Au Moyen-Age, en Irlande, des frères vikings débarquent, tuent un homme et une femme, kidnappent leur fille et donnent l'ordre à l'un de leurs sbires de tuer leur gamin. Mais voilà : le sbire se montrera indulgent et laissera partir le mioche en secret. Et ce qui devait arriver arriva : vingt ans plus tard, le gamin, devenu adulte, se rend en Islande, où il a repéré ceux qui ont détruit sa famille. Objectif : vengeance.
Rares sont les films islandais à parvenir jusqu'à nous, et c'est donc avec une certaine curiosité que l'on commence à regarder cet Imperior dont la jaquette joue ouvertement et opportunistement la carte "Conan le Barbare". Grossière erreur, puisque tout scandinave qu'il soit, le film louche beaucoup plus du côté du western spaghetti. La musique évoque ainsi Ennio Morricone avec des instruments sensiblement différents mais avec un style propre au compositeur italien (des choeurs, par exemple), le duel final, inévitable, est filmé à la façon de Il était une fois dans l'Ouest (le lancé de couteau ou le tir à l'arc remplaçant les coups de feu) et, bien entendu, l'histoire, la vengeance d'un homme qui a vu autrefois sa famille décimée par des brigands, est directement tirée de celle de l'homme à l'harmonica du même Il était une fois dans l'Ouest.
Les décors sont également traditionnels : le désert aride des cow-boys est ici remplacé par les côtes islandaises, grises et boueuses, malheureusement desservies par une photographie quelconque. Il faut dire que le réalisateur, Hrafn Gunnlaugsson, a aussi l'objectif de rétablir la vérité historique de l'époque des Vikings. Ce n'étaient pas forcément des conquérants apportant leur culture par la force comme on a pu parfois le voir dans des films hollywoodiens, ils pouvaient aussi être des salopards sournois et aveuglés par leur foi aveugle dans leurs dieux. C'est du moins comme ça que sont les trois principaux vilains, autour desquels le film va tourner en priorité.
Car le héros se fait discret, et à part pour quelques hommes de main qu'il affronte très vite, il préférera semer la zizanie dans le camp de ses ennemis, mentant sur son identité et faisant circuler des rumeurs à propos du roi de Norvège, ennemi de ses ennemis, qui serait mort en anoblissant leur père, ce qui leur permettrait de revenir, ah bon, mais oui, mais non, mais qui est cet inconnu, où est mon argent, eh mais salaud c'est toi qui a tué mes hommes, ah non pas du tout, tu te méprends, c'est ce qu'on va voir et donc bref, c'est le bordel. L'intrigue se perd dans des considérations extrêmement lourdes, extrêmement chiantes, à propos des querelles politico-religio-familiales des Vikings qui font qu'il est très dur non seulement de s'intéresser à ce qui se dit, mais aussi tout simplement d'aller jusqu'au bout du film. Peut-être est-ce intéressant pour découvrir la mentalité du peuple viking, mais enfin, c'est difficilement regardable.
Pendant ce temps, le héros se cache et démontre les failles du système viking. La fin, surfant donc outrageusement sur les films de Sergio Leone, nous présentera l'instant de bravoure tant attendu, avec son propre commentaire sur l'usage de la violence (qui comme d'habitude n'est pas encouragée). Sauf qu'arrivé à ce stade-là, il y a de fortes chances pour que le seul souci du spectateur soit que le film s'achève. C'est quand même dommage, car Imperior partait avec de bonnes intentions. Il aurait davantage fallu jouer la carte du film de genre plutôt que celle de la tragédie réaliste.
Note : 4/10
Walter Paisley