Espion qui venait du surgelé, L'
Titre original: Le spie vengono dal semifreddo
Genre: Comédie
Année: 1966
Pays d'origine: Italie / Etats-Unis
Réalisateur: Mario Bava
Casting:
Vincent Price, Franco Franchi, Ciccio Ingrassia, Francesco Mulé, Fabian, Laura Antonelli...
Aka: Dr Goldfoot and the Sex Bombs / Il clan dei due mafiosi / Dr Goldfoot and the Girl Bombs
 

Alors qu'on le croyait mort, le Dr Goldfoot prépare en secret une alliance avec les Chinois pour gouverner le monde. Dans son laboratoire situé sous sa villa, il crée des femmes-robots chargées de séduire un certain nombre de généraux de l'OTAN. Les robots explosent dès que leur victime les embrassent.
La disparition de hauts gradés dans des circonstances similaires inquiètent les services secrets qui confient à leur agent Bill Dexter le soin de mener l'enquête.
Pendant ce temps, Goldfoot s'apprête à éliminer un autre général avec lequel il entretient une troublante ressemblance, afin de prendre sa place. Son but est de s'infiltrer à l'OTAN et d'intensifier le conflit entre les Etats-Unis et l'U.R.S.S. en pleine guerre froide. En éliminant les deux superpuissances, Goldfoot aura le champ libre pour être le maître de la planète. Mais c'est sans compter sur la ténacité de Bill Dexter, flanqué de deux portiers d'un hôtel de luxe apprentis espions, qui vont mettre à mal les projets du savant mégalomane.

 

 

Un an après Dr Goldfoot and the Bikini Machine, réalisé par Norman Taurog, les producteurs James H. Nicholson et Samuel Z. Arkoff (co-fondateurs d'American International Pictures) envisagent de tourner une séquelle à ce film qui, s'il n'a que moyennement marché aux U.S.A., a été un gros succès en Italie. D'où l'idée de confier la suite des aventures du Dr Goldfoot à un réalisateur italien. Ce rôle est confié à Mario Bava, dont certains de ses films avaient été rachetés par l'A.I.P. pour être exploités aux Etats-Unis.
Dr Goldfoot and the Girl Bombs va donc être filmé en Italie, avec Vincent Price en tant que vedette américaine, et Franco & Ciccio alors très populaires dans leur pays. Un choc de cultures, si l'on peut dire, qui ne va pas manquer de créer nombre de problèmes durant le tournage, les caractères de chacun étant très opposés. Il en résultera que la version exploitée aux U.S.A. présentera de grandes différences avec le montage original italien, qui avait supprimé plusieurs scènes de Vincent Price afin de le reléguer à un second rôle, au bénéfice de Franco Franchi et Ciccio Ingrassia.

 

 

Il va sans dire que l'acteur légendaire américain et les deux humoristes italiens n'ont absolument rien en commun, si ce n'est qu'ils font du cinéma. A l'écran, la différence de style est flagrante, avec un Price cabotinant autant, sinon plus, que dans le premier volet, mais toujours avec une certaine retenue et beaucoup de classe ; et de l'autre un tandem incontrôlable, héritier du burlesque, dans lequel Ciccio joue toutefois la carte de la sobriété mais où Franco met les bouchées doubles, accumulant grimaces et pitreries pour un résultat oscillant constamment entre l'excellence et le pitoyable.
Au final, L'espion qui venait du surgelé est un film bancal, une suite de sketchs inégaux reliés par le mince fil rouge servant d'intrigue et dans lequel personne ne sort vainqueur, pas plus les acteurs que le metteur en scène, à tel point que l'on peut qualifier ce film comme l'un des pires de son auteur. Pour couronner le tout, Mario Bava s'offre un caméo dans la scène la plus inutile et la moins drôle du film, celle de la poursuite au Luna Park, où il s'essaye également à l'humour slapstick, mais de manière désastreuse.

 

 

Cela étant, Dr Goldfoot and the Girl Bombs n'est pas un ratage total. Mais dans la mesure où l'oeuvre se présente comme une suite de scénettes, l'ensemble manque d'homogénéité, forcément. Le comique de situation passe d'une extrême à l'autre selon si c'est Vincent Price qui est concerné ou Franco & Ciccio, et l'on sent que l'acteur américain n'est pas du tout complice avec le duo italien, et inversement. Concernant les seconds rôles, La belle Laura Antonelli est encore une débutante mais déploie déjà tout son charme, alors que le chanteur Fabian (Fabiano Anthony Forte) poursuit en parallèle une carrière d'acteur. Vu l'année précédente dans "Les dix petits indiens" de George Pollock, on le remarquera par la suite dans "The Devil's 8" et "Kiss Daddy Goodbye". A noter que Moa Tahi et George Wang, qui interprètent les fidèles lieutenants de Goldfoot, ont joué tous deux dans divers longs métrages d'Antonio Margheriti, dont Wild, Wild Planet pour la première et "Hercule contre Karaté" pour le second. Moa Tahi figurait également parmi les modèles de Vierges pour le bourreau de Massimo Pupillo, c'était elle qui mourait empoisonnée dans la toile d'araignée géante.

 

 

Comme chacun l'aura remarqué, le titre français de ce second opus est un clin d'oeil à "L'Espion qui venait du froid", roman de John le Carré publié en 1963 et adapté au cinéma en 1965. Goldfoot a une assistante nommée Hardjob, allusion évidente à Oddjob dans "Godlfinger". Lorsque les héros se retrouvent dans une montgolfière, à la poursuite de Goldfoot, ils voient un pigeon se poser sur la nacelle tandis qu'un orage éclate. La foudre s'abat alors sur le malheureux volatile, tout cela pour faire dire à Franco que c'est la mort d'un pigeon voyageur.
Cette réplique, allusion tirée par les cheveux à "Mort d'un commis voyageur" d'Arthur Miller, a été supprimée dans le montage américain mais pas le passage du pigeon, ce qui rend la scène encore plus absconse.
Enfin, lorsqu'à la fin du film, Franco & Ciccio se retrouvent largués au-dessus de la Sibérie sur une bombe atomique qu'ils essayaient de désamorcer, on pense bien sûr au final du "Docteur Folamour" de Stanley Kubrick, sorti en 1964.

Avec ses jeux de mots, mais surtout ses gags visuels, L'espion qui venait du surgelé rappelle (essentiellement dans son montage italien) les films muets avec gags appuyés et scènes en accéléré, Franco Franchi offrant une palette complète de grimaces et singeries en tous genres. Mais malgré le talent indéniable de Mario Bava derrière la caméra, la sauce a du mal à prendre et le résultat s'avère être loin des espérances du spectateur. Parfois, les gags font mouche, mais souvent ils tombent à plat. Dans l'ensemble, on peut regretter que L'espion qui venait du surgelé ait raté son objectif, celui d'une bonne comédie, là où Dr Golfoot and the Bikini Machine avait réussi.

 

 

Flint


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