Wig, The
Titre original: Gabal
Genre: Epouvante , Drame , Horreur
Année: 2005
Pays d'origine: Corée du Sud
Réalisateur: Shin-Yun Won
Casting:
Min-Seo Chae, Hyon-Jin,Sun Yu...
 

Deux soeurs, Ji-Hyun et Su-Hyun, partagent une existence relativement sereine si ce n'était le cancer qui ronge Su-Hyun. Cette dernière, comme l'a signifié le médecin résigné à Ji-Hyun, n'a à priori que peu de chance de s'en sortir, mais Ji-Hyun décide de cacher à sa cadette l'issue fatale qui la guette, préférant lui laisser vivre pleinement ses derniers instants de vie. Dans cette optique, et Su-Hyun ayant perdu ses cheveux à la suite de la chimiothérapie éprouvante, elle décide de lui offrir une très belle perruque ; ce qui se passe alors devient plus étrange chaque jour passant, car Su-Hyun retrouve confiance en elle, mais d'un éclat renaissant bien trop resplendissant pour ne pas paraître singulier.
Qui plus est, tout en s'épanouissant à nouveau, celle-ci change moralement du tout au tout, se détache de sa soeur, se laisse même aller à des élans de cruauté absents auparavant. Alors que cette transformation ne cesse de surprendre Ji-Hyun, une série d'événements violents surgit ; elle en sera la première victime car au terme d'un accident de voiture celle-ci perdra la voix. Ji-Hyun assiste alors impuissante à la lente métamorphose de sa soeur, comme si une innommable force diabolique sévissait...

 

 

Une fois n'est pas coutume, je ferai ici un petit clin d'oeil à André Quintaine de "Sin'Art" et sa critique sur le même film, car comme lui, j'ai assez vite pensé de par le postulat un peu "tiré par les cheveux", à "The Red Shoes", sauf qu'en lieu et place de chaussures rouges tueuses, c'est donc d'une moumoute qu'il s'agit là et que pour chacun des deux films, on donne peu cher à priori de la chose. Un point commun également entre les deux films, une esthétique assez magnifique mais que je trouve moins gratuite ici que dans "The Red Shoes", plus en adéquation avec son sujet, et c'est ici que mon avis diverge de celui du pourtant respectable sieur Quintaine.
Il est vrai que les Coréens sont devenus en quelques années des maîtres filmeurs dans le sens où, quelque soit la qualité globale des films, la mise en scène est la plupart du temps soignée et stylisée à l'extrême parfois, boursouflant pour le pire des scénarios creux ou sans intérêts, croyant donner ainsi de l'épaisseur là où il n'y a que vent, et pour le meilleur, lorsque la matière qui se cache derrière est plus consistante ; ce qui me semble le cas ici. Pareil, un petit plus par rapport à "The Red Shoes" : sa durée plus raisonnable (1h38), qui lui permet d'éviter l'ennui et la prétention, assez fréquents dans le traitement du genre.


A ce titre, la première demi-heure est extrêmement réussie, et les personnages exposés rapidement font qu'on adhère vite à "The Wig" pour mieux rentrer dans un jeu de miroir par la suite, un peu redondant il est vrai.
Assez vite, on a droit à quelques hallucinations (pour une fois inspirées) de l'héroïne malade, toutes dans le sens du poil (du cheveux, du film ?) et même souvent de toute beauté, avec parfois même des élans fantasmagoriques du meilleur goût (les visons des trois jeunes filles à l'arrière d'un car / la mort annoncée du petit ami), tandis qu'on pouvait s'attendre à des attaques de moumoute volante kitschissime à souhait, ou surtout à une tête basse de l'héroïne malade, recouverte de la dite moumoute et avançant lentement dans un couloir désaffecté, voir une baignoire, un puits, un lavabo, un bidet, un gant de toilette, un savon, je déraille, c'est pas grave...

 

 

Très vite donc, on a droit à l'une des plus belles scènes du film : "l'accident de voiture", en deux temps, qui voit Ji-Hyun se faire transpercer la gorge par les tiges de fer d'un camion transporteur situé devant elle. Le conducteur ayant freiné trop brusquement après avoir cru voir surgir une tête humaine dotée de la perruque sur son pare-brise avant (on peut comprendre au moins sa stupéfaction et son arrêt brutal), cette scène indique alors une belle intelligence derrière la caméra, ceci même si le procédé a déjà servi ailleurs (elle échappe au pire au premier choc, mais pas au second, lorsque qu'une voiture arrivant en trombe derrière la propulse à nouveau brutalement vers le camion, pour là, ne pas lui faire de cadeau).
Ensuite, s'en suit à la fois la partie la plus "profonde", mais aussi légèrement plus répétitive et ennuyeuse. "Profonde" car l'aînée, pour le coup devenue aphone, ce qui ne va pas arranger la communication entre les deux soeurs, va devenir jalouse de Su-Hyun, un peu trop rayonnante à son goût, ce via une concurrence pour le petit ami que cette dernière pourrait bien être en position de lui ravir. Les métamorphoses inverses des deux soeurs sont alors à la fois formidablement rendues et même culottées, vu le mal dont est atteint l'une d'elle, dans un traitement assez frontal du sujet clinique qui a tout pour mettre mal à l'aise le spectateur. Mais le film réussit le pari de faire passer la pilule, grâce à l'harmonie que parvient à insuffler Shin-Yun Won (je suis en général gêné avec les films mettant en scène le cancer ou autre maladie grave, et j'avoue que le réalisateur évite ici pas mal d'écueils).
Voir ainsi la grande soeur passer de protectrice à victime, puis jalouse maladive de sa soeur cancéreuse, est un défi difficile qui est relevé ici avec une grande délicatesse, et un art de l'ambiguïté distillé savamment. Si bien qu'on se doit à mon avis de suivre ce jeune metteur en scène. Un peu redondante aussi, l'intrigue pendant un bon moment en fait les frais et stagne dangereusement, jusqu'à amener "The Wig" à la lisière de l'ennui distingué, défaut évoqué au début de la critique et qui ne mine que trop le cinéma coréen d'aujourd'hui. Il m'a été difficile également de ne pas penser parfois là à l'excellent "Dead Ringers" de Cronenberg, dans le traitement psychanalytique et ses mutations, des personnages féminins.

 

 

Le film repart alors pour un final qui prend aux tripes, les scènes d'effroi et de gores se multiplient, toutes très réussies, pour culminer dans une scène de toilettes particulièrement flippante, sans oublier une mention spéciale à un grattage très profond de cuir chevelu. Je n'en dirai toutefois pas davantage car je ne pourrais alors que spoiler, alors que je préfère inciter l'éventuel lecteur à découvrir la chose, dont j'ai apprécié le final, qui même si on le voit un peu venir, reste proprement stupéfiant.
Ce qui nuit dangereusement au préalable à ce "The Wig" pourtant très estimable et moins prétentieux qu'un "A Tale of Two Sisters" par exemple, c'est surtout la mention de l'éditeur (Opening) sur la jaquette DVD : "Le nouveau chef d'oeuvre du Cinéma Fantastique !" qui finit par nuire au film, déjà que l'on est en droit d'avoir quelques préjugés sur le genre et toutes les séquelles qu'on a pu subir au préalable. Forcément, le film étant bon sans être un chef-d'oeuvre, il n'est pas exclu que cet argument commercial se retourne au final contre "The Wig", ce qui serait dommage, et contre les ventes du DVD, ce que je lui souhaite, via un bouche à oreille négatif car en deçà de ce que l'on prétend nous vendre.

 

Note : 6/10

 

Mallox
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