Guerrier, Le
Titre original: Jaka Sembung
Genre: Action , Aventures
Année: 1981
Pays d'origine: Indonésie
Réalisateur: Sisworo Gautama Putra
Casting:
Barry Prima, Eva Arnaz, W.D. Manners, Donna Christina...
 

Le cinéma bis indonésien n'est pas très subtil et c'est tant mieux. Ce qu'il perd en finesse et en raffinement, il le gagne en outrance et en excès divers : acteurs surjouant, effets spéciaux sanglants et au burlesque bien souvent involontaire, premier degré frontal parfois à pleurer de rire, intrigues sommaires et stéréotypées offrant une profusion de rebondissements incroyables et mettant en scène des personnages haut en couleurs, intrusion de la magie donnant lieu à des séquences improbables et réjouissantes ; les ingrédients se retrouvent de film en film dans une recette bien éprouvée, réservée à des fins gourmets n'ayant pas peur du lourd et du roboratif.

 

 

Le guerrier, avec Barry Prima, n'échappe pas à la règle. Une fois de plus, le film est l'histoire de la révolte des Indonésiens contre l'oppresseur hollandais. Il met en scène un héros confronté à la cruauté du colon batave et à la fourberie de ses pires compatriotes. De séquences en séquences, Jaka Sembung se retrouve à lutter contre des ennemis brutaux et pervers, nimbés d'une aura maléfique, voire de pouvoirs de sorcellerie. L'un passe son temps à rire de façon sardonique et à défier les balles qui le touchent mais ne le tuent pas, avant de finir la gorge transpercé par un pieu ; un autre est une tête tranchée qui va retrouver son corps et se fera plusieurs fois démembrer avant d'être enfin mis hors d'état de nuire. A chaque fois, c'est l'occasion de multiplier les bonds dans les airs, les bourre-pifs, les coups de Jarnac et les scènes les plus improbables. Comme celle du cochon où, comment dire... le héros, transformé en porc, se retrouve d'abord dans un déguisement des plus ridicules puis finit par être carrément interprété par un véritable goret, malmené par une population musulmane farouchement anti-cochon.

 


Le manichéisme primaire de l'intrigue atteint également des sommets dans le sadisme brutal qui s'abat sur notre rebelle en chef, du début à la fin : poings et pieds dans la tronche, crucifixion, transformation porcine déjà évoquée, yeux crevés, c'est sur un véritable chemin des supplices que déambule le héros indonésien, étonnamment aidé par la fille du gouverneur (forcément éprise de notre bellâtre), ainsi que par une beauté locale, mais une fois de plus torturé par le sort qui attend ses groupies. Noir c'est noir, il n'y a plus d'espoir !
Enfin si, bien sûr. Ce n'est pas parce qu'il n'y voit plus, qu'il a la queue en tire-bouchon ou parce qu'il est cloué au mur dans une geôle insalubre que Jaka Sembung va renoncer au combat ! Ce sera même l'occasion d'exploits spectaculaires rendus possibles par l'invocation d'Allah. Les murs des prison s'effondrent comme les décors en carton-pâte qu'ils sont réellement, les grilles des barreaux s'écartent à la force des bras, les yeux perdus sont échangés contre une nouvelle paire toute neuve ou presque, bref, comme on le voit, le mot impossible n'existe pas dans le vocabulaire cinématographique indonésien !

 


S'il présente quelques chutes de rythme, inévitables avec une intrigue aussi ténue, Le guerrier offre tellement de morceaux de bravoure et de combats saignants (autant que rigolos, et toujours sous le rire cruel du méchant de service) qu'il est une vraie pépite de bonheur sur pellicule. Devant un spectacle aussi généreux et si peu conformiste, on aurait tort de bouder son plaisir !

Note : 8/10

 

Bigbonn
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