Fille du diable, La
Titre original: The Devil's Daughter
Genre: Horreur , Satanisme
Année: 1973
Pays d'origine: États-Unis
Réalisateur: Jeannot Szwarc
Casting:
Belinda Montgomery, Shelley Winters, Robert Foxworth, Jonathan Frid, Joseph Cotten, Barbara Sammeth...
 

Diane Shaw (Belinda Montgomery), une jeune femme d'une vingtaine d'années, revient dans l'endroit où elle a grandi pour les funérailles de sa mère. Elle est chaleureusement accueillie par Lilith Malone (la grosse Shelley Winters) qui l'héberge. Las, l'atmosphère qui règne en ces lieux se fait vite inquiétante. Diane découvre que sa mère, Alice (Diane Ladd), avait jadis vendu son âme au Diable au moment de sa naissance...

 

 

Pas de bol pour Diane, nous sommes en 1973, joyeuse période où les plus beaux tags étaient soit des sigles Peace & Love, soit de jolis pentacles dessinés au charbon. Après qu'un certain Roman Polanski et sa Rosemary soient passés par là, les confréries et sectes dédiées au Malin ont remplacé les colonies de vacances et les centres aérés. Dans The Devil's Daughter, la pauvre Diane, même si elle ne le sait pas encore à son arrivée, est désignée par Satan pour se marier avec un démon. Si si ! Du coup, autour d'elle, c'est opération séduction et tout le bazar ! Tout le monde est charmant avec elle, à l'exception peut-être de Howard, le majordome (excellent Jonathan Frid), encore que celui-ci ne paraît pas animé de mauvaises intentions et semble même vouloir la prévenir, outre d'une certaine conduite à tenir, de certaines manigances orchestrées à son insu. À partir de là, inutile de préciser que Diane va évoluer dans un monde où manipulations et paranoïa iront bon train.

 

 

Satan s'incruste donc un peu partout depuis 1968. Du reste, le film tourné par Polanski et qui est devenu un classique a toujours résonné de manière réelle via l'implication de Charles Manson, d'Anton Lavey (conseiller occulte sur "Rosemary's Baby") ou bien encore de Susan Atkins (que certains sont sûrs d'avoir aperçue comme figurante faisant les frais d'un sacrifice dans Le Bal des Vampires). Au cinéma, Satan, outre de posséder un fils, fait alors de nombreuses émules de par le monde et de par les genres (Tutti i colori del buio, La corta notte delle bambole di vetro, The Mephisto Waltz, The Witchmaker, The Brotherhood of Satan, puis, après 1973, La Pluie du diable, Evil Baby...). Quoi qu'il en soit, tout comme "Rosemary's Baby", The Devil's Daughter met en scène une jeune femme manipulée par une confrérie occulte de la haute société à des fins rituelles, et si l'héroïne ne revêtait pas une apparence tout ce qu'il y a de plus normale, on pourrait la prendre pour la fameuse fille de Rosemary. La suite du film de Polanski sera d'ailleurs générée trois années plus tard, en 1976, avec "Qu'est-il arrivé au bébé de Rosemary ?" destiné pour la seule télévision et dans lequel seule Ruth Gordon remettra le couvert sous la houlette d'un certain Sam O'Steen (film editor/monteur affilié à Polanski sur le film original).

 

 

À propos de Ruth Gordon, et sans vouloir faire de mauvais jeu de mots, c'est peu dire que la composition de Shelley Winters annonce outrageusement le cabotinage égotique auquel elle se livrera sans vergogne une décennie plus tard. Impossible, en plus, de la voir tenter de "vampiriser" l'écran, de ne pas penser à la composition de Ruth Gordon, bien plus malicieuse et bien moins pachydermique quant à elle.
Cependant, si The Devil's Daughter a ses faiblesses, il a aussi quelques qualités à faire valoir. Du reste, Jeannot Szwarc est loin d'être un mauvais faiseur et s'il semble s'enliser dans les signes cabalistiques un peu gros (effroyable tableau ancestral, cigares à l'effigie de la confrérie, bague qui fait s'emballer les chevaux, serviteur inquiétant, voisines au comportement singulier, multiples visions plus ou moins prémonitoires...), il se reprend à mi-parcours pour s'écarter quelque peu des chemins initiés par Ira Levin.
La mise en scène est elle aussi redevable à Polanski et l'emploi de la vue subjective pour une scène de réception renvoie autant à l'ainé démoniaque que celle du mariage, distillant une atmosphère très réussie mais restant un équivalent de la naissance du bébé de Rosemary.

 

 

Sans être ni génial, ni original, Jeannot Szwarc est un réalisateur solide, efficace. Après avoir tourné des épisodes pour des séries telles que "L'Homme de fer", Night Gallery, "Columbo", il réalise plusieurs téléfilms dont celui-ci avant de pouvoir convoiter le grand écran avec des bobines de bon aloi telles que "Extreme Close-Up" (1973) d'après Michael Crichton, "Les Insectes de feu" (1975), "Les Dents de la mer, 2e partie" (1978), "Enigma" (1981) ; d'autres aussi, moins ridicules qu'ils n'en ont l'air comme "Supergirl" (1984) ou "Santa Claus" (1986). Évidemment, son retour comme metteur en scène de commande se fera avec un film qui n'avait aucune chance d'être réussi, "Hercule & Sherlock", pour cause de présence diaboliquement nulle de Christopher Lambert mais, quoi qu'il en soit, il vaut mieux retenir que l'on doit au minimum à Jeannot Szwarc une sorte de petit chef-d’œuvre intemporel : "Somewhere in Time" (1980).

En tout cas, La Fille du diable n'arrive peut-être pas à la cheville du papa mais lui rend hommage avec un certain talent, et parfois même avec un brin de malice (la présence au scénario de Colin Higgins n'y est probablement pas étrangère). C'est l'occasion aussi, outre Belinda Montgomery, pur produit télévisuel sans trop de personnalité et oublié à ce jour, d'y croiser Diane Ladd dans un rôle habité que recyclera David Lynch plus tard dans son "Sailor et Lula, ainsi que Joseph Cotten dans sa période mi-Bis (Lady Frankenstein, "Baron vampire"...), mi-raisin ("L'Argent de la vieille", "Soleil vert"...), qui semble se balader tranquille-pépère en attendant son cachet (du Diable, Ha ha ha !).

 

 

Mallox

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