Bébé vampire
Titre original: Grave of the Vampire
Genre: Horreur , Vampirisme , Fantastique
Année: 1972
Pays d'origine: États-Unis
Réalisateur: John Hayes
Casting:
Michael Pataki, William Smith, Lyn Peters, Diane Holden, Kitty Vallacher, Lieux Dressler...
Aka: Les enfants de Frankenstein / La tumba del vampiro / Seed of Terror
 

James Eastman n'est pas un homme ordinaire. Il est le fruit de l'union entre une humaine et un vampire. Engendré à la suite d'un viol, James apprit la manière dont il fut conçu par sa mère, Leslie, une nuit dans un cimetière, et comment elle dut le nourrir avec son propre sang pour qu'il puisse vivre. Leslie, malgré une raison vacillante, trouva la force d'élever son fils avant de mourir. Devenu adulte, James n'a qu'une idée en tête : retrouver son géniteur et le détruire. C'est en suivant des cours du soir que l'occasion va se présenter. Des cours de sciences occultes, pour lesquels il fait la connaissance de deux jeunes femmes, Anita Jacoby et Anne Arthur, mais aussi du professeur Lockwood... son père.

 

 

Curieux film que ce Grave of the Vampire réalisé en 1972 par John Hayes. C'est en effet une oeuvre assez déroutante, et pour plusieurs raisons. D'abord, on a manifestement affaire à un film d'exploitation, tourné à la va-vite avec un budget dérisoire (50 000 dollars pour onze jours de tournage), et pourtant son côté "sérieux", ajouté au jeu appliqué des acteurs, le confinerait presque au film d'art et d'essai. Ensuite, on se retrouve avec une thématique du vampire sortant du classicisme. L'histoire s'articule autour d'un rape and revenge par procuration, avec un vampire dont les origines remontent au XVIIème siècle à Salem, un lieu qui évoque généralement la sorcellerie et non le vampirisme. Enfin, le découpage du scénario a également de quoi surprendre, avec son très long flashback de trente-trois minutes sur les quatre-vingt-six que compte le film ! Un flashback dont la situation reste d'ailleurs assez nébuleuse, puisque l'on ne sait pas très bien si l'action se déroule à la fin des années 1930, durant les années '40 ou au début des années '50. Quant au personnage de James Eastman, devenu adulte dans la seconde partie, on suppose qu'il a entre vingt et vingt-cinq ans, mais là aussi le spectateur peut être perturbé dans la mesure où l'acteur qui l'incarne, William Smith, avait pas loin de quarante ans au moment du tournage.

 

 

Parlons-en, d'ailleurs, de William Smith. Un acteur que tout le monde a vu au moins une fois dans sa vie, que ce soit le fan pur et dur de cinéma bis dans un bikesploitation ou la ménagère de moins de cinquante ans dans la série "Le riche et le pauvre". Il a touché à tous les genres ou presque, du western au film d'action, en passant par la science-fiction et la blacksploitation. Sa première apparition au cinéma remonte à 1943 (il avait dix ans !) dans "Le spectre de Frankenstein" d'Erle C. Kenton. Et l'année dernière il tournait encore dans une production hongroise, démontrant ainsi une longévité exceptionnelle. Parmi ses rôles marquants, citons des films comme "La cavale infernale", "Les machines du diable", "Chrome and Hot Leather", "Invasion of the Bee-Girls", "Cette femme est un flic" (Policewomen), Black Samson, "Boss Nigger" et bien évidemment New York ne répond plus, "Ça va cogner" et "Maniac Cop".

 

 

En dehors du fait que Smith fasse plus vieux que son âge dans ce Bébé vampire, il n'en demeure pas moins crédible et vole facilement la vedette à Michael Pataki, malgré un final démentiel dans lequel les deux hommes se bastonnent avec un tel réalisme qu'on a l'impression qu'ils ne font pas semblant. Il faut dire qu'en matière de bagarre homérique, Smith est un habitué et sa prestation la plus folle est probablement celle qu'il avait offerte deux ans plus tôt, teint en blond péroxydé, dans La loi du talion (Darker than Amber, de Robert Clouse). Quant à Pataki, il eut également une longue carrière et on l'a notamment vu dans "The Return of Count Yorga", "The Bat People", "Zoltan, le chien sanglant de Dracula", "Graduation Day" et "Réincarnations" (Dead & Buried). Il a aussi réalisé deux longs métrages, une adaptation érotique de Cendrillon avec Cheryl Rainbeaux Smith ("Cinderella") et une relecture intéressante du film "Les yeux sans visage" : Mansion of the Doomed.

 

 

Si Grave of the Vampire a tout d'un film surprenant, c'est aussi parce que John Hayes (1930-2000) a été un réalisateur atypique. Il a tourné environ vingt-cinq longs-métrages entre 1961 et 1983, dont une demi-douzaine seulement fut exploitée en France, parmi lesquels "Le jardin des morts" et "Destruction planète Terre". Certains de ses films, comme par exemple The Cut-Throats, "Sweet Trash", "The Hang Up" ainsi que ses pornos "Baby Rosemary" et "Hot Lunch", ont récemment connu une seconde vie en dvd grâce à l'éditeur américain Vinegar Syndrome. Hayes était ce que l'on appelle un polyvalent, tour à tour metteur en scène, scénariste, producteur et acteur à l'occasion. La même année, il était capable de tourner un hardcore et jouer dans un Walt Disney. Toute sa carrière sera parsemée de séries B et de films d'exploitation aux genres divers et variés, du drame au film de guerre, en passant par la comédie, le film d'horreur, la science-fiction et donc le porno. Quand on lit les avis de personnes ayant vu ses films, on remarque souvent ce constat que les oeuvres de Hayes sont bourrées de défauts mais néanmoins originales et non dénuées d'intérêt. C'est le cas de Bébé vampire.

 

 

Et pour en revenir à ce film, on a évoqué les premiers rôles masculins mais pas le casting féminin. Celui-ci comprend, respectivement dans les rôles d'Anita et Anne, Diane Holden et Lyn Peters. La première n'eut qu'une carrière éphémère tandis que la seconde se montra essentiellement à la TV, notamment dans le téléfilm "Fear no Evil" de Paul Wendkos. A noter aussi les présences de Lieux Dressler (L'horrible invasion) et Kitty Vallacher (Deathmaster). Cette dernière incarne Leslie, celle qui sera violée par le vampire Caleb Croft. Bien qu'elle n'apparaisse que dans le flashback, son rôle est important et la scène dans laquelle elle se mutile avec un couteau afin de nourrir son bébé, en chantonnant une comptine les yeux dans le vague, est particulièrement marquante. D'autant que la musique, quasi-expérimentale, est flippante à souhait. Elle a été composée par Jaime Mendoza-Nava. Ce Bolivien a travaillé sur des films comme "Orgy of the Dead", Equinox, The Brotherhood of Satan, The Town that Dreaded Sundown, Le samouraï noir, Mausoleum et bien d'autres films d'exploitation encore.

 

 

La musique de Mendoza-Nava, ajoutée au style très personnel de John Hayes, apporte cette atmosphère étrange qui règne dans le film tout du long, depuis le début dans le cimetière envahi par le brouillard voyant la résurrection de Croft et son "retour aux affaires", jusqu'au combat final titanesque opposant père et fils. Du coup, malgré un manque réel de moyens visible à l'écran (les scènes se déroulant à l'hôpital et au commissariat), ce Bébé vampire constitue une bonne série B horrifique.

Flint



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