Ultime Violence
Titre original: La belva col mitra
Genre: Polar , Thriller
Année: 1977
Pays d'origine: Italie
Réalisateur: Sergio Grieco
Casting:
Helmut Berger, Marisa Mell, Richard Harrison, Francesco Bertuccioli, Marina Giordana, Luigi Bonos, Alberto Squillante...
Aka: Le fauve à la mitraillette (trad littérale) / The Mad Dog Killer
 

Le tueur sadique Nanni Vitali et trois autres truands s'évadent de prison. Le quatuor se lance dans une folie meurtrière, commettant vols qualifiés, viols, assassinats et prises d'otages. Pendant ce temps, l'inspecteur de police Giulio Santini cherche par tous les moyens à arrêter l'abjecte Vitali...

 

 

Ultime Violence est l'ultime film de Sergio Grieco qui décède la même année d'une crise cardiaque. Un réalisateur-artisan plutôt estimable à qui l'on doit de nombreux films d'aventures durant les années 50 et au début des années 60 avec, notamment, "Salammbô", "L'esclave de Rome" ou encore Jules César contre les pirates. Sa carrière se tourne ensuite d'avantage vers des récits d'espionnage, mettant notamment en scène l'agent Dick Malloy.
Evidemment, comme nombre de ses confrères, lorsque le poliziesco ou, plus largement, le polar, a le vent en poupe au milieu des années 70, dans une Italie en proie à la violence, Grieco surfe alors sur le genre. Un genre violent, sadique, excessif, aux règlements de compte expéditifs et aux vengeances vigoureuses, carrées, définitives. Grieco se plonge donc dans le récit purement criminel dès 1975 avec "One Man Against the Organization" puis, l'année suivante, "La nuit des excitées". En 1977, il tourne donc ce qui sera son chant du cygne, ce La belva col mitra, oeuvre qui, coïncidence aidant, arbore par bien des aspects des airs crépusculaires, la violence, comme suggérée par le titre français ne connaît dès lors plus de limites et devrait logiquement se faire l'écho du chaos régnant au sein la société italienne...



Las, force est de constater que l'opus de Grieco a du mal, outre son apparente démesure, à tenir debout. Le début pourrait annoncer un nouveau Cani arrabbiati avec ces malfrats à bord d'une voiture et des otages qui en feront les frais. L'arrêt violent à une station service où ils laissent quasiment pour mort le pompiste confirme cette impression. Pourtant, il n'émane pas de la pellicule du réalisateur le nihilisme qui suintait du film de Bava. Difficile de suivre les pérégrinations de Vitali et de sa bande de frappes.

Leur chemin va d'abord croiser celui de Giuliana, campée par Marisa Mell, la compagne de l'informateur. La balance finira brûlée à la chaux-vive, enterrée juste après tandis que Giuliana se fait violer sous ses yeux. Dès lors, Ultime violence a beau enchaîner les scènes de violence ultime, celles-ci vont petit à petit tomber à plat.

Le récit bifurque dans le non-sens dès lors que Vitali décide d'embarquer cette même Giuliana dans son périple. Devenue de force sa compagne, Vitali l'assujettit, à la fois en lui déclarant sa flamme, mais aussi en la terrorisant, en la menaçant de mort. Aussi, alors que le commissaire Santini est sur ses traces et ce vice-versa puisque, on l'apprend assez vite, c'est le propre père du policier qui l'a jadis épinglé, il se livre à d'invraisemblables confidences concernant un hold-up crucial à venir.
Un hold-up qui tournera étonnement au cauchemar puisque, bien qu'averti dans les moindres détails, Santini et ses hommes se feront malgré tout avoir, les balles de mitraillettes fusant alors en pleine usine jusqu'à tuer à bout portant une vieille femme. Ce n'est qu'ensuite, à l'issue d'un barrage de police, que certains parmi les gangsters se feront tuer. Pourtant, dans un accès de fureur, Vitali réussira à passer tandis que Giuliana, comme débarrassée de la menace, tout du moins pour un temps, accourra vers le flic pour se blottir dans ses bras.

 

 

Inutile d'aller plus loin, le scénario, outre ses invraisemblances, tombe alors dans une surcharge à la fois pompière et mélodramatique : le père et la sœur du flic en ligne de mire, Giuliana qui retrouvera un temps son père alors qu'ils ne se voyaient plus, la sœur de Vitali encore attachée à son jeune frère expliquant que celui-ci a toujours été "comme ça, turbulent et violent", des chemins de traverse censés humaniser des personnages dans un film où ceux-ci existent à peine.

Il est de plus difficile de croire au côté protecteur mollasson de Richard Harrison (arborant ici une tronche de camé) qui, outre dispenser la morale, semble faire bourde sur bourde, laissant échapper, comme en début de film, celui qu'il poursuit inlassablement.
Que dire d'un final où, après tant de meurtres, la morale du flicaillon voudra qu'au lieu de vouloir le tuer pour ses multiples massacres, il lui souhaitera de croupir en prison pour le restant de ses jours. On rappelle en passant que le personnage d'Helmut Berger en sort justement, qu'il s'en est évadé, et vu ce que la prison a fait de lui, un fou encore plus furieux qu'avant d'y rentrer (on souhaite bon courage aux autres prisonniers !), autant dire que c'est un choix pour le moins incongru, en plus d'un risque à prendre pour le moins étonnant.
C'est d'ailleurs à ce niveau que La belva col mitra échappe aux codes du Poliziesco où il est souvent rangé puisque jamais le personnage de Santini, pourtant meurtri lui aussi humainement, ne tombera dans l'auto-justice (par contre, ça ne le dérangera pas trop de prendre tant de risques de mettre ainsi en danger la vie d'autrui. Voir la scène de prise d'otages dans l'usine où il ne sourcille par un poil de cul d'avoir fait tuer par son incompétence une employée âgée).

 

 

Quant à Helmut Berger, déjà fadasse dans Un papillon aux ailes ensanglantées (et malgré ce qu'en dit jadis son compagnon Luchino Visconti), il est trop impénétrable ici pour qu'aucun de ses actes ne trouve sens. Du coup, au lieu de se faire l'écho ou le révélateur d'un chaos social existant, comme suggéré en début de chronique, Ultime Violence apparaît comme opportuniste, complaisant, ce qui ne constitue pas une infraction en soi, le pire demeurant surtout qu'il soit dénué de regard. Marisa Mell (Objectif 500 millions/Danger Diabolik !/Perversion Story), bien que plus touchante et crédible que le flic et le truand réunis, semble sacrifiée à l'aune du prétexte : celui d'un scénario facilement décryptable et d'une issue sans surprise.

Dommage, car dès son générique, lui-même agrémenté d'une efficace et obsédante musique de Umberto Smaila, il semblait mériter plus et mieux qu'une succession lassante de passages à tabac ainsi qu'une escalade sans vie dans l'enfer de la violence avec, en contrepoint, un flic aussi tarte et impuissant.

 

 

Mallox


En rapport avec le film :

# Plutôt prisé des amateurs de cinéma Bis, pour un avis plus enthousiaste, je vous conseille de lire la chronique d'un certain Philippe Chouvel sur Sueurs Froides.

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