Arrriva Dorellik
Genre: Comédie
Année: 1967
Pays d'origine: Italie
Réalisateur: Steno
Casting:
Johnny Dorelli, Margaret Lee, Terry-Thomas, Alfred Adam, Riccardo Garrone...
Aka: Dorellik / How to Kill 400 Duponts
 

La police française est sur les dents. Le super-criminel Dorellik sévit actuellement sur la Côte d'Azur, et la brigade dirigée par le sergent Saval, à Nice, est contrainte de demander de l'aide à Scotland Yard. Les Britanniques envoient donc leur meilleur spécialiste dans le domaine pour prêter main forte à leurs collègues d'Outre-Manche, un cadeau empoisonné en la personne du commissaire Green.
Malgré ses multiples talents, Dorellik attend toujours le "gros coup" qui lui permettra de prendre (peut-être) une retraite dorée en compagnie de la douce et tendre Baby Eva, qui rêve de mariage. Mais les finances sont au plus bas. Aussi, lorsqu'un certain Raphaël Dupont l'engage pour éliminer toutes les personnes portant le même patronyme que lui (soit, un peu plus de quatre-cents!), en vue de toucher seul l'héritage du milliardaire Jacques Dupont, fraîchement décédé, Dorellik n'hésite pas une seconde : il accepte !

 

 

Alors, entendons-nous bien, Arrriva Dorellik n'est pas une parodie du film de Mario Bava Danger : Diabolik, ce dernier ayant été réalisé après la comédie de Steno. C'est donc une parodie qui s'inspire de la bande dessinée créée par les sœurs Giussani en 1962. Prévu au départ pour être le personnage d'un show télévisé interprété par Johnny Dorelli (avant que le projet ne soit finalement avorté), Dorellik devient donc le héros d'un long métrage avec Stefano Vanzina derrière la caméra. Scénariste et réalisateur durant une période allant de 1950 à 1988, Steno est surtout réputé pour ses nombreuses comédies, d'abord avec l'acteur Totò, puis bien plus tard avec Bud Spencer, en passant par quelques sexy-comédies et "Les temps sont durs pour les vampires". Toutefois, le metteur en scène s'est également illustré dans quelques oeuvres plus "sombres", parmi lesquelles on peut citer l'excellent polar "Société anonyme anti-crime" ainsi que "Enquête à l'italienne".

Le casting de Arrriva Dorellik est particulièrement hétéroclite, autant par la nationalité des principaux acteurs que leur cursus. Johnny Dorelli (Giorgio Guidi à l'état civil) est un artiste aux multiples facettes, qui fut à la fois acteur, chanteur et animateur de shows télé. Il débuta par la chanson, interprétant notamment un duo avec Dalida en 1966.
Il s'est marié trois fois, chaque fois avec des comédiennes (Catherine Spaak, Lauretta Masiero et Gloria Guida). S'il a surtout œuvré dans la comédie (comme Steno), Dorelli eut l'occasion d'étoffer son registre d'acteur dans des films plus sérieux dans lesquels il occupait aussi le rôle principal, notamment "Criminalia" de Luigi Zampa (avec Sydne Rome) et "Les derniers monstres" de Dino Risi (avec Laura Antonelli et Gloria Guida).

 

 

Le rôle de la femme fatale est ici dévolu à l'actrice britannique Margaret Lee (de son vrai nom Margaret Gwendolyn Box), que l'on a pu admirer dans moult péplums et films d'espionnage ("Le carnaval des barbouzes", "Coplan sauve sa peau"), et un peu plus tard dans des gialli (Liz et Helen, Les insatisfaites poupées du docteur Hitchcock). Sa beauté attira l'attention du producteur Harry Allan Towers, grâce à qui elle tournera dans bon nombre de ses productions ("Circus of Fear", Venus in Furs, Le trône de feu...). Notons enfin qu'elle forma un couple régulier avec Klaus Kinski au cinéma, puisqu'on les vit ensemble dans une douzaine de longs métrages.

Terry-Thomas (ou plus exactement Thomas Terry Hoar Stevens, 1911-1990) est aussi citoyen britannique. En France, il reste célèbre pour sa prestation inoubliable dans "La grande vadrouille". Hasard ou non, Terry-Thomas jouera aussi dans le Danger : Diabolik de Mario Bava. Ensuite, on le verra dans plusieurs productions horrifiques dont les deux Dr Phibes de Robert Fuest et Le caveau de la terreur de Roy Ward Baker.
Enfin, Alfred Adam (Alfred Roger Adam, 1908-1982) est peut-être l'acteur le plus inattendu dans cette comédie. Ancien élève de Louis Jouvet, il alterne les rôles au cinéma et au théâtre. Tout au long d'une carrière longue de cinq décennies, Alfred Adam se sera plutôt fait un nom dans la dramaturgie, même s'il ne boudera pas la comédie de temps à autres, comme c'est ici le cas.

 

 

Arrriva Dorellik (avec trois "r", parce que le moins que l'on puisse dire, c'est que Dorellik ne manque pas d'air) est une comédie qui pousse la farce très loin, au point de parvenir à rendre sympathique un personnage qui élabore les scénarios les plus saugrenus pour occire plus de quatre-cents personnes ayant la malchance de s'appeler Dupont. A la fois antihéros et super-criminel, ringard et pourtant ingénieux, Dorellik est finalement un personnage plus complexe qu'on pourrait croire.
Le plus intéressant dans le film reste la manière dont Dorellik s'y prend afin de remplir son contrat et éliminer tous les Dupont de France et de Navarre. Dorellik a le cerveau qui bouillonne en permanence, c'est un roi du déguisement et un transformiste de premier ordre. Pas étonnant, le transformisme est un art réputé en Italie, hérité de Leopoldo Fregoli et réhabilité par Arturo Brachetti.

 

 

De l'Italie, Dorellik a également hérité de la commedia dell'arte. A la fois naïf, rusé et ingénieux, notre héros masqué possède tous les ingrédients du théâtre populaire qui en fit son succès. Alors, certes, tout le monde ne sera pas réceptif aux grimaces intempestives de Johnny Dorelli tout au long du film (dans ce domaine, Terry-Thomas n'est pas avare non plus, rivalisant de plus belle avec son ennemi juré), pas plus qu'à ses rires grossiers et sa tendance à cabotiner à outrance. Dorellik ne recule devant rien : poseur, s'adressant au spectateur, il s'avère être également un grand séducteur dont les femmes raffolent.
Pour peu que l'on soit réceptif à ce genre d'humour, Arrriva Dorellik est une comédie réussie dans son ensemble, avec un scénario foisonnant d'inventivité, notamment lorsqu'il est question de stratagèmes délirants pour échapper à la police et éliminer les Dupont. La scène où Dorelli se fait passer pour une statue africaine est remarquable, il faut l'avouer. Quant au passage où nos deux inspecteurs de police sont déguisés en religieuses et infiltrés dans un couvent, il rappelle une scène similaire issue de L'espion qui venait du surgelé, de Mario Bava, tourné l'année précédente.

 

 

Enfin, la musique de Franco Pisano (Superargo contre Diabolikus, "Lâche-moi les jarretelles"), alternant musique yé-yé typique des années '60 (tendance Adriano Celentano) et partitions instrumentales rappelant les films muets (avec notamment le piano bastringue), s'accorde plutôt harmonieusement avec la dynamique du film.
En résumé, vous l'aurez compris, Arrriva Dorellik n'hésite pas à forcer le trait au niveau des gags. On pourra en être agacé, irrité, ou au contraire amusé, sinon séduit. Reste que Steno assure le job derrière sa caméra, comme on dit, et propose un agréable divertissement, malgré son absence totale de morale.

 

Flint



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