Ringo au Pistolet d'or
Titre original: Johnny Oro
Genre: Western spaghetti
Année: 1966
Pays d'origine: Italie
Réalisateur: Sergio Corbucci
Casting:
Mark Damon, Valeria Fabrizi, Franco De Rosa, Andrea Aureli...
 

Pour commencer, un peu d'histoire. Au début du western spaghetti, l'Italie qui accueillit à bras ouverts l'ami Clint Eastwood se trouva dépourvue en héros du terroir. Pour que le western italien soit vraiment italien, il ne manquait plus qu'un acteur 100% du coin, un cow-boy du cru pour enfin se démarquer des américains pour de bon. Ce surhomme s'imposera sans crier gare sous la caméra de Duccio Tessari : ce sera "Ringo", incarné par Giuliano Gemma.

 

 

En cette année 1965, "Un Pistolet pour Ringo" met en place l'un des premiers pistoleros véritablement italien, défrichant déjà au passage une veine légère voire parodique qui fera les beaux jours (?) des années 70. S'en suivra un plus sombre "Le Retour de Ringo", toujours signé Tessari. Les hasards du commerce étant ce qu'ils sont, le malin Sergio Corbucci, qu'on ne présente plus, nous fera croiser la route en 1966 d'un certain "Johnny Oro", devenu chez nous "Ringo au Pistolet d'Or".
Corbucci, réputé comme un indécrottable faignant, aura fait du bon et du mauvais dans son incontournable carrière et hélas pour nous, "Ringo au Pistolet d'Or" fait partie de la seconde catégorie. Mettant en scène le jovial Mark Damon - vu chez Corman dans "La chute de la Maison Usher" -, Corbucci et son scénariste Franco Rossetti nous font suivre l'histoire éventée d'un bandit lambda cherchant à venger ses frères plombés par Ringo dans le prologue. Un malheur n'arrivant jamais seul, Ringo se retrouve détenu par le shérif incorruptible d'une ville où les armes sont interdites.

 

 

Une histoire qui vaut ce qu'elle vaut, nous lui reconnaîtrons le mérite d'exister. Un prétexte basique pour un western, sur le papier vecteur d'un divertissement honnête qui à l'écran a pourtant peine à convaincre. Ce n'est pas tant le fait que Ringo passe la plupart du film en cellule, grand moment d'empathie avec le spectateur où chacun attend que le récit décolle, mais plutôt l'aspect très propre et lisse du film qui est préjudiciable.

Le shérif est un brave type inflexible, les méchants et les bons sont chacun de leur côté... et puis il y a Mark Damon. Plutôt bon acteur en règle général, le pauvre Mark se couvre de ridicule dans la chemise entrouverte toute propre du play-boy Ringo. Oeillades taquines, sourires éclatants, mimiques flegmatiques... tout l'attirail du bellâtre d'opérette y passe. "Ringo au Pistolet d'Or" réussit l'exploit de rendre son personnage principal énervant au possible, ce qui n'était sûrement pas le but premier. Et c'est dans ces instants là que l'on se dit que "Django" l'a échappé bel, Mark Damon étant plus que pressenti pour le rôle soufflé ensuite par Franco Nero.
Pénible, frimeur et finalement ennuyeux tant il ne s'y passe littéralement rien, "Ringo au Pistolet d'Or" tente de donner le change avec son assaut final qui s'élève d'une chiquenaude. Enfin la poudre parle ! Mais trop tard, le mal est fait, le film est fini. Quant au pistolet d'or, il sera comme de bien entendu jamais exploité. Aucun mystère, aucune interrogation, aucune aura autour de cette artillerie peu commune. Le personnage de Ringo aurait pu gagner en épaisseur par ce biais, il n'en sera rien.

 

 

Une belle déception donc pour ce Corbucci dispensable, où l'on ne retrouve en rien la violence et la noirceur synonyme de ses chefs d'oeuvre westerniens. Le père Sergio se rachètera tout de même la même année avec "Django", ce qui est une belle manière de se faire pardonner.

 

Le Cénobite Cinglé !
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