Dans une petite ville des Etats-Unis, une ménagère affairée dans sa cuisine se fait agresser violemment par une tomate bondissant de l'évier (une tomate telle que l'on peut en trouver au marché). Le légume en furie surgit donc en poussant son cri vengeur et se jette sur la pauvre femme qui, elle aussi, se met à crier, mais d'horreur. Quelques minutes plus tard, les flics débarquent en force dans la maison, voient du sang partout. Du moins, c'est ce qu'ils croient, car en fait ils se rendent comptent que c'est du ketchup...
Ce qui n'aurait pu être qu'un "banal" fait divers va très vite tourner à la catastrophe nationale (voire mondiale). Car les tomates ont décidé de se révolter (eh oui), et menacent désormais les Etats-Unis d'Amérique. L'affaire est grave, d'autant plus que la police et l'armée ne savent plus quoi faire. En désespoir de cause, le gouvernement décide de faire appel à une unité spéciale chapeautée par un reporter bedonnant : Mason Dixon. Ce groupe d'élite est composé de quatre éléments, chacun d'entre eux étant expert dans un de ces domaines : déguisements, natation, plongée sous-marine et parachutisme. Bref, des talents essentiels pour faire face à ce genre de péril.
De Bello ne nous épargne rien. Tour à tour on a droit à une parodie des "Dents de la Mer" avec des tomates à la place des requins, flottant mollement à la surface de l'eau, prêtes à attaquer les nageurs imprudents. Egalement, la comédie musicale est à l'honneur, une scène d'anthologie au cours de laquelle un groupe de G.I. danse le French Cancan tout en chantant du gospel (histoire de remonter le moral des troupes, probablement). Le clou du spectacle reste une poursuite de voitures incroyable, où tour à tour les voitures des protagonistes sont victimes d'une défaillance mécanique, mais continuent de rouler à 10 kilomètres/heure. Les deux véhicules sont d'ailleurs rattrapés par le dénommé Willbur Finletter (l'expert en parachutisme), qui traîne son parachute derrière lui (peut-être est-ce une manière de prouver que même si c'est un ex-militaire, il a du mal à couper le cordon ombilical).
Pendant ce temps, les tomates géantes (des citrouilles peintes en rouge, pour les effets spéciaux) mettent le pays à feu et à sang, "allant jusqu'à violer nos femmes", précise un journaliste. "Bon Dieu, c'est la guerre", fulmine un officier désabusé (et nous, alors...), tandis que les militaires font des cartons sur des tomates en papier mâché de deux mètres de diamètre, et qui dévalent les rues sur des planches à roulettes (il a fallu rogner sur le budget SFX). Il faut se rendre à l'évidence, les tomates ont pris le dessus. Pour les Américains, c'est la fin des haricots...
"Attack of the Killer Tomatoes" est l'oeuvre de John De Bello. L'oeuvre de toute une vie, pourrait-on dire. C'est son enfant. Il en est à la fois le producteur, le réalisateur, et le compositeur de la musique (une B.O. que l'on ne peut pas oublier). Il a même commis trois séquelles, plus une série de dessins animés. Je vous conseille d'ailleurs de faire un tour sur le site officiel : http://www.killertomatoes.com/.
Dans un certain sens, malgré des défauts, des faiblesses évidentes, notamment un manque de rythme à certains moments, "Attack of the Killer Tomatoes" demeure un film mythique. C'est le nanar dans le sens premier du terme, un navet qui met des tomates en vedette. Mais, tout en se voulant une parodie des films de "drive-in" des années 1950-60, De Bello en profite quand même pour égratigner les institutions, se moquant aussi bien de l'armée que de la police, des politiciens, de la science, des gens en général et de lui-même en particulier. En fait, si j'ai dit précédemment que la poursuite de voitures était le moment fort du film, ce n'est pas vrai. Il y a bien d'autres passages marquants, notamment celui où l'expert en déguisements parvient à s'infiltrer chez l'ennemi, dans un costume de tomate (authentique ! ). Et puis, celui de la réunion au sommet se déroulant dans une pièce de cinq mètres carré, les officiels devant grimper sur la table pour gagner leur place. Il y a bien d'autres scènes dans ce style, mais pas sur la totalité du métrage, ce qui donne à l'arrivée un film de qualité inégale.
Notons que le héros du film parvient à trouver à un moment le point faible des tomates. Sans révéler de quoi il s'agit, je peux néanmoins vous dire que l'idée sera reprise plus tard par Tim Burton en personne, dans "Mars Attacks". Finalement, tout est bien qui finit bien. Mais, pendant ce temps là, dans un potager, les carottes attendent leur heure.
Note : 6/10
Flint
