Scalps (1987)
Genre: Euro-Western (hors spagh) , Western spaghetti
Année: 1987
Pays d'origine: Italie / Espagne
Réalisateur: Bruno Mattei
Casting:
Vassili Karis, Mapi Galán, Alberto Farnese, Charly Bravo, Beni Cardoso, Emilio Linder, José Canalejas, Lola Forner, Ignacio M. Carreño, Francisco Gomez...
Aka: Venganza India (Espagne) / Scalps - Sie kämpft wie ein Mann / Es geht um deinen Skalp Amigo! (titre vidéo - RFA) / Yarin, a Índia Vingadora (Portugal)
 

Juste après la guerre civile, un groupe de soldats sudistes (toujours en uniforme parce qu'ils refusent d'admettre leur défaite) visitent un village indien et essaient d'acheter la fille du chef de la tribu. Ils veulent l'offrir en cadeau à leur commandant, le colonel Connor, vil officier raciste. Le chef refuse la transaction. Du coup les Sudistes massacrent la tribu et enlèvent la jeune squaw. Celle-ci parvient peu après à s'échapper et se cache dans le ranch de Matt, un fermier.

 

 

Après avoir réalisé l'une de ses œuvres les plus célèbres avec Les Rats de Manhattan et avant de partir aux Philippines pour y tourner une série de films pour la Flora films ("Strike commando 1 & 2", "Robowar", "Zombi 3", "Double Target", ...), le réalisateur Bruno Mattei (à ne pas confondre avec le philosophe), dans un pur moment de delirium tremens cinématographique, décide de tourner deux westerns : "White Apache" (Bianco Apache) sous le pseudo de Vincent Dawn et Scalps (Venganza india) sous le pseudo de Werner Knox. Tourner deux westerns en 1987, alors que le genre est moribond, est franchement étonnant pour un réalisateur ayant plutôt tendance à suivre servilement les modes du moment. Plus surprenant encore, les producteurs n'hésitent pas et suivent !
Certes, il faut bien avouer que les deux films ne bénéficient pas d'un budget exorbitant et que, du coup, le risque s'en trouve acceptable pour les producteurs. Ces derniers comptent alors probablement sur la petite renommée fraîchement acquise par le réalisateur grâce à ses films précédents : Virus Cannibale et Les Rats de Manhattan.
En fait, certains considèrent même Scalps comme l'un des meilleurs films du réalisateur et, vu la filmographie du gars, on n'en est pas très loin ! C'est du reste une singularité qui apparaît au sein de cette filmographie avec l'absence - jusque-là - de western ! Mattei n'avait participé à la vague "péplum" et "western spaghetti" que comme technicien mais jamais comme réalisateur. Par ailleurs, sa première réalisation ("Armida, il dramma di una sposa") date de 1970, ce qui ne l'empêchera pas de se rattraper plus tard en matière de péplum avec "Les Sept gladiateurs", Caligula et Messaline ainsi que "Les Aventures sexuelles de Néron et Pompée". C'est ce qu'il fait également à cette époque dans le genre western avec les deux films susnommés.

 

 

Voilà donc notre bonhomme en Espagne, sur les lieux de tournage de la grande vague des westerns italo-espagnols des années 60 et 70, pour un projet vraiment étrange puisque pas moins de quatre scénaristes sont crédités pour le scénario, avec parmi eux le réalisateur et l'acteur Richard Harrison, qui a écrit l'histoire originale, en collaboration avec son fils Sebastian (apparu dans "Bianco Apache", sorti un an auparavant). Harrison devait à l'origine produire le film (et probablement y jouer le rôle principal), mais n'étant pas en mesure de le financer, il préféra vendre ses droits.
Comme à son habitude, Bruno Mattei récupère un peu tout ce qu'on peut trouver (costumes, matériel, accessoires, ...) et ne se préoccupe guère de réalisme : les uniformes sont ridicules et les Comanches ressemblent à des Apaches. Il convient de passer outre ce genre de détails ou, à défaut, de ne plus regarder de films (a fortiori ceux du sieur Mattei !). Et puis de toute façon, lorsque l'on visionne un film avec un titre pareil, ce n'est clairement pas pour les costumes ou la réalité historique mais pour le gros rouge qui tache ! Dans Scalps, si le jus de groseille ne dégouline pas sur nos mocassins, il y a quelques moments aussi pénibles que réjouissants comme un scalpage craignos et une scène de torture prolongée durant laquelle des crochets sont plantés dans la poitrine du héros qui est ensuite traîné par des chevaux...

 

 

Pour mener à bien le projet, Bruno Mattei réussit l'exploit de dégotter le vétéran anonyme Vassili Karis, un acteur qui a joué dans quelques westerns spaghetti (Le Retour de Sabata, "On m'appelle King", "Les 5 brigands de l'Ouest", "Les 5 de la vendetta", ...) mais dont le curriculum vitae ne s'arrête pas uniquement à ce seul genre. Il a débuté dans quelques péplums ("Spartacus et les 10 gladiateurs", "Hercule, Samson et Ulysse", "Ursus l'invincible", "La Bataille de Corinthe", "Les 10 gladiateurs") avant d'intégrer tous les genres à la mode : la science-fiction ("La Bataille des étoiles", "Anno zero - Guerra nello spazio"), l'horreur ("Un ange pour Satan"), l'érotisme - avec des titres aussi divers que variés - ("Hôtel du plaisir pour SS", "Les Mille et une nuits érotiques", La bestia nello spazio), le giallo (Giallo in Venezia, "Le porno killers"), le polar ("Black Cobra") ou même encore la Namploitation (Cols de cuir aka Mad War, "Last Platoon").
La jeune indienne est campée par la jolie Mapi Galan, incroyablement sexy ! Cette dernière se promène - la plupart du temps - vêtue d'une version indienne de la mini-jupe, gratifiant également le spectateur de quelques brèves scènes de nudité. Elle est assurément l'un des atouts majeurs du film et le réalisateur ne rate pas une occasion de la mettre en valeur. On ne va pas s'en plaindre...
Le reste du casting est composé d'une belle brochette de sales gueules avec, en tête, un Alberto Farnese (1926-1996) complètement abject. L'acteur, qui peut par ailleurs s'enorgueillir d'une belle filmographie, nous lourde à l'écran l'un de ces salopards dont le cinéma italien a le secret. Et on ne peut que constater que Farnese fait preuve d'une sacrée expérience !
Il faut dire qu'il a débuté sa carrière au début des années cinquante, dans des mélodrames italiens, notamment aux côtés de Vivianne Romance ou d'Yvonne Sanson, avant de sauter à pieds joints dans le genre qui nous concerne ici. À son actif, on peut citer "Maciste et les filles de la vallée", "Le Géant de Thessalie", "La Fureur des gladiateurs", "Nefertiti, reine du Nil", "Le Gladiateur de Rome", etc. ... il changera ensuite de registre selon les modes du moment, jouant dans des westerns ("Pas d'orchidées pour le shérif", "Ringo contre Johnny Colt", ...), des polars ("Big Guns", "Les Tueurs à gages", ..."des comédies ("Crema, cioccolata e pa...prika") et des films d'aventures ("L'Aventurier magnifique" aka La Revanche du chevalier noir").

 

 

En tout cas, pour Scalps, Bruno Mattei semble prendre un malin plaisir à filmer et ne perd pas ses vieilles habitudes puisqu'il pioche allégrement dans l'œuvre des autres, même si les filiations ne sautent pas forcément immédiatement aux yeux. Si "Soldat Bleu" demeure le plus évident de prime abord, on peut aussi avoir le sentiment de se trouver en présence d'une version féminine des "Collines de la terreur" (Chato's Land), western trop peu (re)connu de Michael Winner assaisonné de quelques emprunts aussi étonnants qu'extravagants : la belle Indienne utilise par exemple des flèches explosives - avec un bâton de dynamite au bout - comme dans "Rambo 2" !
S'il se montre toujours aussi caricatural au niveau de ses références, le réalisateur n'a pourtant que très rarement atteint un tel degré d'efficacité (les scènes d'actions tiennent la route tandis que les scènes gores sont saisissantes) et de maîtrise (le calvaire du héros parvient à prendre aux tripes le spectateur). Autre détail (rare chez Mattei), sa bobine n'utilise aucun "stock-shot". Du coup, l'un dans l'autre et en dépit de ses défauts (l'histoire d'amour frôle le ridicule), Scalps reste une belle réussite !

 

 

The Omega Man




NB : Ne pas confondre ce Scalps avec Scalps de Fred Olen Ray, un film d'horreur tourné en 1983.

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