Un million de dollars par meurtre
Titre original: The Ransom / Assault on Paradise
Genre: Thriller , Action , Psycho-Killer , Vigilante
Année: 1977
Pays d'origine: États-Unis
Réalisateur: Richard Compton
Casting:
Oliver Reed, Deborah Raffin, Stuart Whitman, Jim Mitchum (James Mitchum), John Ireland, Paul Koslo, Arch Archambault, Julienne Wells (Julian Wells)...
Aka: Rançon (VHS Atlantic Home Video) / Le Dévastateur / Cinquante Millions de rançon ou la mort/ 50 Millions de dollars ou la mort / La ville en otage / Assaut sur la ville / Maniac !
 

Ugh, cher lecteur, toi qui y en a venir sur mon territoire, attiré par mes signaux de fumée. Je vais te raconter l'histoire de mes ancêtres de 1977 : Dans une petite ville des États-Unis, un indien habile tireur d'arbalète prévient les autorités qu'il tuera d'autres personnes si une forte rançon ne lui est pas versée. Un richissime promoteur se propose d'employer un mercenaire...

 

 

Produit en grande partie par la New World Pictures de Corman, Assault on Paradise ne commence pas si mal, c'est-à-dire de façon mystérieuse, par une série inexpliquée de meurtres : un préambule où un couple est abattu à bout portant dans sa voiture, un flic qui se prend une flèche en plein cœur grâce à un tir à l'arc bien ajusté, notre Indien qui ajuste une joueuse de tennis sur un court avant d'arriver à décaniller avec une fronde le vieux monsieur présent lui aussi, probablement un pervers pépère fortuné amateur de jeunettes et qui vient vers le corps de la jeune victime. Et puis les explications sont données, le peau-rouge se met à pérorer en voix-off qu'il est le vent venant balayer l'Amérique de sa crasse richesse acquise aux dépends des minorités et, à partir de là, au lieu de prendre son envol, telles des plumes d'aigle récompensant des morceaux de bravoure, le film abat une après l'autre ses cartes pour se figer dans un no man's land assez pitoyable.



Décidément, et c'est peu le dire, Richard Compton n'est pas un metteur en scène très inspiré. Il commet The Ransom, alias Assaut in Paradise, alias Maniac!, en 1977, juste avant un autre demi-méfait cinématographique post-apocalyptique, Ravagers, lequel bénéficiera d'un casting de choix comme principal appât (Richard Harris, Ernest Borgnine, Woody Strode (grand homme noir scalpé), Seymour Cassel... rien que ça) et comme objet de cruelle déception à l'arrivée. C'est peu dire que The Ransom annonçait la couleur deux ans avant.
Le problème n'est pas de se montrer dur (ou pas) avec The Town That Cried Terror (il semblerait que ce soit son premier titre), retitré ensuite Assault on Paradise, Maniac! à des fins de commerciales (et puis après tout, on a le droit de l'apprécier en dépit de ses défauts), non, la question qui demeure est comment en est-on arrivé là ?

 

 

Dans l'un des bonus du blu-ray de chez Code Red, sorti en juillet 2016, Paul Koslo revenait sur son énorme implication dans le film. Bien entendu, il s'agissait avant tout pour lui de tourner avec ce monstre d'Oliver Reed. C'est peu dire que cette implication ne se ressent pas des masses à l'écran, notre peau-rouge y faisant plutôt pâle figure. Certes, on ne lui en tient pas rigueur puisqu'il convient au réalisateur de capter cette implication, de la mettre en valeur, ce que Compton échoue hélas à faire. Miller Drake, à l'inverse peu impliqué mais fidèle collaborateur de Roger Corman, avait lui raconté les manques de Corman sur ce tournage, faisant filmer à Richard Compton des scènes qui se sont retrouvées par la suite uniquement dans des bandes-annonces, jamais dans le film. Un traitement par-dessus la jambe qui explique probablement l'intrigue elliptique d'un thriller pulpy qui laisse rêveur. D'ailleurs, que vient fiche ce clown tueur en début de bobine, qu'on ne revoit jamais, substitué par la suite par notre Amérindien ? (Selon Drake, il s'agirait d'un rajout voulu par Corman lors de la post-production, ce qui n'empêche qu'il n'a rien à branler dans ce cirque !). Quid de cette police directement visée et touchée ? Et d'ailleurs, pourquoi ? Ces agents tués sont-ils fortunés ou couvrent-ils de riches et vilains propriétaires terriens ? Quid de ces riches en danger qui engagent des mercenaires, de vrais professionnels surgis de nulle part et semble-t-il à peine bons à passer un coup de serpillère ? Tant de questions ou d'absurdités qui ne trouvent jamais de réponses et confinent au pur foutage de gueule.

 

 

Et puis quoi d'autre ? Un Oliver Reed peu convaincant et peu charismatique lui aussi, promenant une tronche à boire beaucoup d'eau de feu sous des lunettes aux verres teintés. Un Jim Mitchum qui l'assiste (fidèle au papa et à grand-pépé Droopy qui fumait beaucoup calumet) avec, en clou du spectacle, une poursuite à moto où nos deux gorilles finissent par les laisser rouler seules et de manière inoffensive vers notre serial killer peau-rouge. Une séquence à moto qui n'est d'ailleurs pas sans rappeler les cascades de Ray Castor, joué par l'autre fils Mitchum dans The Summertime Killer de Isasi-Isasmendi, série B d'action d'un tout autre calibre. Pour couronner le tout, la jolie squaw Deborah Raffin se voit affublée de scènes et de dialogues pour le moins peu "Raffinés" : Reed lui fiche le canon de son pistolet dans la bouche pour l'exciter puis coucher avec tandis que ses meilleures répliques, d'une féminité à toute épreuve, sont agrémentées d'ultra-bandants "motherfucker". What the fuck ?!
Finalement, seul Stuart Whitman (vu dans "Les Comancheros" mais lui défendre Apaches dans "Rio Conchos") qui, même en engageant the top of the top de la sécurité intergalactique, se retrouve malgré tout en danger, jusqu'à devoir se démerder seul, ne se tire pas trop mal de cette galère. Il en va de même pour ce vieux briscard de John Ireland qui, en poulet déterminé (mais sans beaucoup plumes sur le crâne), assure une présence vigoureuse, ou tout du moins décente.

 

 

Restent la partition enlevée signée Don Ellis ("French Connection", Police Puissance 7), quelques décors bien trouvés et bien captés (qualité déjà présente dans Ravagers), un final comme on les aime en général, c'est-à-dire amoral, en forme de pied de nez, et ça s'arrête là ! C'est tout de même bien peu. Soit, on comprend rapidement dans quel crottin de cayuse on a mis les pieds et, du coup, on tend parfois vers l'acceptation puis l'indulgence mais, d'une manière plus objective, Un million de dollars par meurtre est plutôt du genre thriller pulp un peu à chier et à donner envie de prendre le sentier de la guerre en criant "Geronimo !".
Bref, cher visage pâle, passe plutôt ton chemin et Namaste !

 

Mallox



En rapport avec le film :

# Niveau illustration de la spoliation du peuple Amérindien, le film a en outre le bon goût de situer un poster de Geronimo, maître à penser de notre psycho-chamane-killer, juste à côté des chiottes, et plus précisément tout près du rouleau de P.Q. :

 

 

# Selon l'excellent Sigtuna, il semblerait que Assault on Paradise soit une adaptation "cachée" de "Le denier du colt" (Want to stay alive ?, 1971) écrit par James Hadley Chase. Du reste Paradise city est une ville imaginée par le romancier anglais, référence en matière de "série noire".

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