Jeunes, désespérés, violents
Titre original: Liberi armati pericolosi
Genre: Poliziesco
Année: 1976
Pays d'origine: Italie
Réalisateur: Romolo Guerrieri
Casting:
Stefano Patrizi, Eleonora Giorgi, Max Delys, Benjamin Lev, Tomàs Milian, Venantino Venantini, Salvatore Billa...
 

Un matin pas comme les autres, trois fils de bonne famille échoués dans la délinquance, surnommés "Blondie" (Stefano Patrizi), "Joe" (Benjamin Lev) et "Luis" (Max Delys), vont mettre la ville de Milan à feu et à sang en multipliant les braquages, bains de sang et agressions. Un commissaire incarné par Tomàs Milian prend en main la difficile opération de police consistant à stopper coûte que coûte la cavale meurtrière des trois paumés.

 

 

Fait rarissime dans le polar italien des années 70 : les voyous présentés ici ne sont pas les perpétuels marginaux, fils d'ouvriers ou anarchistes d'extrême gauche dépeints dans ce genre de film mais des rejetons de magistrats, nés du bon côté de la barrière et reconvertis pourtant dans le banditisme à leur majorité. A ce propos, leurs motivations demeureront floues jusqu'à la fin. Un début d'hypothèse sera toutefois émis par le personnage du commissaire qu'interprète Milian qui, au détour d'une conversation avec les parents des trois bandits (dont Venantino Venantini dans le rôle du père de Luis) leur déclare que si leurs progénitures en sont arrivés à un tel point de non-retour, c'est en partie à cause de leur incapacité à élever correctement un enfant.
Le discours moralisateur est lâché. Jeunes, désespérés, violents comme le clame très justement d'ailleurs le titre d'exploitation français, tout l'inverse du retitrage vidéo bidon Racket boys, qui schlingue à mort le teen-movie potache. Autre élément inhabituel : les évènements prenant place dans Jeunes, désespérés, violents s'étalent sur une seule journée, conférant au film une dimension réaliste plus consciencieuse qu'ailleurs et autant dire qu'en 24 heures, il va s'en passer des choses.

 

 

Tout le mérite en revient au maître du polar, Fernando di Léo, ici scénariste de cette cavale sans issue brillamment concoctée qui démarre déjà très fort par une séquence d'ouverture percutante : Luis, Blondie et Joe en bagnole, sur le point de faire un casse dans une station-service, plaisantent quant au fait de braquer les lieux avec des faux pistolets. Blondie, le cerveau de la bande, s'extirpe de la voiture puis se dirige vers le tenancier de la pompe qu'il braque avec son revolver pour enfants. Relevant la supercherie, le pompiste lui balance alors : "Tu crois quand même pas que tu vas me braquer avec un jouet fiston ?". Contre toute attente, Blondie fait feu sur le pauvre bougre qui s'écroule, raide mort, révélant ainsi l'authenticité de l'arme.
D'autres retournements de situation de cet acabit sont présents tout au long du métrage pour le plus grand bonheur du spectateur attentif aux effets de surprise. Si l'action tient une place importante dans le récit (on nous gratifie même d'une très longue poursuite en voiture de près de dix minutes entre les forces de l'ordre et la voiture des fuyards), di Léo n'en délaisse pas pour autant la psychologie de ses personnages.
Ainsi, chacun des trois hors-la-loi a une place bien définie dans le groupe. Joe est l'instable de la bande, constamment à se marrer avec son rire de hyène totalement irritant à la longue et à balancer des vannes indigestes, Luis est le garçon posé, et finalement inoffensif, embarqué contre sa volonté dans cette sordide histoire, influencé qu'il est par Blondie, le cheftain et sans conteste le plus dangereusement impulsif d'entre eux. La relation entre ces deux là demeure assez ambigus, comme le soulignera Leo (Eleonora Giorgi et ses étincelants yeux bleus), la fiancée de Luis forcée à les accompagner par la suite dans leur fuite qui déclarera en cours de route : "De toute manière, tous les deux, quand vous vous regardez, on dirait deux amoureux". La remarque est plutôt amusante puisque paradoxalement, Blondie balance à plusieurs reprises des injures homophobes.

 

 

Du côté de Milian, en revanche, c'est pas vraiment ça. Le personnage du commissaire (sans nom au passage) apparaissant comme relativement effacé, le jeu de notre cubain préféré reste très sobre, sans l'exubérance à laquelle il nous a tant habitué. Bien sûr, un polar italien n'en serait pas vraiment un sans une bonne dose prescrite de violence. On retiendra surtout ici la scène où un truand a les jambes broyées par l'avant d'une voiture où bien celle où une petite frappe se prend en pleine poire une rafale de mitrailleuse. Dans la famille Girolami, les inconditionnels du polar all'italiana voudraient donc remercier le tonton d'Enzo et son bras droit Fernando pour nous avoir mijoté 90 minutes des plus agréables.

 

Throma

 

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