Human beasts
Titre original: El Carnaval de las bestias
Genre: Horreur , Thriller , Action
Année: 1980
Pays d'origine: Espagne
Réalisateur: Paul Naschy (Jacinto Molina)
Casting:
Paul Naschy, Eiko Nagashima, Silvia Aguilar, Azucena Hernandez, Julia Saly, Lautaro Murua...
Aka: The Beasts'Carnival
 

Bruno Rivera est un mercenaire vendant ses services au plus offrant. Lors d'un séjour à Hong-Kong, il rencontre Mieko et s'éprend d'elle. La jolie japonaise tombe aussi amoureuse de l'occidental. Cette rencontre ne s'est pas cependant faite par hasard, mais a été facilitée par une organisation occulte dirigée par Taro, le frère de Mieko. Taro est un idéaliste, un farouche partisan du désarmement, qui manque cruellement de fonds pour financer son groupuscule. Il a dans un premier temps demandé à sa soeur d'approcher Rivera afin de voir si celui-ci pourrait constituer un allié de poids. Il n'imaginait pas que Mieko et le mercenaire finiraient dans les bras l'un de l'autre. La jeune femme est même tombée enceinte, ce qui l'a poussé à dire la vérité à Bruno quant à l'origine de leur rencontre. Rivera accepte de les aider. Il rencontre Taro, et ce dernier le met sur un coup. Un chargement de diamants doit être convoyé par une compagnie d'Amsterdam. Le circuit que doit emprunter le véhicule est connu de l'organisation. Il reste à neutraliser les gardes du corps et récupérer la mallette. Une mission taillée pour le mercenaire; et sa dernière, car Taro lui fait promettre qu'après ce coup il épousera Mieko avant de partir à l'étranger et fonder une famille.

 

 

Le braquage a donc bien lieu sur une route isolée en lisière de forêt. Rivera supprime non seulement les gardes mais aussi le diamantaire, au grand dam des japonais. La tentation est trop forte : Rivera, lorsqu'il voit les diamants, s'en empare, et élimine les membres du groupe, à l'exception de Mieko et de son frère, qu'il épargne.

Une course-poursuite s'engage alors. A contre coeur, Taro est obligé de prendre les armes. Rivera est traqué sans relâche. On retrouve sa piste en Espagne, près des ruines d'un château. Une fusillade éclate. Taro est tué. Bien que gravement blessé, Rivera parvient à prendre la fuite. Folle de rage et de douleur, Mieko fait le serment de le tuer, mais elle perd sa trace. Avant de perdre connaissance en rase campagne, Rivera a le temps d'enterrer les diamants.

Lorsqu'il se réveille, il est alité. On a soigné ses blessures, extrait les balles qui avaient meurtri sa chair. Trois personnes au visage affable se tiennent debout à son chevet : Don Simon, un médecin, et ses deux filles Alicia et Monica. Une famille exemplaire soucieuse de remettre sur pied le mercenaire, sans lui poser de questions indiscrètes, et sans demander le moindre dédommagement. Une situation qui paraît trop belle pour être vraie.

 


Personne n'échappe au destin de la mort, c'est en gros ce qu'avait voulu exprimer Pieter Brueghel lorsqu'il avait peint "Le Triomphe de la Mort" en 1562, oeuvre saisissante influencée par Jérome Bosch, et qui apparaît au générique de "Human Beasts", accompagné d'une musique que Naschy a emprunté au maestro Morricone, à savoir le superbe "Dies Irae Psichedelico" composé en 1968 pour le film "Escalation".

Oui, la mort est notre lot à tous, et la vie est parsemée d'embûches et de désillusions avant cette épreuve finale, tel est le constat amer que dresse l'acteur et réalisateur en cette fin de décennie (des années 70). Déçu par le milieu du cinéma, les coups-bas, les mesquineries et les trahisons qu'il n'a cessé d'essuyer de la part de ses confrères, Paul Naschy a décidé de régler ses comptes par le biais de la pellicule, mettant en exergue tous les travers de l'homme. Nul doute qu'à travers "Human Beasts", l'être humain, quelles que puissent être ses origines et ses motivations, est perçu d'une manière radicalement négative, à l'exception de Mieko et Taro. Démarche compréhensible, dans la mesure où Naschy a retrouvé un second souffle au Japon, et fait connaissance avec des gens pour qui l'amitié aura enfin un sens. Un lien facilité par l'actrice et danseuse de flamenco Julia Saly, très proche du producteur du film, Masurao Takeda.

 


Voilà pour la toile de fond. Pour ce qui est de la forme, "Human Beasts" ne s'apparente pas, en fait, à un genre particulier. C'est même un film hybride, plutôt hétéroclite, qui commence comme un pur film d'action, se poursuit en thriller avant de s'achever en film d'horreur. Original, oui et non, car si la trame n'a pas vraiment d'équivalent, l'acteur/réalisateur pioche de temps à autres quelques idées au sein d'oeuvres dans lesquelles il avait précédemment joué.

En cela, la partie thriller de "Human Beasts" se passe en huis-clos dans la demeure du médecin et de ses deux filles. L'une est nymphomane, l'autre semble plus fonctionner à l'affectif. On pense alors à "Blue Eyes of the Broken Doll", sauf que le trio est ici constitué d'un homme et deux femmes, et que le personnage central est physiquement diminué, ce qui modifie considérablement le ressort dramatique de l'action. La dernière partie, qui plonge le spectateur dans l'horreur, ramène aussi à un classique des années 70… mais n'en disons pas plus.

Malgré cette alternance de genres, le film possède une certaine dynamique, et comporte son lot de surprises. Il manque cependant, et de toute évidence, un peu de rigueur et de talent à Paul Naschy pour qu'on puisse le considérer comme un metteur en scène d'exception. Mais il puise ses idées dans le cinéma de genre qu'il affectionne (et nous aussi), et s'entoure une fois encore d'actrices proches de lui comme Julia Saly ("Inquisition", "Panic Beasts"), Azucena Hernandez et Silvia Aguilar ("El Caminante"). Toutes les trois seront d'ailleurs à nouveau réunies dans "Night of the Werewolf" l'année suivante.

 

 

Malgré d'évidentes maladresses, on retiendra avant tout, dans "Human Beasts", un portrait peu flatteur de l'homme, culminant dans le banquet final, où les invités déguisés comme dans un bal masqué, mangent et se comportent bien plus mal que les porcs confinés dans un enclos situé non loin de là. C'est en tout cas l'occasion de découvrir Paul Naschy dans un rôle de salaud (même si en quête de rédemption), ce qui est plutôt inhabituel, dans ce film qui n'a pas eu les faveurs des salles de cinéma françaises. Il est toujours appréciable de voir évoluer cet acteur sympathique qui fut plus qu'"El Hombre Lobo".

 

Note : 6,5/10


Flint
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