Flagellations - Artus Films
Écrit par Flint   

 

 

Région : Zone 2 PAL (dvd) - B (blu-ray)



Éditeur : Artus Films
Pays : France

Sortie film : 28 mars 1974 (4 janvier 1984 en France)
Sortie dvd : 6 mars 2018

Durée : 98 mn (dvd) - 102 mn (blu-ray)
Image : 1.66:1 - 16/9e compatible 4/3
Audio : Dolby Digital 2.0

Langues : anglais, français
Sous-titres : français


Bonus :
- "La maison des sévices", par David Didelot (60'53)
- Bande-annonce originale (2'23)

 

 

* Vous pouvez cliquer sur chacune des captures pour afficher leur taille réelle.

 

 

Commentaire : Pour les fans francophones de Pete Walker (et ils sont nombreux), l'année 2018 sera à marquer d'une pierre blanche, avec la sortie des trois meilleurs longs métrages du réalisateur : "Frightmare" (chez Uncut Movies), "Mortelles confessions" et Flagellations par Artus Films. C'est peu dire que les films de Pete Walker ont été mal distribués en France. Et si l'on prend l'exemple du film qui nous concerne ici, il n'est sorti dans les salles de cinéma qu'en 1984, et deux ans plus tard en vidéo chez un éditeur quasi-inconnu, Andela Video, sous le titre farfelu de Mutilator (sans le moindre rapport, évidemment, avec "The Mutilator" de Buddy Cooper). Qui plus est, la version française de House of Whipcord fut sérieusement amputée, de presque un quart d'heure.

 

 

Plus tard, avec l'avènement du dvd puis du blu-ray, House of Whipcord connut une seconde jeunesse, du moins dans certains pays. Citons avant tout Kino Lorber et sa filiale Redemption Films (pour ce qui concerne le cinéma de genre), éditeur américain ayant sorti en blu-ray quatre œuvres du réalisateur britannique en 2012 (Die Screaming Marianne, House of Whipcord, Schizo et "The Comeback") puis six autres en 2015 ("The Big Switch", "Man of Violence", "The Flesh and Blood Show", "Frightmare", "House of Mortal Sin" et "Home Before Midnight"), soit les deux-tiers des longs métrages réalisés par le cinéaste. Auparavant, Flagellations et certains autres titres parmi les plus célèbres de Pete Walker avaient été commercialisés par Anchor Bay (la filiale anglaise, en dvd) dans un coffret en forme de cercueil.

 

 

Cette reconnaissance légitime de la filmographie de Pete Walker, concentrée jusqu'ici dans les pays anglophones, s'étend enfin chez nous, notamment par le biais d'Artus Films, qui a donc sorti Flagellations et "Mortelles confessions" dans un écrin classique mais néanmoins précieux. Une sortie qui constitue d'ailleurs un double événement, puisqu'il s'agit là des premiers blu-ray issus du catalogue de l'éditeur. Un nouveau départ pour le duo héraultais qui va d'ailleurs poursuivre dans cette voie avec les futures sorties de trois films emblématiques de Lucio Fulci dans des éditions luxueuses, à savoir L'Enfer de zombies, L'Au-delà et Frayeurs, suivis de trois films de Jesus Franco ("Les Expériences érotiques de Frankenstein", Les Démons et "La Fille de Dracula").

 

 

Mais pour en revenir à House of Whipcord, il n'est pas inutile de préciser que le travail effectué est satisfaisant, tant au niveau de l'image, sans défauts, que des deux pistes sonores (l'anglaise d'origine et la française). A propos des nombreux passages coupés à l'origine dans la version française (une douzaine environ, dont une bonne moitié dans la première demi-heure du métrage), qui concernaient exclusivement des scènes de dialogues importantes pour la compréhension de l'intrigue, on appréciera la qualité des sous-titres français créés pour cette édition.

 

 

Et puis, n'oublions pas les bonus, au nombre de deux, une anecdotique bande-annonce originale et un entretien "fleuve" avec David Didelot, cinéphile accompli et entre autres créateur du fanzine Vidéotopsie. Un David intarissable sur Pete Walker et exposant son sujet durant une heure. Ce qui pourrait paraître long ne l'est pas et le temps passe vite à écouter DD parler de Pete Walker, passer en revue sa filmographie, s'attarder sur sa rencontre primordiale avec le scénariste David McGillivray, analyser la manière de travailler du réalisateur, son style atypique, et comment il a personnifié la transition entre le cinéma fantastique classique et l'horreur moderne.
David Didelot en profite pour citer quelques films d'autres réalisateurs issus de cette mouvance, puis revenir sur la personnalité ambiguë de Pete Walker, bien plus complexe qu'elle n'y paraît. Il n'oublie pas non plus d'évoquer le contexte social qui régnait en Angleterre à cette époque, avec la peine de mort supprimée quelques années auparavant et une résurgence des valeurs chrétiennes, symbolisée par des personnalités comme Mary Whitehouse ("Hey you Whitehouse, ha ha charade you are", chantera d'ailleurs Pink Floyd quelques années plus tard dans l'album "Animals").

 

 

Enfin, il évoque la distribution de Flagellations à l'étranger, ses divers titres d'exploitation, son casting et, plus intéressant encore, pourquoi ce film est si difficile à classer dans un genre particulier. Une analyse longue, précise et passionnante, en résumé, avec en plus une touche d'humour lorsque David cite l'un des films de sexploitation correspondant à la première partie de carrière du réalisateur, à savoir "Cool It, Carol !" traduit en France par "Rien ne vaut la première fois", ce à quoi notre orateur conclut par un "... ce qui et loin d'être sûr" qui a eu pour effet de me déclencher un fou rire. Cette petite note de bonne humeur fera office de conclusion, je ne saurais trop vous conseiller de vous précipiter sur les sorties de ces œuvres réalisées par un cinéaste original, inclassable, à la filmographie certes inégale mais dans laquelle figure quelques chefs-d’œuvre, dont House of Whipcord figure au plus haut rang.

 

 

Note : 8,5/10



En rapport avec le combo :

# La Critique de Flagellations

# Quelques captures supplémentaires :