Abattoir humain, L'
Titre original: Three on a meathook
Genre: Horreur , Psycho-Killer
Année: 1972
Pays d'origine: Etats-Unis
Réalisateur: William Girdler
Casting:
Charles Kissinger, James Pickett, Sherry Steiner...
Aka: Trois filles pour le boucher/ Le crochet du boucher
 

Quatre jeunes femmes décident d'aller passer un week-end entre filles au bord d'un lac. De la détente en perspective, balades et bains nus dans le lac au programme. Les voici de retour, tombant malheureusement en panne de voiture. Mais un jeune fermier des plus sympathiques vient à leur secours, leur proposant de les héberger pour la nuit, en attendant la réparation du véhicule. Les filles ne sont pas bégueules pour un sou et ne se font pas prier, elles acceptent volontiers. Petit problème le jeune fermier à un père un tantinet particulier...

 

 

William Girdler est un type épatant. Sincère et généreux, on aurait bien tort de bouder son plaisir, soit dit en passant.Toujours au rendez-vous à la vision de ses films : Abby, Asylum of satan, Day of the animals, Grizzly, The manitou ... j'en passe pour ne pas refaire sa filmographie, sont tous des films bancals mais sympathiques en diable. Three on a Meathook alias Trois filles pour le boucher ne déroge pas à la règle et se savoure sans modération. Pas de préambule interminable et c'est de plain-pied que s'ouvre le film. Nos quatre jeunes filles, très libérées par ailleurs, ce qui n'est pas sans pimenter le film d'un charme supplémentaire, passeront assez vite à la casserole. Décapitées ou éventrées, ne leur restera plus que le choix du menu qui ne leur appartiendra même plus puisqu'on s'apercevra assez vite, donc, que le père manie la hache avec précision et efficacité. En parlant du père, plus précisément Pa Towsend, il est campé de façon convaincante par Charles Kissinger, comparse de tous les films de Girdler, et qui fait ici fortement penser au Roberts Blossom d'une autre variation sur le même thème, l'excellent Deranged de Jeff Gillen et Alan Ormsby. A plusieurs reprises même, Trois filles pour le boucher évoque Deranged, notamment dans quelques plans fixes et quasi-documentaires assez similaires.

 

 

Certains déploreront peut-être la façon trop rapide, brutale ou presque syncopée dont se déroulent les meurtres. Non, Girdler en donne pour son argent, finalement juste ce qu'il faut pour marquer suffisamment la rétine, passer à autre chose, garder le cap et le rythme. Alors, bien sûr, on peut lui reprocher de s'attarder longuement sur des scènes de dialogues entre Pa Towsend et son fiston ; mais les dialogues y sont pourtant délectables, et font même un peu halluciner. Un doux vent de folie pince-sans rire plane et il fait du bien. De même, dans ces séquences de baignades où bien entendu les filles sont nues, présentes "roublardement" pour nous flatter l'oeil, tandis que de notre côté l'on se délecte aussi de les voir batifoler ainsi dans leur plus simple appareil. Il n'y a pas un plan où William Girdler n'essaie pas de vous donner quelque chose. Cette propension à donner, malgré d'évidentes maladresses ici et là, est à la fois touchante et respectable. Il n'a pas envie d'emmerder son public et va à l'essentiel. Toujours selon lui, car ce ne sont pas forcément des scènes en relation avec l'histoire, mais parfois des bifurcations à la durée indéfinie qui viennent s'insérer naïvement, tout en demeurant malgré tout des moments intéressants. En témoigne ce groupe Funky wah wah sur lequel il s'attarde au moins six bonnes minutes ,comme s'il arrêtait son film pour filmer un concert live. Pourtant, s'il ne fait pas avancer le schmilblick, le moment est intéressant car la musique est bonne. Un exemple révélateur tendant à démontrer que ses films ne tiennent pas tant sur la qualité de ses scénarios ou encore sa maîtrise de mise en scène, que grâce à une faculté à capter l'intéressant, le prenant, le révélateur d'un moment, d'une époque même. En s'autorisant ainsi le droit de s'arrêter, de prendre son temps, il s'érige ainsi en un artisan libre, ce qui le rend d'autant plus sympathique et attachant. Ses films sont finalement comme de petits "best of" remplis de choix inattendus et malicieux.

 

 

Pas la peine donc de s'arrêter sur les défauts techniques du film, qui sont en effet nombreux, avec des faux raccords visuels et sonores, un jeu d'acteurs assez singulier parfois, mais d'où le décalage dégage à nouveau un charme indéfinissable. Les scènes (comme les meurtres) y sont variés, et l'intérêt soutenu, n'est-ce pas là le principal ? Et puis, en parlant de ce film qui ressemble à une succession de petites chansons, il faut noter la très bonne composition du réalisateur qui en a assuré l'essentiel. Toujours en harmonie, elle parvient même à redonner assez d'unité à l'ensemble pour toujours rester crédible. Et c'est encore la marque d'une personnalité aimant mettre la main à la pâte. Il offrira peut-être un pain légèrement difforme à la fin, mais celui-ci sera bon. Une bonne petite série B dont la principale qualité reste sa générosité.

Note : 6/10

Mallox
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