Attaque des Cerveaux Mutants, L'
Titre original: Fiend without a Face
Genre: Science fiction
Année: 1958
Pays d'origine: Etats-Unis
Réalisateur: Arthur Crabtree
Casting:
Marshall Thompson, Kim Parker, Kynaston Reeves, Michael Balfour
 

Connaissez-vous les vampires cérébraux ? Non ? Et bien il ne s'agit pas de suceurs de sang roumains qui discutent de la critique de la raison pur de Kant autour d'une bonne mousse au coin du feu, mais plutôt de monstres invisibles qui s'amusent à bouffer la cervelle et la moelle épinière de leurs victimes. Et ceci dans l'unique but de survivre, après avoir vu le jour à cause d'hasardeuses expérimentations scientifiques s'appuyant sur l'énergie nucléaire.

 

 

Tel est donc le sujet de cette "Attaque des Cerveaux Mutants" qui, disons le tout de suite, n'est franchement pas terrible. Etant invisibles, les monstres restent inconnus jusqu'à un dernier quart d'heure très étrange : ils trouvent enfin le moyen de se matérialiser et ils prennent l'apparence de cerveaux dotés de deux petites antennes auxquelles vient se prolonger une moelle épinière. Logique et pourtant plutôt choquant pour deux raisons a priori contradictoires : les effets spéciaux sont tout simplement superbes (d'ailleurs les monstres sont en pleine lumière et ne sont jamais dissimulés), effectués qu'ils sont à la façon Ray Harryhausen, et ils s'accompagnent d'un penchant très prononcé pour le gore. Les cervelles mutantes explosent réellement lorsqu'on leur tire dedans, le sang gicle partout et les créatures finissent par se dissoudre dans un processus de décomposition qui n'est pas sans rappeler celui de la fin du premier "Evil dead", quelques 20 ans plus tard.

Voilà pour le côté positif. Le côté négatif, et qui rend ces dix dernières minutes très étranges, c'est que le concept des monstres reste malgré tout ridicule. Ils ont beau être très bien construits, il n'en demeure pas moins qu'il s'agit de cerveaux rampants qui avancent avec un bruit de succion qui domine toute la bande sonore, puisque, chose assez rare, la musique ne vient pas s'insérer dans le climax. Complètement décalée, mi-géniale mi-foutraque, cette fin de film est en tout cas la seule chose à sauver de l'ensemble.

 

 

Le reste se compose d'un grand Rien : les personnages (des militaires, une jeune femme qui se fait courtiser par l'un d'eux, quelques scientifiques et quelques civils) passent leur temps à réfléchir à ce qui se passe, tandis que de temps à autre un pauvre bougre subit l'assaut des "vampires cérébraux", alors encore invisibles, ce qui a pour conséquence de rendre ces scènes plutôt ridicules : les braves figurants semblent s'étrangler tout seuls en faisant des grimaces à la Jerry Lewis. Il y a aussi bien entendu le discours sur l'énergie nucléaire, qui ouvrait autant de possibilités à l'humanité qu'elle ne lui offrait de menaces, et qui ici est plutôt mal perçue par les ruraux habitants à proximité de la centrale nucléaire dirigée par les militaires. Est-ce que l'énergie nucléaire provoque une baisse de productivité chez les vaches laitières ? Tel sera le débat réunissant les personnages principaux à mi-film, pendant qu'à peu près dans le même temps une poignée de villageois en colère s'aventureront dans les bois, persuadés que les morts sont dues à un GI fou échappé de la base.
Ce qui fait d'ailleurs plus songer à une production Universal des années 30 et 40 qu'à un film de la fin des années 50. Ce ne sera pas la seule chose de ce type d'ailleurs : les expériences scientifiques à base d'électricité pratiquées par un savant isolé feront elles aussi songer à "Frankenstein", tandis qu'une petite visite dans une crypte nous portera davantage vers "Dracula". Tout ceci s'orne donc de l'apport de l'énergie nucléaire, qui ne fait finalement que moderniser les vieux monstres sans que leur concept ne soit profondément remis en question : il est toujours question de science hasardeuse ("Frankenstein"), de malédiction terrifiante ("Dracula") et de villageois méfiants ("Frankenstein" et "Dracula"). Et avec le nucléaire, tout est encore plus dangereux. Mais attention, ne généralisons pas : c'est l'utilisation qui en est faite qui rend cette énergie périlleuse. C'est du moins ce que dit en substance le film de Crabtree (qui signe ici l'avant dernier film d'une filmographie plutôt chiche en cinéma fantastique), qui adopte plus une position de normand qu'il ne développe son argumentaire.

 

 

Il n'y a pas que les cerveaux qui soient mutants : tout le film l'est. Hybride, paumé entre la vieille horreur et la science-fiction moderne, le oui et le non au nucléaire... Mais surtout, malheureusement, sabordé par un script trop bavard et par des monstres invisibles (choses quand même très bête, surtout quand la mise en scène se remarque plus par sa fadeur que par son audace). Bref, si ce n'est pour les dix dernières minutes (trouvables dans des anthologies du type "Invasion Earth : The Aliens are Here"), "L'Attaque des Cerveaux Mutants" est un film très dispensable.

 

Note : 4/10

Walter Paisley

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