House of VHS
Genre: Polar , Fantastique , Possession
Année: 2015
Pays d'origine: France
Réalisateur: Gautier Cazenave
Casting:
Florie Auclerc-Vialens, Isabel McCann, Delphine Lanniel, Ewen Blumenstein, Morgan Lamorté, Pétur Sigurðsson...
 

Six étudiants de nationalités différentes, plus ou moins amis, décident de passer une semaine de vacances dans la campagne française. L'endroit choisi est une maison d'apparence ordinaire, mais prétendument hantée. Le groupe, composé de trois filles et trois garçons, s'installe dans la demeure au confort sommaire, puisqu'il n'y a ni eau, ni électricité. Après un état des lieux, chacun se livre à ses activités favorites, à savoir la drague et la bière pour les garçons (excepté l'Australien, sérieux comme un pape), le sport et le ménage pour les filles.
L'Australien décide d'aller fouiner dans le grenier. Il tombe sur une malle contenant plusieurs dizaines de K7 VHS (enregistrées et non originales) ainsi qu'un magnétoscope. Il redescend le tout et persuade ses camarades de passer la soirée à regarder quelques uns de ces films, exclusivement des séries B sinon Z. Curieusement, bien que le courant n'ait pu être rétabli, la télévision et le magnétoscope fonctionnent.
Et c'est donc parti pour de longues nuits durant lesquelles le groupe enchaîne visionnages sur visionnages, ignorant que le magnétoscope renferme une entité maléfique qui pourrait bien causer leur perte...

 

 

La VHS a vécu ! Une bonne trentaine d'années... mais je ne vais pas vous refaire l'historique (le personnage joué par Ruy André (*) s'en charge à merveille durant le film), pratiquement chacun d'entre vous ayant connu "les trente glorieuses".
Cela dit, ce n'est pas parce que ce support a été définitivement supplanté par d'autres qu'il a été pour autant enterré, encore moins oublié. Et notamment par le 7ème Art, qui lui a consacré ces dernières années un inattendu retour au premier plan par le biais de petites productions horrifiques. C'est le cas de "V/H/S" (2012) qui a d'ailleurs engendré deux suites, et de "Death by VHS" (2013), venues d'Outre-Atlantique.
Mais en France aussi, la K7 vidéo bénéficie d'un lifting avec House of VHS, réalisé en cette année 2015 par Gautier Cazenave, un fan de cinéma fantastique qui s'est fait la main sur plusieurs courts métrages dès son plus jeune âge (dont un Sherlock Holmes vs Frankenstein qu'il essaye à présent d'adapter en long métrage).

 

 

House of VHS, au niveau de l'influence, lorgne ouvertement vers le classique "Evil Dead" de Sam Raimi, dans lequel un groupe d'amis partait déjà en vacances dans une maison abandonnée où ils allaient découvrir un objet maudit. Ici, la forêt est remplacée par la campagne, et le Livre des Morts par un VCR (Video Cassette Recording). La deuxième influence, de ce fait, est évidemment le "Ring" de Hideo Nakata (1998), où une mystérieuse vidéo provoquait la mort de plusieurs lycéens.


Alors, pour être objectif, le fait d'avoir des sources d'inspiration n'empêche évidemment pas d'apporter sa patte personnelle et de se montrer original dans le traitement de son œuvre. C'est le cas ici, Cazenave s'en sort plutôt bien malgré un budget dérisoire et des SFX réduits au strict minimum. C'est avant tout au système D que le metteur en scène fait appel, et si son film garde un côté "amateur", il ne manque pourtant pas de qualités. La principale est la manière dont opère le mal qui va affecter les protagonistes de l'histoire. Ceux-ci visionnent les K7 à grosses doses, comme s'ils étaient hypnotisés par les spectacles proposés (qu'ils n'avaient pas l'habitude de voir, forcément). A force d'enchaîner les K7, ils finissent par avoir des visions, mélanger rêve et réalité, jusqu'à reproduire les gestes (criminels) de personnages de fiction. Ils sont donc, en quelque sorte, possédés, contrôlés de façon insidieuse par le magnétoscope.

 

 

C'est en 2011 que Gautier Cazenave (qui travaillait dans une banque) fonde avec son camarade Jean-Noël Georgel la société Marteau Films Production, avec laquelle le duo sera en mesure (après bien des péripéties) de finaliser le projet House of VHS. A la vision du film, on ne doute pas un seul instant que le réalisateur soit un fan de cinéma populaire. Parmi les dizaines d'extraits de films présents dans son premier long métrage, on reconnaîtra par exemple Carnival of Souls, "L'invasion des femmes abeilles" ou encore Vierges pour le bourreau.


S'étant heurté à bien des écueils pour trouver des financements, et constatant avec regret qu'en France il était difficile de recueillir des fonds dès lors qu'il était question de réaliser un film d'horreur, Cazenave a donc choisi la voie anglo-saxonne et par conséquent fait jouer ses acteurs en anglais (on a du coup un film français en version anglaise sous-titrée en français !).

 

 

Avec douze jours de tournage, six acteurs et une équipe technique équivalente aux doigts d'une seule main, le résultat est forcément cheap, mais pas inintéressant. Cazenave a pu compter notamment sur l'expérience du chef opérateur François Reumont ("Paris by Night of the Living Dead"). Enfin, pour le casting, il a réuni un sextet équilibré composé de trois hommes et trois femmes. Dans l'ensemble, ils s'en tirent tous avec les honneurs. Florie Auclerc-Vialens a su faire profiter de son expérience des séries TV et Isabel McCann a joué dans deux films français à succès ("Cloclo" et "Qu'est-ce qu'on a fait au Bon Dieu ?").


Pour l'anecdote, House of VHS a été commercialisé en dvd et en blu-ray, mais aussi édité... en VHS. Les nostalgiques de ce support peuvent ainsi se procurer la K7 dans quelques boutiques spécialisées (ce sont des exemplaires promo que l'on peut emprunter gratuitement chez Hors-circuits, Metaluna et Vidéosphère à Paris). Quant à l'avenir de Marteau Films Production, il passe évidemment par la vente du film à l'étranger, notamment aux Etats-Unis, ce qui est plutôt bien parti. Si tout se passe bien, Gautier Cazenave sera en mesure de finaliser deux autres projets : un Sherlock Holmes vs Frankenstein prometteur ainsi qu'un polar intitulé "Slate & Kelly". Et c'est tout le mal qu'on lui souhaite !

 

 

Flint

 

 

P.S. : Les captures ont été réalisées à partir de la VHS.

(*) Les noms de Ruy André et Ewen Blumenstein (concernant le même acteur) sont tous les deux des pseudonymes.

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