Parrain a le bras long, Le
Titre original: La mano lunga del padrino
Genre: Polar , Action , Film noir
Année: 1972
Pays d'origine: Italie
Réalisateur: Nardo Bonomi
Casting:
Peter Lee Lawrence, Adolfo Celi, Erika Blanc, Kim Dimon, Henriette Kok...
Aka: Le Parrain a la main longue / Le long bras du parrain / The Long Arm of the Godfather (Royaume-Uni) / Long Arm of the Godfather (titre vidéo australien)
 

Vincenzo (Peter Lee Lawrence), un jeune truand surnommé "Raffica" (rafale) dans le milieu, se met en tête de doubler son propre boss, Don Carmelo (Adolfo Celi), homme colérique et sans scrupules, ponte d'une organisation mafieuse de grande envergure. Ainsi le jeune électron-libre dérobe une cargaison de fusils et de mitraillettes à l'organisation à laquelle il appartient, ce, pour les revendre à une autre organisation terroriste arabe. Soit, 200 000 millions de lires à la clé, ce n'est pas rien, mais pour réussir son coup, Vincenzo doit, en attendant, se cacher dans une auberge tenue par l'une de ses maîtresse (Henriette Kok) qui, déçue, bientôt le trahira. Il retrouve ensuite Sabina (Erika Blanc), la femme qu'il aime, et c'est grâce à son ami Tom (Claudio Ruffini), un mécanicien faisant régulièrement office d'intermédiaire dans le milieu, qu'il parvient à se mettre en relation avec le clan susceptible d'acheter ses armes. Seulement, Don Carmelo et ses hommes se lancent à ses trousses...

 

 

La mano lunga del padrino est un Eurocrime assez méconnu, peu souvent cité et pour cause, son réalisateur Nardo Bonomi signait ici son seul et unique film, cependant aidé au scénario par Giulio Berruti, après un "Hanno cambiato faccia" (une allégorie horrifique sur le capitalisme assimilée au vampirisme de par la présence d'Adolfo Celi dans le rôle de Giovanni Nosferatu) et juste avant ses participations aux scripts de "Baba Yaga" ou de "Suor Omicidi". On retrouve trois têtes bien connues ici : outre Adolfo Celi qui sort de quatre gialli successifs (L’oeil du labyrinthe, Terza ipotesi su un caso di perfetta strategia criminale, Qui l'a vue mourir?, Le Manoir aux filles) avant de replonger dans L'empire du crime avec Di Leo, difficile de ne pas remarquer le couple qu'on trouvait la même année dans Amore e morte nel giardino degli dei et qu'on reverra l'année suivante dans l'imbuvable Sur le fil du rasoir, à savoir l'ex cow-boy à l'issue tragique, Peter Lee Lawrence (l'homme décède deux ans plus tard, à l'âge de 30 ans, d'une tumeur au cerveau) et l'incontournable Erika Blanc qui, après avoir fait ses gammes dans des eurospy puis une poignée de westerns, hantera régulièrement le genre giallesque de sa présence durant tout son âge d'or ("Si douces, si perverses", Plus venimeux que le cobra, L'appel de la chair...). Ici, précisons-le toutefois, il n'est en aucun cas question de giallo. Retrouver une scène de strip-tease ainsi qu'un jeune culturiste aux allures de benêt, sortant une lame en guise de menace, n'est en aucun cas garant d'un genre trop souvent fantasmé pour de mauvaises raisons. Le parrain a le bras long n'est ni plus ni moins qu'un Eurocrime classique dans lequel ce genre de scènes pullulent depuis la nuit des temps...

 

 

Malgré son titre et son pitch aux allures de guerre des gangs avec un "padrino" mis en avant, difficile également de le ranger dans les exploitations du film de Francis Coppola, lequel fut projeté à Rome en septembre 1972 tandis que celui-ci était déjà non seulement mis en chantier mais exploité dans les salles quelques mois avant. Seuls les titres, décidés lors de leur exploitation en salles surfent dessus. A la limite, si une comparaison peut être faite, ce serait avec le plutôt terne "Cosa Nostra" (The Valachi Papers) du non moins terne Terence Young. Dans l'ensemble et plus encore, on évolue dans des sentiers plus proches du film noir, dans la tradition des films de Jules Dassin et ses losers, tentant naïvement de mystifier tout le monde et finissant par le payer de leur vie, au terme d'une chasse à l'homme à l'issue inéluctable dès la première bobine ("Les Forbans de la nuit"). C'est ce que tentent de réactualiser ici Nardo Bonomi et Giulio Berruti avec, disons-le sans chichi ni détour, de nombreuses maladresses ainsi qu'un rythme et un intérêt fluctuants.
Cela débute de façon nerveuse avec un fourgon détourné et une fusillade électrique, mais avec un certain manque de politesse, à savoir sans véritablement présenter les personnages. On recolle les morceaux rapidement pour comprendre enfin les motivations de Vincenzo. Le film se fige ensuite dans un no man's land nébuleux, posant le pied sur le frein, mettant la pédale douce. Le parrain a beau, comme le titre l'indique, avoir le bras long, c'est alors le temps, que l'on pourra trouver long...

Heureusement que notre jeune brigand n'a pas trop de scrupules car, après s'être posé trop longtemps, ce n'est que lorsque ce dernier met une dérouillée à l'une de ses amantes qui vient de le balancer que le film semble remettre la main sur le levier de vitesse. Au crédit du film alors, celui de ne pas faire de son héros un personnage suscitant par trop l'empathie. Il faut le voir allonger la femme à terre, avec deux ou trois pains à la Bud Spencer en pleine face, un coup de pompe au même endroit alors que celle-ci est déjà étendue pour le compte, ce avant de lui éclater un vase rempli de fleurs sur un minois légèrement déconfit.

 

 

Pour le reste, Le parrain a le bras long ne réserve hélas aucune véritable surprise jusqu'à évoluer dans une impasse, en terrain éventé par avance. Comme de coutume, le héros ou l'anti-héros possède son point faible et, comme le plus souvent au sein du film noir, cherchez la femme, vous trouverez ce point faible ! A ce titre, Erika Blanc, bien que servant quelque peu de faire-valoir, offre une composition très honorable, en tout cas en rien enviable aux prestations de nos deux testostéronés de service. Adolfo Celi est particulièrement malicieux et parvient même à distiller de la frayeur avec beaucoup de calme feint.

Les ingrédients utilisés pour la recette (comment carotter son boss sans faire un navet) ne sont ni plus ni moins les mêmes épices qu'on trouve dans le cinéma d'exploitation de cette époque : de l'ultraviolence, du sadisme (brûlures à la cigarette, viol), de l'érotisme facile, un scénario gruyère avec moult invraisemblances et des secrets de polichinelle révélés au petit bonheur la chance mais menant jusqu'au mot "fin" sans trop s'être ennuyé. Une fin elle-même - et sans rien vouloir dévoiler - fidèle aux codes du film noir, évoluant non loin de "The Asphalt Jungle" ou de "L'Ultime Razzia", mallette remplie de billets aidant...

 

 

Pour conclure, malgré ses nombreux défauts, mettons que La mano lunga del padrino demeure un spectacle très regardable. Le hic, car dans tout film noir, il y en a un, c'est que la partition pop endiablée, signée par un parfait inconnu (Silvano D'Auria, dont c'est le seul travail répertorié pour le cinéma), tout en le rehaussant, est supérieure au film lui-même et aux autres éléments qui le composent.

Mallox

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