Forest of the Damned
Genre: Esprits , Horreur , Survival
Année: 2005
Pays d'origine: Grande Bretagne
Réalisateur: Johannes Roberts
Casting:
Nicole Petty, Daniel MacLagan, Tom Savini, Sophie Holland, Richard Cambridge, Shaun Hutson, Steve Hart...
 

Quatrième film de Johannes Roberts et deuxième de la Gatlin Pictures, "Forest of the Damned" se présente sous les apparences d'un mélange entre classicisme et originalité. Classicisme dans le sens où l'intrigue nous présente un groupe de cinq gens partant passer un week-end dans un lieu paumé, avant bien sûr de tomber en panne et de se retrouver bloqués en pleine forêt, à la merci des créatures démoniaques du coin et de leur serviteur, un psychopathe en puissance (incarné par Tom Savini).

 

 

Et originalité de par l'utilisation d'une espèce de monstre plutôt rare dans un survival, forcément attrayante puisque composée de femmes nues, des anges déchues pour cause de perversion dans les cieux. Sans oublier un traitement dépassant nettement le cadre du survival classique, où les jeunes se font progressivement décimer dans une ambiance faussement malsaine, parfois propice à des effets de peur gratuits (c'est-à-dire faisant sursauter). Ici, pas de tout ça.

Si malsain il y a, c'est au travers des succubes : ces jeunes femmes nues, attirantes, encore embellies par le cadre de l'action : la clarté de la lune principalement, mais aussi dans une superbe scène se déroulant sous une cascade, où ces monstres, sous l'apparence de naïades muettes s'attirent à elle le personnage de Andrew (David Hood), qui croyait sûrement avoir là une vision du Paradis d'où ces femmes furent renvoyées... Du reste la lumière accompagnant toutes ces ex-anges leur donne encore davantage les traces de l'aspect divin marquant leurs origines.
Bref au départ pas de quoi être malsain, bien au contraire. Mais la force du film est d'utiliser ces femmes comme de vraies tentatrices (elles n'ont pas été virées du ciel pour rien), et leur beauté s'accompagne d'une monstruosité certaine. Un peu à la manière des compagnes de Dracula, finalement. Autre chose appréciable les concernant : jamais leur nudité ne donne lieu à de la complaisance. Il aurait en effet été facile de tomber dans de l'érotisme grossier faisant passer le film fantastique au second plan. Ici ce n'est pas le cas, et la nudité n'apparaît pas comme un moyen pour accrocher le spectateur (même si celui-ci a pu être amené au film par ce biais).
C'est davantage une façon d'attirer les futures victimes tout en illustrant le côté "anges maléfiques" des créatures. Ce qui n'est pas forcément moins sexy qu'un film érotique brut. Donc réussite sur ce plan. On déplorera cependant quelque peu le manque de gore : là aussi, on évite la complaisance, mais on évite également malheureusement tout débordement. Le film reste ainsi assez soft à ce niveau. Un bon exemple de frustration que l'on peut ressentir est une séquence de démembrement inspirée du "Jour des Morts-Vivants" de Romero. Entre les ténèbres de la nuit et les assaillantes qui surplombent leur victime, il ne reste plus grand chose à voir niveau tripaille. Un peu dommage, surtout que ce défaut est présent plusieurs fois à travers le film.

 

 

Cela dit, c'est là un des rares défauts d'un film qui a en outre le mérite de présenter des personnages plutôt différents de ce que l’on est habitué à voir dans le genre. En effet, malgré un début plutôt banal, dans lequel les jeunes s'engueulent après avoir heurté une des victimes aperçue dans le prologue, et dans lequel un villageois met en garde la petite troupe au sujet des dangers de la forêt, on s'aperçoit vite que ce groupe sort un peu du schéma des écervelés traditionnels.
On appréciera ainsi les deux personnages qui deviendront les personnages principaux du film, Molly (Nicole Petty) et Judd (Daniel MacLagan), qui ne sont ni des héros sans peur ni des romantiques de bas étage, et qui ne donnent jamais l'impression d'être intouchables. Ce n'étaient même pas forcément ceux qu'on attendait au départ... Ce qui permet au film de garder une bonne dose de suspens pendant toute sa durée. On appréciera aussi bien entendu Tom Savini, toujours bon acteur, d'autant plus lorsqu'il incarne des personnages assez allumés, comme c'est ici le cas (sans qu'il ne vole pour autant la vedette aux succubes).
On se trouvera même à se prendre d'intérêt pour l'un des personnages secondaires, Ally (Sophie Holland), personnage au cynisme très prononcé (le seul humour d’un film en définitive très sombre) qui devra gérer son frère Emilio (Richard Cambridge), devenu apathique, avant de faire face aux succubes. Un peu dommage cela dit que ce duo soit un peu délaissé au cours du film. Mais enfin, la présence d'un acteur comme Dan Van Husen (vu dans des films signés Sergio Corbucci ou Werner Herzog) ou de l'auteur Shaun Hutson (à qui l'on doit Slugs, adapté au cinéma par Juan Piquer Simon) ne sont pas pour déplaire. Même la courte apparition de Steve Hart, l'ex-chanteur du groupe... World's Apart ne gênera pas.

 

 

Au-delà même de tout cela, le film se démarque aussi de par son traitement. Si l'effet choc est si réduit, c’est qu'une très large place est accordée à la création d’une atmosphère angoissante que l'on peut ressentir tout au long du film, non seulement à travers la menace des succubes, constante sans pour autant que ces personnages ne soient surexploités, mais aussi via une réalisation assez sèche, et par l'insertion ponctuelle de scènes oniriques montées assez rapidement, frôlant parfois le style documentaire d’un Blair Witch, en plus frénétique, en plus viscéral, et suffisamment rares pour à la fois intriguer le spectateur et renforcer le climat de danger permanent. Le final, sans en dire trop, est également un bon moment d'inventivité.
Bref "Forest of the Damned", sous ses initiales apparences convenues, part dans des directions audacieuses qui en font un film très réussi, certes non dépourvu de défauts mais en règle générale inventif, direct et se démarquant brillamment des canons du cinéma horrifique moderne. De plus, ses succubes dépassent le statut de simples monstres lambda pour faire office de tentatrices aux origines bien plus profondes, bien plus fantastiques, et parfaitement illustrées à l’écran. Très bon.

 

 

Note : 7/10

 

Walter Paisley
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