Mystères de Londres, Les
Titre original: Die toten Augen von London
Genre: Krimi
Année: 1961
Pays d'origine: Allemagne
Réalisateur: Alfred Vohrer
Casting:
Joachim Fuchsberger, Karin Baal, Eddi Arent, Dieter Borsche, Klaus Kinski, Ady Berber...
Aka: Les yeux noirs de Londres / Dark Eyes of London / Gli occhi di Londra / Dead Eyes of London
 

La police londonienne repêche le corps d'un homme dans la Tamise. Il s'agit d'un certain Richard Porter, domicilié à Melbourne, âgé de soixante six ans. Bien que le médecin légiste estime cette mort comme accidentelle (noyade probablement consécutive à une chute), une enquête est ouverte, confiée à l'inspecteur Larry Holt (Joachim Fuchsberger). En effet, on a retrouvé deux objets curieux sur la victime : une cordelette attachée à l'une de ses jambes, et un morceau de papier dans une poche de son manteau. Le papier en question comportant des inscriptions en braille, Holt se met en quête d'une personne experte dans ce système d'écriture à l'usage des aveugles. C'est ainsi qu'il fait la connaissance de Nora Ward (Karin Baal), une ancienne infirmière. Le policier est persuadé que Porter a été assassiné, d'autant plus que ces derniers temps, d'autres gens, tous riches et d'un certain âge, ont été retrouvés flottant sur la Tamise. Les notes en braille conduisent Holt vers une institution religieuse pour mendiants atteints de cécité, dirigée par le révérend Paul Dearborn (Dieter Borsche), lui aussi aveugle.

 


Après avoir réalisé quelques drames, Alfred Vohrer met en boite un krimi en cette année 1961, le premier d'une longue série en collaboration avec la célèbre firme Rialto. "Les mystères de Londres" a pour héros la vedette des précédents krimis tournés par Harald Reinl, à savoir Joachim Fuchsberger, qui était donc déjà présent dans "La Grenouille attaque Scotland Yard" (1959, premier de la série Rialto) et "Scotland Yard contre le Masque" (1960). Comme ce sera souvent le cas, Fuchsberger incarne un flic intuitif. Son partenaire n'est autre qu'Eddi Arent, également une figure incontournable du krimi, puisqu'on le verra dans vingt trois des trente trois films produits par la Rialto, un record absolu. Eddi Arent est ici l'élément comique du film, mais l'humour dont il fait preuve n'a rien à voir avec celui du Sir John interprété par Siegfried Schürenberg dans d'autres opus.

Les autres protagonistes des "Mystères de Londres" sont d'ailleurs des piliers du genre, qu'il s'agisse de Karin Baal ("Le château des chiens hurlants"), Dieter Borsche ("Le Crapaud masqué", "Le bourreau de Londres", "Le fantôme de Soho"), sans oublier Klaus Kinski, évidemment. Ce dernier n'a là qu'un second rôle, mais déjà son jeu et son attitude inquiétante font merveille.

Néanmoins, Kinski parvient à se faire voler la vedette par un autre "bad guy" : Ady Berber, un géant à la carrure colossale qui fut lutteur professionnel dans les années 1940/50. Dans le rôle d'un exécuteur aveugle de basses besognes, sa silhouette gigantesque se découpe dans le brouillard épais ayant envahi les rues de Londres. Son visage presque chauve et ses yeux vides rappellent évidemment un autre lutteur professionnel reconverti dans le cinéma de genre : le suédois Tor Johnson, immortalisé grâce aux "Night of the Ghouls" et "Plan 9 from Outer Space" d'Ed Wood Jr.

 


"Les mystères de Londres" est donc adapté d'un roman d'Edgar Wallace : "The testament of Gordon Stewart". Cet ouvrage avait déjà connu une adaptation au cinéma en 1940 par Walter Summers, appelée "The Dark Eyes of London", mais connue aussi sous le titre "The Human Monster", et dans laquelle jouait l'inoubliable Bela Lugosi.

La version d'Alfred Vohrer est pour le moins alambiquée, le cinéaste nous entraînant de fausses pistes en rebondissements jusqu'au dénouement. Vohrer passe en revue bon nombre des thèmes consacrés au genre : enfant illégitime, personnes soit disant mortes et qui ne le sont pas, maître chanteur, pièges ingénieux, et évidemment le plan machiavélique mis en place par le grand méchant. On est dans l'esprit d'un Docteur Mabuse, et l'ambiance est d'ailleurs fort bien retranscrite, avec ce brouillard, les sirènes des bateaux sur la Tamise, les ruelles désertes et sinistres, le bruit des pas sur les pavés... On notera au passage un plan pour le moins curieux montrant un homme se lavant les dents avec un jet dentaire sorti tout droit de la mallette d'un savant fou. La caméra nous montre la scène vue de l'intérieur de la mâchoire de l'individu. Une "excentricité" du réalisateur qui n'est pas vraiment utile mais a au moins le mérite de surprendre.

Si l'on excepte le plan mis en place par le méchant, complètement farfelu et irréalisable, et quelques scènes assez plates où l'intensité retombe quelque peu, "Les mystères de Londres" est dans l'ensemble un krimi de bonne facture, et suffisamment original pour qu'on s'y plonge.

 


Note : 7/10

 
Flint
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