Big Doll House, The
Genre: Women In Prison
Année: 1971
Pays d'origine: Etats-Unis / Philippines
Réalisateur: Jack Hill
Casting:
Judith M. Brown, Pam Grier, Roberta Collins, Brooke Mills...
 

Les premières productions de la New World Pictures de Corman furent avant tout des films sexys. Pour commencer, des films d'infirmières ("The Student Nurses", "Private Duty Nurses"), puis des Women-In-Prison comme ce Big Doll House qui est la première des productions Corman du genre. Un genre encore débutant, qui n'avait pas alors donné lieu à la nazixploitation et à tous les codes devenus incontournables pour tout WIP qui se respecte.


Et pourtant, l'histoire est aussi simple qu'à l'accoutumée : des jeunes filles sont enfermées dans une prison assez peu humanistes et tentent de s'en libérer. A noter que le film est co-produit par les Philippines, et que celles-ci apportent des figurantes qui servent vraisemblablement à donner une touche exotique à un film se déroulant dans un pays tropical mais ayant pour personnages principaux des jeunes femmes américaines. C'est clair, sans bavure et généralement ça a le mérite de permettre d'aligner des scènes érotiques et d'humiliations aux dépends de pauvres jeunes femmes exilées s'étant retrouvées là à la suite d'un complot éhonté ourdi par des gens peu scrupuleux. Et pourtant, à l'instar de beaucoup d'autres productions New World de l'époque, le film se démarque du schéma habituel par un scénario résolument influencé par la libération sexuelle et les mouvements libertaires toujours en mémoire en 1971, date de réalisation de The Big Doll House, qui se fait également ressentir par quelques effets de mise en scènes très psychédéliques, comme des flous ou des images vacillantes.

 

 

Les personnages principaux, concentrés dans une même cellule, n'ont rien des victimes soumises qui pleurent sur leur sort en attendant la venue du prince libérateur. Ce sont au contraire des vraies meurtrières, des toxicomanes, ou encore des activistes révolutionnaires qui en prison n'ont en rien perdu leurs forts caractères. Si toutes les femmes de cette cellule n'ont pas systématiquement droit à l'attention du réalisateur Jack Hill, en revanche elles ont toutes gardé cet esprit combatif et libertaire qui les rend ma foi plutôt attachantes. Parmi les principales, citons les personnages de Judith M. Brown, la nouvelle qui ne se laisse pas impressionner par le bizutage, Pam Grier (qui retrouvera Jack Hill pour les deux classiques de la blaxploitation que sont "Coffy" et "Foxy Brown") et Roberta Collins (qui sera plus tard la conductrice nazie de La Course à la Mort de l'an 2000 de Paul Bartel).


Vu le caractère de chacune, l'harmonie n'est pas de mise, et il y aura engueulades, crêpage de chignon, bataille de nourriture et autre bagarres dans la boue, tout ça dans une joie et une bonne humeur qu'on retrouvent finalement assez peu dans nos prisons ! Ces dames ne sont décidément pas des jeunes vierges effarouchées, et c'est ainsi que Pam Grier préférera se faire peloter par le livreur plutôt que d'avoir à payer pour ce qu'il a à lui donner, tandis que Roberta Collins ira jusqu'à violer un autre livreur, qui n'en demandait pas tant.
Il faut dire également que la prison est plutôt permissive : si il y a effectivement une gardienne sadique pratiquant la torture sous les yeux d'un mystérieux personnage masqué, il n'y aura en tout cas pas d'humiliations sexuelles lesbiennes, pas de proxénétisme, et le film se révélera d'ailleurs assez chiche niveau nudité, se contentant de quelques poitrines par-ci par-là. La violence physique n'est pas vraiment non plus de mise, et les tortures seront plutôt soft et suggestives. Pensez donc que l'une des sanctions infligées n'est que la privation de repas pendant 24h ! Pire encore : la prison est dotée d'un médecin qui cherche à savoir si par hasard il n'y aurait pas d'abus dans les sanctions contre les détenues !

 

 

Toutes ces différences avec les WIP classiques ont ceci d'avantageux qu'elles donnent au film de petits côtés anars, immoraux et doucement comiques sans avoir l'air d'y toucher, côtés encore renforcés par la fin du film, construite de façon étonnante, puisque Jack Hill n'hésite pas à faire passer des personnages importants à la trappe. L'objectif davantage sexy qu'érotique fonctionne plutôt bien grâce à des actrices charmantes et charismatiques. Maintenant, cela contribue aussi à faire ressortir un manque probant de fil directeur dans l'intrigue, et il est vrai qu'à la longue, principalement dans la première moitié, on a tendance à quelque peu s'ennuyer. Peut-être aurait-il mieux valu appuyer encore davantage sur le côté irrévérencieux des prisonnières, ce qui aurait permis d'obtenir un film un peu moins léger que celui qui nous est présenté.

 

Note : 6/10

 

Walter Paisley
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