Maid in Sweden
Genre: Erotique , Drame
Année: 1969
Pays d'origine: Etats-Unis
Réalisateur: Dan Wolman
Casting:
Christina Lindberg, Monika Ekman, Krister Ekman, Leif Näslund, Per Akel Arosenius, Itela Frodi, Tina Hedsröm, Henrik Meyer, Vivianne Ojengen, Jim Engelau...
Aka: The Milkmaid, Ça s'est passé à Stockholm (Belgique) / Koritsia ap' ti Souidia (Grèce) / L'età della malizia (Italie) / Isveçli bakire (Turquie) / Criada en Suecia (Espagne)
 

Inga, 16 ans, mène une vie bien sage à la campagne chez ses parents. Pourtant, entre le lycée, les devoirs et son petit ami qui ose à peine lui tenir la main et passe son temps à lui lire des poèmes, elle s'ennuie quelque peu... A l'invitation de sa soeur aînée Greta, elle se rend à Stockholm pour un weekend. Greta vit avec Gasten, un jeune homme déluré et hédoniste : il boit, fume du cannabis, drague tout ce qui porte une jupe et se comporte généralement comme un immonde macho. Inga va découvrir l'alcool, les boîtes de nuit et connaître ses premiers émois sexuels en épiant Greta et Gasten qui font l'amour dans la chambre voisine. Elle rencontre ensuite Bjorn, un ami de Gasten qui la viole lors de leur premier rendez-vous... mais dont elle tombe pourtant amoureuse ! Gasten lui non plus ne résistera pas longtemps aux charmes de la jeune fille...

 

 

Maid in Sweden ("Une jeune fille en Suède" ou "Fabriqué en Suède" si on traduit le jeu de mots) est le tout premier film de Christina Lindberg. Le tournage démarre à l'automne 1969 et elle ne fêtera ses 19 ans que quelques mois plus tard mais elle est déjà très connue comme modèle photo.

Sa carrière a débuté six mois plus tôt grâce à une série de portraits réalisés par un étudiant d'une école de photographie de Göteborg, sa ville natale. Elle est ensuite remarquée par des photographes sur une plage de Falkenberg où elle passe ses vacances et ses clichés en maillot de bain sont publiés dans de nombreux journaux suédois comme le Götheborgs-Posten, le Hallandsposten ou le Bohuslännigen.

Plus tard, c'est un célèbre photographe de l'époque, Siwer Ohlsson, qui la remarque dans une discothèque de Göteborg et lui propose de poser pour FIB Aktuellt, l'un des plus grands magazines suédois. Elle apparaît donc dans une série de clichés en compagnie de cinq autres jeunes filles de Göteborg mais c'est finalement elle qui sera choisie pour figurer sur la couverture.

Christina est encore lycéenne à l'époque, ce qui ne va pas sans poser quelques problèmes avec des camarades de classe jaloux et surtout avec ses professeurs qui ne voient pas ses activités extrascolaires d'un très bon oeil...

 

 

Et les choses ne vont pas s'arranger puisque ses clichés attirent l'attention de producteurs américains de la firme Cannon qui cherchent une vedette pour Maid in Sweden qu'ils viennent tourner en Suède, le pays qui symbolise le mieux la libéralisation des moeurs à l'époque. Christina doit donc s'absenter du lycée trois semaines pour aller tourner à Stockholm...

Elle avoue avoir très peu de souvenirs de ce tournage et n'a visionné le film qu'au moment de sa première sortie en DVD en 2008 ! Elle évoque pourtant deux anecdotes : la première est qu'elle avait réellement bu avant de tourner la scène dans le bar et elle ne faisait donc pas du tout semblant d'être ivre... Elle raconte aussi qu'elle s'était amusée à claquer des doigts devant un micro ultra sensible, ce qui avait failli rendre sourd le preneur de son qui lui en a beaucoup voulu !

 

 

La majorité des membres de l'équipe technique et les acteurs sont suédois mais Maid in Sweden a été tourné en anglais. Il est réalisé par un Israélien, Dan Wolman, sous le pseudonyme "Floch Johnson". Dan Wolman effectuera la plus grande partie de sa carrière en Israël avec notamment les cinquième et sixième volets de la série "Lemon Popsicle", connus en France sous les titres "Baby Love" et "Levez les amarres" mais il tournera également "Nana: Le désir" en Italie en 1983 avec Katya Berger, Jean-Pierre Aumont, Annie Belle et Paul Muller.

Dans les rôles principaux, on retrouve une célèbre actrice de l'époque : Monica Ekman qui joue la soeur de Christina ainsi que son époux Krister Ekman qui faisait ses débuts devant la caméra et qui deviendra ensuite restaurateur. C'est Per-Axel Arosenius qui joue le père de Christina et il tiendra le même rôle trois ans plus tard dans "Thriller". Il rejouera également avec elle dans "Libre-échanges"(Sängkamrater / Wide Open) en 1974 puis en 1977 dans "91:an och generalernas fnatt".

 

 

Une fois le tournage terminé, Christina retourne au lycée... Son proviseur la convoque pour la sermonner et lui demande de choisir entre les études et le cinéma. Elle décide de ne pas abandonner et elle passe ses examens de fin d'année où elle obtient de très bonnes notes, notamment en latin... mais deux jours plus tard, elle retourne à Stockholm pour le tournage de son deuxième film : "Rötmånad", réalisé par Jan Halldoff. "Rötmånad" sera finalement distribué avant Maid in Sweden, il obtiendra un beau succès en Suède, sera présenté au Festival de Cannes et lancera définitivement sa carrière d'actrice...

Quant à Maid in Sweden, il ne sortira jamais dans les salles suédoises mais sera édité en vidéo quelques années plus tard chez Walthers Video. Il sera par contre distribué dans de nombreux pays, notamment aux Etats-Unis en novembre 1971, au Japon l'année suivante puis en Belgique en octobre 1974, sous le titre "Ça s'est passé à Stockholm", en Turquie également, un an plus tard puis en Italie sous le titre "L'età della malizia" en 1976.

En France, un visa fut délivré au distributeur Cinéprodis en février 1973 et le site "Encyclociné" mentionne une sortie en salles en septembre mais ni les saisons Cinématographiques ni les archives du CNC ne comportent la moindre trace d'une quelconque exploitation à Paris ! Il aurait donc peut-être été distribué en Province ou projeté dans le cadre d'un festival... à moins que ce visa n'ait servi à distribuer un autre film comme cela se faisait beaucoup à l'époque...

 

 

Le rôle de la jeune fille innocente systématiquement martyrisée par tous les mâles qu'elle rencontre que Christina Lindberg endosse avec brio pour la première fois dans Maid in Sweden semble avoir été prémonitoire puisqu'il sera récurrent dans bon nombre des films qu'elle tournera par la suite... Dans les années 70, les féministes suédoises détestaient Christina Lindberg et jouaient aux fléchettes sur ses posters, ce qui n'est guère surprenant quand on voit l'idéologie ouvertement phallocrate qui se dégage de ce Maid in Sweden et qui n'est à aucun moment contrebalancée, même lorsque Greta découvre la trahison de son compagnon.

Maid in Sweden comporte en effet plusieurs séquences qui devraient, à juste titre, faire hurler la gent féminine (féministe ou pas) : les femmes obéissent aux hommes, s'excusent d'avoir levé la voix et se font traiter de "putes". Et que dire de cette scène dans laquelle la pauvre Inga subit les assauts de Bjorn avant d'y prendre du plaisir, puis s'excuse auprès de son bourreau de s'être comportée "comme une enfant" ?

Certes, il faut replacer le film dans son contexte : le début des années 70, la libération sexuelle, et ne pas oublier non plus qu'il s'agit d'une production américaine tournée en Suède, pays à la pointe de cette révolution des moeurs sur lequel les Américains projetaient sans doute nombre de leur fantasmes... Certes, mais à l'heure actuelle, même la musique folk-pop-psyché, les beaux décors naturels de Stockholm et les tenues vintage ont bien du mal à faire passer la banalisation du viol sous-jacente dans certaines scènes de ce "coming of age" ("passage à l´âge adulte" en VF) d'un genre un peu particulier.

Sans oublier que, même si personne ne devrait s'en plaindre, les scénaristes ne ratent pas une occasion de montrer leur actrice principale nue, et ce, dès le générique : Christina qui change de vêtements, Christina qui prend son bain, Christina sous la douche (dans une séquence filmée au ralenti !), Christina violée, Christina qui fait l'amour, etc.

Bref, un film à ne pas mettre devant tous les yeux mais qui ne manque pas d'intérêt : pour les fans de Christina et de "sexploitation" bien entendu, mais également en tant que témoignage d'une époque révolue (ce que l'on ne regrette pas pour certains aspects).

 

 

A noter pour finir le nombre incroyable de ressemblances entre Maid in Sweden et "Jag - en oskuld" (rebaptisé "Inga" aux USA) le premier film tourné par Joseph W. Sarno en Suède l'année précédente (1968), dans lequel la jeune Inga (!), 17 ans, interprétée par Marie Liljedahl (dont le visage ressemble étrangement à celui de Christina Lindberg) vient vivre chez sa tante Greta (!) et y découvre, elle aussi, l'amour et la sexualité...
Beaucoup de coïncidences donc, qui ne sont probablement pas dues au hasard, d'autant que l'on trouve quelques scènes très similaires dans Maid in Sweden et dans "Inga", comme celle où l'héroïne, vêtue d'une nuisette blanche, découvre les plaisirs solitaires allongée sur son lit...
Joe Sarno était-il au courant de ces "emprunts" ? Toujours est-il qu'il engagera Christina Lindberg quelques années plus tard pour jouer dans deux de ses films : "Swedish Wildcats" et "Young Playthings" !


En rapport avec le film :

# Le dvd Bach Films de Inga... bonne à tout faire (Maid in Sweden)

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