Keoma
Genre: Western spaghetti
Année: 1976
Pays d'origine: Italie
Réalisateur: Enzo G. Castellari
Casting:
Franco Nero, Woody Strodes, Olga Karlatos, William Berger, Donald O'Brien, Joshua Sinclair...
 

Nous sommes en 1976. En Italie, le western tire ses dernières cartouches, en même temps que le polar d'ailleurs. L'horreur a un bel avenir, on est en plein règne d'Argento. "Les Frissons de l'Angoisse", 1975.
C'est pourtant dans ce contexte que le bourlingueur Enzo Girolami Castellari accepte de re-tourner un western. Mais pas un de ces westerns parodiques qui embourbent le genre et qui caractérisent les années 70. Non, un vrai et sérieux western, un dur, avec du sang, de la sueur et de la vengeance. Ce sera "Keoma", et il restera comme l'un des titres ultimes du western spaghetti. Un chant du cygne funèbre. Il n'aura que très peu de successeurs...

 

 

"Keoma" se déroule après la Guerre de Sécession, dans un pays où règne la mort. Battu par des vents violents, dévasté, hanté par les malades d'une peste. Et parcouru par deux figures à l'aura quasi-surnaturelle : une vieille femme, qui annonce la Mort, et Keoma, qui la provoque. Dans ce monde à l'agonie, Keoma est un métis indien qui revient du front et découvre son village natal sous le joug d'une bande. Il erre telle une âme damnée, dans un pays qui n'est plus le sien, se heurtant à un racisme qui lui n'a pas changé, combattant seul contre tous pour son idéal de liberté. "Je dois le faire seul. Parce que je n'ai personne sur qui compter". Tout concourt contre Keoma, jusqu'à la bande-son étrange qui, d'une voix plaintive, exhorte notre métis à ne pas reprendre les armes, à ne pas suivre sa croisade.
"Keoma" est un film à la dimension particulière, partant dans des étranges élans oniriques, où Keoma revit des flash-back de son enfance. La réalisation de Castellari accentue cet aspect de surréalisme et d'irréalité permanente, par son rythme feutré et ses ralentis. Des ralentis qui soulignent la Mort, une Mort qui n'en finit plus de frapper, transformant le moindre duel en danse macabre. Le rêve et la Mort. De par ses partis pris, Keoma n'est pas exempt d'un certain symbolisme religieux. En témoigne son dernier acte où, après avoir entraîné ses rares compagnons dans sa chute, Keoma est supplicié et crucifié.

 

 

Keoma est un western aux allures de tragédie, à l'ambiance rarement égalée, hanté par des choeurs plaintifs et des personnages maudits cherchant à combattre leurs destins en un lieu devenu purgatoire. La fin en est l'apothéose, magnifique règlement de comptes dont tout bruit est effacé, au profit de ceux d'un accouchement douloureux. Une vie qui combat la Mort. Une Mort qui permet la vie. Une vie qui, comme le clame Keoma, "est née libre"...

 

 

Le Cénobite Cinglé !
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