Bossu de la Morgue, Le
Titre original: El Jorobado de la Morgue
Genre: Horreur
Année: 1973
Pays d'origine: Espagne
Réalisateur: Javier Aguirre
Casting:
Jacinto Molina (Paul Naschy), Rosanna Yanni, Victor Alcázar, Maria Elena Arpón, Maria Perschy, Alberto Dalbés...
 

Gotho le bossu, homme à tout faire chargé de l'entretien de la morgue, subit les railleries de tout le personnel de l'hôpital. Cependant, Gotho est amoureux d'une patiente en phase terminale. Quand celle-ci décède, il est désespéré, le docteur Orla lui promet de lui rendre la vie. Mais, pour ce faire, il a besoin d'organes humains. Le bossu deviendra donc un tueur implacable, motivé par l'amour de sa belle...

Voici donc, malgré ses défauts, l'une des plus intéressantes variations (et actualisation à la sauce des années 70) à la fois du mythe "frankensteinien" et de celui de la créature à l'âme sensible enfermée dans un corps difforme voire bestial qui hanta la littérature fantastique européenne (et plus particulièrement française) de la renaissance au 19ème siècle, de "La Belle et la bête" jusqu'à "Notre-Dame de Paris". Car ce bossu de la morgue descend tout droit de l'aide contrefait fournisseur de cadavres des "Frankenstein" dont le parangon est le "Ygor" avec un Y incarné par Bela Lugosi dans "Le Fils de Frankenstein" de l'Universal.

 

 

Ce personnage, cantonné par la suite aux parodies plus ou moins réussies du fait de son côté superfétatoire avec la créature (Too many freaks…), Javier Aguirre et Paul Naschy (à l'origine du scénario) sauront lui rendre ses lettres de noblesse et même le porter au pinacle avec ce film en l'affranchissant de Frankenstein et en remontant aux sources hugoliennes de Quasimodo.

Certes, il faut reconnaître que le côté romantique du personnage a du mal à passer, la faute peut être à notre époque trop cynique. Quoi qu'il en soit, difficile d'éprouver de la compassion pour notre antihéros qui, bien avant d'être amené à commettre des actes infâmes manipulés par un mentor maléfique, se révélait déjà être un assassin brutal (même si "par amour"). Du coup, la relation entre le personnage incarné par la sculpturale Rosanna Yanni et notre bossu paraît peu crédible, en tout cas pas plus que la localisation alpestre et alémanique de l'action, tant le casting et les paysages font ibériques.


 

Mais au final, incohérences et invraisemblances du scénario (des défauts de toute manière inhérents au cinéma fantastique) pèsent moins lourd dans la balance que la générosité en scènes horrifiques (et en rats brûlés) du film, dont quelques morceaux de bravoure extrêmement gores et sanglants (meurtres violents, démembrements) d'autant plus incroyables que nous sommes en 1973 dans une Espagne encore très puritaine !

Une chose est claire, c'est que "Le Bossu de la morgue" est et restera un joyau du bis ibérique qui offre à Naschy l'une de ses plus belles performances, tout en sobriété et en finesse (chose rare avec ce cabot de Paulo). Longtemps introuvable en France, sauf dans de rares éditions VHS incomplètes, "Le Bossu de la morgue" se voit enfin offrir une seconde vie grâce à la toute récente édition d'Artus Films. Une perle bien trop méconnue qui mériterait pourtant de se trouver au premier plan dans toutes les collections.

 

 

 

Nickbur / Sigtuna

En rapport avec le film :

 

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