Laissez faire vos fesses
Titre original: Kasimir der Kuckuckskleber
Genre: Porno , Comédie
Année: 1977
Pays d'origine: Allemagne
Réalisateur: Hans Billian
Casting:
Sepp Gneissl, Patricia Rhomberg, Jane Iwanoff, Ginny Noack, Peter Kristufek, Sylvia Brand, Anita Andic...
Aka: Casimiro el erotico alguacil / Marito tuttofare / Casimir le coucou/ Les Galipettes amoureuses d'un huissier de justice
 

Hans Billian (1918-2007) reste aujourd'hui connu des amateurs de cinéma teuton pour ses films érotiques et pornographiques, dans lesquels l'humour tenait régulièrement une place de choix. Pour quelqu'un qui rêvait de faire carrière comme chanteur d'opéra, cela peut paraître surprenant, mais ses années passées au service de la nation eurent raison de ses cordes vocales. Privé (en partie) de son organe , il dut se résoudre à en chercher d'autres pour chercher fortune, situés dans des gorges un peu plus profondes.

C'est après la Seconde Guerre mondiale que le monde du cinéma lui ouvrit ses portes. Des débuts modestes, où il oeuvra essentiellement en tant qu'assistant de la production, notamment pour la Constantin-Film. La fin des années 1960 marque ses débuts dans le circuit érotique. Il tourne une série de sexy-comédies aux titres ne laissant aucun doute quant à leur contenu, tels que "Couche-toi, je fais le reste" ou "Neuf à la file".

 

 

Le début des seventies coïncide avec ses débuts dans le hardcore. Il tourne d'abord des loops (courts-métrages X) puis des longs métrages avec (entre autres) l'actrice Patricia Rhomberg (née en Autriche en 1953), qui travaillait comme assistante médicale. Le couple va entamer une liaison qui tournera court en 1978, l'actrice mettant fin à sa carrière et reprenant son ancienne activité, pour le plus grand bonheur des patients dans les salles d'attente. En l'espace d'une quinzaine de films seulement (dont pas mal de loops), Patricia Rhomberg sera devenue une vedette incontestée du cinéma porno germanique, grâce au premier volet des Josefine Mutzenbacher (Insatiable Joséphine) et donc, ce Laissez faire vos fesses.

Le titre original, Kasimir der Kuckuckskleber, est difficilement traduisible puisque littéralement cela donnerait : Kasimir, l'adhésif à coucous. Kasimir est le prénom de notre héros (au patronyme de Zwickelhuber), huissier de justice chargé de recouvrir les dettes contractées par certaines personnes. Comme il se trouve qu'il s'agit pour la plupart de jeunes et jolies femmes, Kasimir a trouvé un moyen infaillible pour obtenir un remboursement de la part de ses débitrices. En tant qu'exécuteur et bras de la justice (comme il aime à le souligner), il se rend chez ses "clientes", quitte à faire des heures supplémentaires, et leur propose l'arrangement suivant : elles pourront payer leurs dettes en nature, et lui se chargera de les mettre en contact avec des hommes fortunés, après avoir préalablement essayé la marchandise, de façon à pouvoir "mieux vendre le produit" aux futurs intéressés (non, le film n'est pas sexiste). Comme le mode de saisie est le corps de l'obligée, Kasimir appose un adhésif sur le postérieur de la dame, faisant office de sceau. "Je saisis votre cul", annonce solennellement l'huissier, et sur ce il met un cachet sur le fessier généralement avenant de la jeune femme, qui devient temporairement propriété de l'état jusqu'à la date où aura lieu une vente aux enchères particulière dans un lieu tenu secret. Les culs saisis seront propriété de l'état (mais surtout de Kasimir) jusqu'à extinction totale de la dette.

 

 

D'où l'explication (plus ou moins vaseuse, certes) du titre du film : Kuckuckskleber, l'adhésif étant le sceau apposé sur le popotin de nos demoiselles, et les coucous (dont la définition est, je vous le rappelle, un oiseau grimpeur dont la femelle dépose ses oeufs dans le nid d'autres oiseaux) les dames proposant leurs charmes ailleurs que dans leur nid douillet pour se faire grimper.

Laissez faire vos fesses est divisé en trois parties : recrutement, entraînement et combat. Enfin, non, pas tout à fait,mais presque. Dans la première partie, Kasimir est amené à rencontrer quatre femmes n'ayant toujours pas acquitté leurs dettes. Nous avons, par ordre chronologique, Ursula, Larissa (Patricia Rhomberg), Rita (Jane Iwanoff, vue dans "Désirs inavouables de Joséphine", "La grande chevauchée" et le "Camp d'amour" de Christian Anders) et Sigrid (Ginny Noack : "Playgirls of Munich", "Das Sex-Abitur"). Que celles-ci soient réfractaires, réticentes ou consentantes, le résultat va être identique, le service trois-pièces de Kasimir faisant des ravages chez ces dames (même Sigrid, qui vit pourtant en concubinage avec sa copine Heidi), et son éloquence achevant de les convaincre.

 

 

Dans la deuxième partie, nous suivons notre quatuor féminin conduit par Kasimir dans une maison de campagne, cadre choisi pour le remboursement des dettes via une vente aux enchère pour laquelle participent une dizaine de mâles déchaînés, prêts à sacrifier les cordons de la bourse pour la bonne cause. Le salon se transforme alors en lieu de partouze, jusqu'au moment où débarque le mari d'Ursula. Fou furieux, il ramène sa femme à la maison et porte plainte contre Kasimir, instigateur des faits.

Et, par conséquent, la troisième partie voit tout ce beau monde convié au tribunal, l'affaire ayant été confiée au juge Isolde von Hein… une femme. D'apparence austère, la juge ne comprend pas comment un homme au physique aussi quelconque ait été en mesure de combler toutes ces femmes. Outré, Kasimir veut alors apporter la preuve de son talent, ce que va lui accorder la magistrate. Dès lors, personnel du tribunal, accusés et témoins vont se trouver mêlés à une gigantesque orgie au sein même du tribunal, au grand désarroi du plaignant... et pour le bonheur de l'assistance.

 

 

La comédie est l'atout majeur de ce porno, omniprésente du début à la fin dans une trame complètement loufoque. La réussite de cette pochade doit beaucoup à son interprète principal, Sepp Gneissl. Doté d'un physique commun (comme pas mal de ses compatriotes hardeurs de cette époque, dont Siggi Buchner), à mille lieues des standards d'aujourd'hui dans le monde du X, Gneissl (1935-2014) s'est imposé dans le milieu non seulement pour ses prouesses physiques mais également grâce à son talent pour la comédie. Difficile de concilier les deux, et pourtant Sepp Gneissl était non seulement capable d'honorer une partenaire devant les caméras quand il le fallait, mais il pouvait s'en acquitter tout en récitant son texte, enchaînant les tirades sans être déconcentré et en gardant sa raideur en toute circonstance.

Kasimir der Kuckuckskleber connut les faveurs d'une sortie française au cinéma à la fin de l'année 1981. Au format dvd, il sortit chez l'éditeur allemand Herzog Video en 2005, avec la version française incluse. En 2011, Laissez faire vos fesses passa sur la chaîne FilmoTV et pour l'occasion le film fut présenté par Christophe Bier. Une reconnaissance méritée pour un film qui réussit à faire concilier sexe et humour en permanence. Un tour de force montrant à quel point Hans Billian était doué en la matière. On peut d'ailleurs le considérer comme l'un des meilleurs artisans du cinéma érotique germanique des années 1970/80, au même titre que ses confrères Gunter Otto, Ernst Hofbauer, Walter Boos et Erwin C. Dietrich. Aujourd'hui, le porno ferait plutôt pleurer, mais ceci est une autre histoire.

 

 

 

Flint

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