péplums italiens ("Hercule l'invincible", "Le triomphe d'Hercule") puis dans des westerns spaghetti. On le verra aussi dans plusieurs longs métrages au côté de Clint Eastwood ("L'homme des hautes plaines", "L'épreuve de force", "Bronco Billy").

 

 

Dans ce film "d'hommes", l'atout charme féminin est tenu par l'actrice danoise Ann Smyrner. Les amateurs de "Midnite Movies" se rappellent peut-être d'elle à travers les séries B fantastiques Reptilicus le monstre des mers et "Journey to the Seventh Planet". En Italie, on a pu la voir dans le très kitsch "4.3.2.1. objectif Lune" de Primo Zeglio ainsi que dans "Pas de pitié pour les salopards".
Enfin, notons la présence de Philippe Lemaire dans un rôle de traître assez anecdotique pour celui qui fut l'interprète magistral de La rose écorchée et surtout l'un des seconds rôles récurrents du film de cape et d'épée hexagonal à l'époque de Jean Marais et Gérard Barray.

Lorsqu'on a vu (et apprécié) Le commissaire X traque les chiens verts, on ne peut qu'avoir des regrets avec cette suite, car indéniablement Chasse à l'homme à Ceylan manque de peps, prend un temps fou à décoller et quand il y arrive enfin, c'est essentiellement pour faire du rase-mottes. Et ce n'est pas la bande originale de Gino Marinuzzi Jr (La planète des vampires), très anecdotique, qui va relever l'ensemble. En vérité, "Chasse à l'homme..." : ah, c'est lent. Beaucoup trop lent, en tout cas indigne de cette franchise qui avait débuté de façon magistrale.

 

 

Flint

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