Un jour qu'il taille le bout de gras avec une vache en papier mâché parquée dans une grange, le jeune Tip donne vie à un grand bonhomme avec des vêtements tout moche et une tête de citrouille qu'il baptise Jack. Jack quant à lui, appelle Tip son "papa".Trompant la vigilance de celle qui l'élève, la sorcière Mombi, il s'enfuie avec Jack pour la "Cité d'Emeraude" avoisinante en plein dedans la guerre. Une armée de majorettes commandée par Madame le Général Jinjur cherche à renverser le roi de la Cité, qui n'est autre que "l'Epouvantail". Bonjour "l'Epouvantail". Mais Tip veut pas que ça arrive car bon… Alors, quand soudain, il demanda de l'aide à "l'Homme de métal" et nul autre que "Wogglebug" qui a des gros yeux. En montant à ce moment là sur un sofa volant à tête de monstre avec ses copains il combatta les tyrannes et vainqua. Tout rentra dans l'ordre sauf que Mombi la sorcière transformit Tip en fille à la fin. FIN.
Si il est plutôt déconseillé de prendre le volant après lecture du résumé ci-joint (44, oui bon), il est absolument indispensable de ne pas conduire pendant les trois jours suivant le visionnage de ce film, le temps nécessaire pour recouvrer de la gueule de bois engendrée par ce spectacle d'une rare ampleur hallucinogène. C'est ainsi que Barry Mahon, maître ès-nudistploitation (The beast that killed women, c'était lui), se reconvertit dès la fin des années 60 dans le film pour enfants et accouche alors d'un concept totalement unique : la comédie musicale Z sous valium pour chérubins dépressifs. The wonderful land of Oz, adapté donc, vous l'aurez compris du roman mondialement célèbre de L. Frank Baum, n'est que le premier d'une longue lignée comprenant également "Thumbelina", "Jack and the Beanstalk (soit “Jack et le haricot magique”) ou encore "Santa and the ice cream bunny (mieux vaut ne pas traduire). Des perles sans le sou qui, outre leur nullité abyssale, ont en commun le même lieu de tournage : "Pirates World", un parc d'attractions situé en Floride aujourd'hui rasé à jamais. D'où les décors système D au design très enfantin. Mignon dans une production Disney, le rendu est tout autre chez un vieux cochon comme Mahon au background sexplosif encore tout récent, conférant inconsciemment à ses productions pour chiards un côté malsain, à condition d'avoir l'esprit un brin tordu, je l'avoue. D'autant plus qu'au sein de la figuration, il n'hésite pas à faire appel à quelques comédiens en provenance du circuit érotique d'alors. Sacré Barry. Le reste du casting est composé de parfaits inconnus, à l'exception notable de Michael R. Thomas dans les guenilles trouées de "l'Epouvantail", du reste celui qui tire le mieux sa paille du jeu. Les autres seconds rôles semblent s'adonner à une sorte de compétition interne dans la course au ridicule. C'est à celui qui coiffera les autres au poteau en matière d'outrance visuelle et de surjeu, voire de sous-jeu dans certains cas. En lice, la sorcière Mombi, campée sans aucune conviction par une certaine Zisca Baum (pas de la famille au Frank semble-t-il) ; "l'Homme de métal" (Al Joseph), bien encombré comme un con avec son armure en carton-pâte qui le gêne pour se déplacer et la gueule enfarinée pire qu'un transformiste issu du cabaret de Michou ; mais aussi l'inénarrable "Wogglebug" (Gil Fields), censé représenter…ben, on n'osait pas trop en fait. Un mini-short bleu qui ne dépareille pas avec son horrible veste, une moustache en papier et surtout deux putains de balles de golf peintes à la main qui font office d'yeux exorbités. La parfaite créature de cauchemar en somme.
J'imagine sans peine le paquet de têtes blondes à faire dans leur froc à chaque apparition de ce connard sur leur petit écran. Mais il ne peut y avoir qu'un seul vainqueur à ce jeu très disputé et ce gagnant, c'est sans conteste Jack la citrouille humaine, admirablement incarné par George Wadsworth, un inconnu appelé à le rester. Un grand couillon qui du haut de ses 2 mètres balance ses répliques l'air complètement démotivé. De toute façon, on ne comprend rien à ce qu'il baragouine vu que sa voix est à moitié étouffée par son masque de citrouille. Et quand il marche, tenez-vous bien, le Jack, il titube. On a sans cesse le sentiment qu'il va se croûter en cours de chemin. Nous n'avons pas affaire ici à un simple pochtron mais bel et bien à quelqu'un qui ne sait pas où il va (à part dans le mur)... Quelqu'un de littéralement aveuglé par le masque qu'il porte par exemple. Pauv' Jack. Et puis, il y a aussi le cas "Chan Mahon". Nul autre que le fils de son réalisateur de père, propulsé dans le rôle principal, celui de Tip. Problême de taille : il joue comme une patate. Se contentant de réciter de façon monotone son texte et jamais dans le ton, le fiston parait ailleurs... dans la drogue peut-être. Pas top le type et même pas tip-top le Tip. Sa présence à l'écran est magnifiée je dirais lors des très rares (et ce n'est pas un mal) passages musicaux où cette fois, il fait part à son audience de son incapacité à chanter correctement mais sur ce point, il est excusable tant les chansons redoublent de crétinerie. Aucun refrain mémorable à relever, aucun dynamisme dans les mélodies. Juste de la froideur bonne à se pendre.
En 1969, le sexe s'affiche partout, la musique rock est à son apogée, et la défonce légalisée dans tous les milieux. C'est aussi l'année de sortie de The wonderful land of Oz. Quel rapport donc entretient cette époque en pleine libération des moeurs et une bande inoffensive s'adressant aux enfants ? Trois fois rien à prime abord. Il suffit simplement de gratter quelque peu la couche supérieure pour trouver la décadence qui y sommeille. Le film de Mahon est tout cela à la fois. La part de sexualité, en dehors de l'emploi de starlettes de la sexploitation, est représentée ici sous une forme souterraine par des rapports quasi-freudiens entre certains personnages (Jack, à la morphologie d'adulte malgré sa tronche de cul, considère Tip comme son père ; à la fin du récit, Tip est changé en fillette, etc.) ; Selon sa propre perception, le film peut s'apparenter à un gigantesque voyage au pays du LSD, un trip où des personnages barbouillés de la tête aux pieds évoluent dans un univers factice aux maisons difformes ; Enfin quoi de plus rock n' roll qu'une oeuvre nageant à contre-courant, personnifié par ce "j'menfoutisme" général. Déjà trois bonnes raisons pour voir Wonderful Land of Oz. Pas mal pour un film merdique tout de même. Quel génie ce Barry !
Throma