Nathalie dans l'enfer nazi
Titre original: Nathalie rescapée de l'enfer
Genre: Guerre , Nazisploitation , Drame
Année: 1977
Pays d'origine: France
Réalisateur: Alain Payet (sous le pseudo James Gartner)
Casting:
Patrizia Gori, Jacqueline Laurent , Jack Taylor, Jacques Marbeuf, Rudy Lenoir, Claudine Beccarie, Richard Lemieuvre...
Aka: Nathalie rescapée de l'enfer / Nathalie, Fugitive from Hell / Nathalie : Escape from Hell
 

Nathalie Baksova (Patrizia Gori) cumule la double fonction de médecin et d'agent secret soviétique. Tandis qu'elle se rend dans un village pour soigner un malade, un convoi allemand est attaqué par la résistance russe non loin de là. Lors de l'embuscade, le Général Hartz (Rudy Lenoir) est gravement blessé. Il est emmené en catastrophe par le Lieutenant Erik Müller (Jack Taylor) dans la maison où se trouve Nathalie. La jeune doctoresse est contrainte non seulement de soigner mais également sauver l'officier de la Wehrmacht, sous peine d'être conduite dans un camp de détention. Mais les partisans, s'étant rendu compte que leur cible n'était pas morte durant l'assaut, délèguent l'un des leurs pour l'achever. S'ensuit un second affrontement, dans lequel Hartz meurt pour de bon, et Müller est blessé. Il a même frôlé la mort, et c'est grâce à l'intervention de la jeune doctoresse que le sergent se trouve d'être toujours en vie. Tandis qu'il est conduit en lieu sûr, Nathalie est arrêtée et déportée.
Pendant ce temps là, les services de renseignements britanniques reçoivent Vassili, le supérieur hiérarchique de Nathalie. Les agents du Royaume-Uni informent leur allié qu'une de leurs espionnes, prénommée Ingrid, a disparu sur le front de l'est alors qu'elle détenait probablement des informations capitales. Selon leurs sources, la jeune femme serait actuellement détenue en Pologne, à environ cinquante kilomètres de Poznan, dans un ancien château transformé en forteresse : Stilberg. Ce lieu possède la particularité d'être à la fois un quartier général des nazis et un bordel de luxe, dans lequel certaines prisonnières provenant de divers camps officient en tant que prostituées. Vassili est chargé d'infiltrer l'une de ses espionnes dans la forteresse de Stilberg afin de mettre au point l'évasion d'Ingrid, ou, si cela s'avère impossible, l'éliminer car elle ne doit parler sous aucun prétexte.
Se faisant passer pour un émissaire de la Croix Rouge, Vassili parvient à entrer en contact avec Nathalie, incarcérée en Pologne et sur le point d'être transférée à Stilberg. C'est ainsi que la femme médecin se retrouve sur la place, et fait rapidement connaissance avec les deux personnes les plus haut placées : le Colonel Gunther (Jacques Marbeuf), dégoûté par la guerre et les méthodes de ses collègues nazis à tel point qu'il se réfugie dans l'alcool ; et Helga Horst (Jacqueline Laurent), responsable des détenues avec qui elle organise des soirées spéciales en compagnie des officiers, et même quelques séances SM dans les souterrains du château, pour son plaisir personnel. Mais la plus grande surprise de Nathalie Baksova est de retrouver en ces lieux l'homme à qui elle a sauvé la vie : Erik Müller. La résistante russe et le soldat allemand vont s'éprendre l'un de l'autre, un amour qui risque de provoquer leur perte.

 

 

A l'instar de Elsa Fraulein SS et Train spécial pour Hitler, Nathalie dans l'enfer nazi a pour cadre la seconde guerre mondiale, et le créneau de la nazisploitation provisoirement laissé de côté avec Helga, la Louve de Stilberg. Tourné conjointement avec ce dernier, et toujours avec Alain Payet derrière la caméra, Nathalie dans l'enfer nazi est probablement le meilleur opus parmi la série des films de guerre produits par Eurociné. Exit la parenthèse de la République bananière, la grosse farce et les premiers rôles masculins confiés à des hardeurs. Le film est ici porté de la tête et des épaules par deux acteurs solides : Jack Taylor et Patrizia Gori, qui se sont particulièrement investis dans cette histoire narrant l'amour impossible entre un officier allemand et une espionne soviétique. Une trame certes banale et plutôt traditionnelle dans le genre, mais qui tire irrésistiblement l'oeuvre vers le haut, grâce à un Alain Payet plus classique dans la forme, et un couple vedette tellement impeccable que l'on a parfois du mal à reconnaître la marque de fabrique de la firme française.
Notons enfin la présence de Rudy Lenoir, endossant une fois de plus la panoplie d'un soldat allemand, comme il le fit souvent dans sa longue carrière.
En fait, Nathalie dans l'enfer nazi est la synthèse réussie du film de guerre, du drame et du cinéma d'exploitation à la sauce Eurociné. Marbeuf est plus convaincant que dans "Helga...", et montre ici un registre plus conforme à son passé d'acteur classique. Patrizia Gori, quant à elle, bénéficie cette fois d'un vrai premier rôle, qui lui permet d'exprimer toute l'étendue de son talent, des qualités d'actrice que la Romaine avait déjà laissé transparaître dans "Emanuelle et Françoise" ou encore dans Bacchanales infernales. La présence de Jack Taylor est également une véritable aubaine. Cet acteur fétiche de Jess Franco ("Necronomicon", "Eugenie the Story of her Journey into Perversion") est aussi un fidèle de Marius Lesoeur, pour qui il avait déjà tourné dans des westerns durant les années soixante. Le couple qu'il forme avec Patrizia Gori s'avère parfaitement homogène, une complémentarité permettant au film de sortir largement du cadre granguignolesque auquel Eurociné nous a souvent habitués.

 

 

Enfin, tout comme Malisa Longo était magistrale en Louve de Stilberg, Jacqueline Laurent reprend le flambeau avec autant de maestria, composant une folle furieuse de grande envergure, qui arbore des tenues SM incroyables, et dont la folie n'a d'égale que la cruauté. Ce fut le dernier rôle au cinéma pour cette Française que l'on put voir en plusieurs occasions dans des films scandinaves, dont le Bel Ami de Marc Ahlberg, où elle avait une scène particulièrement chaude avec Harry Reems. Elle tourna aussi pour Jess Franco, dans "Les Possédées du Diable" (aka "Lorna l'Exorciste"), où elle affrontait une femme machiavélique jouée par Pamela Stanford (Monique Delaunay de son vrai nom), autre habituée du cinéaste espagnol et des productions Eurociné, et également présente dans "Nathalie...".
Il est intéressant de souligner également que le cadre principal de l'action, la fameuse forteresse de Stilberg, est ici un peu plus exploité que dans "Helga...". En fait de construction médiévale, le château de Dampont, situé dans le Val d'Oise, fut érigé dans la seconde partie de 19e siècle, dans un style néo-renaissance. Les autres lieux sont tout autant familiers, avec notamment les scènes de batailles dans la forêt environnante.
Enfin, fait rare pour ce genre de production, Nathalie dans l'enfer nazi se vit gratifier d'une critique positive (un événement relaté par Christophe Lemaire dans les bonus) dans la "Saison Cinématographique 78". Gilles Colpart, le chroniqueur concerné, parle d'un film "qui a de nombreux aspects attachants", et lui trouve quelques similitudes avec "Les Damnés" de Visconti. Une page entière plutôt enthousiaste dans un ouvrage qui avait plutôt tendance à employer des formules lapidaires envers le cinéma-bis : il s'agissait là d'un petit événement à n'en pas douter. Mais il faut reconnaître qu'Alain Payet a livré pour la circonstance l'un des tous meilleurs crus de la gamme Eurociné, et on peut considérer que Nathalie rescapée de l'enfer est au film de guerre ce que "L'Horrible Docteur Orloff" est au film d'horreur.

 

 

Note : 7/10

 

Flint

 

 

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