Les succès récents de la Bit-Lit et de Walking Dead ont remis au goût du jour trois grandes figures du fantastique et de l'horreur : le vampire, le loup-garou et le mort-vivant. Les amateurs auront noté l'absence d'une quatrième grande figure pourtant habituée à hanter les pages de ses genres favoris : le fantôme. Autant dire que cette anthologie dirigée par Peggy Van Peteghem, actuelle directrice de la collection Lokomodo, et Thomas Riquet, déjà responsable de l'anthologie Eternelle Jeunesse, vient à point nommé pour les remettre au goût du jour.C'est donc David Bry qui ouvre les hostilités avec une émission de télé-réalité où des morts vont s'affronter afin d'obtenir le droit de revenir hanter leurs proches, qui bien souvent semblent les avoir assassiné. Le sordide fait vendre aussi dans l'au-delà. Pourtant le texte, à mi-chemin entre une Star Academy hystérique et Beetlejuice est particulièrement drôle. Autre texte à mourir de rire, celui de Gudule, "Ce que je veux c'est tutoyer Victor Hugo", dresse un portrait acide du monde littéraire "classique" où tout le monde en prend pour son grade. Il vaut mieux se méfier des auteurs morts, ils sont revanchards. Mais d'autres morts ont d'autres qualités. Ainsi chez Elodie Meste, on croisera l'incontournable figure de la Dame Blanche, toujours prête à sauver des vies et à jouer les entremetteuses, malgré une petite jalousie. Et pendant qu'on parle d'accident de voiture, on va parler de la nouvelle de Vincent Mondiot où une jeune femme retrouve deux de ses amis décédés dans une collision. Ces deux textes sont très différents, effrayant pour le premier et brutal pour le second, malgré un thème similaire et une violence commune due à leur tragédie.D'accident, il en sera aussi question dans "Dans le brouillard", la nouvelle de Guillaume Appy et Florian Deconinck où un alpiniste va se retrouver à en poursuivre un autre durant une ascension aussi épique que dangereuse. L'escalade n'étant pas un sport de tout repos, cette nouvelle qui évoque autant Frison-Roche que les histoires de fantômes se révèle assez surprenante et épique. Si l'escalade est une passion, les livres en sont une autre et elle est au centre du texte de Claude Bolduc. Un collectionneur, de la catégorie des obsessionnels, va se retrouver à posséder des collectors, des premières éditions de livres introuvables, datant parfois de plus d'un siècle. Une nouvelle horrifique très efficace. Et pour continuer avec l'horrifique, on va parler de la nouvelle de Nathalie Dau, "Dans trois jours nous nous retrouverons", où une fillette dont la mère vient de décéder va se retrouver coincée entre un père qui se réfugie dans l'alcool et une nurse anglaise particulièrement sadique. Son seul espoir est de revoir sa mère qui lui a promis de revenir dans trois jours. Dans cette histoire, il n'y aura pas que les morts qui seront des monstres. Utilisant le folklore irlandais, Nathalie Dau met en scène un conte très effrayant. Chez Julien d'Hem, il ne faut pas vouloir acheter un manoir, surtout s'il est hanté par des médecins et infirmières qui n'ont plus rien d'humain. Ce texte d'épouvante est assez classique et plutôt sanglant, même si la terreur arrive à s'infiltrer insidieusement entre les lignes. Dans "Trames » d'Antoine Lencou, il y sera aussi question d'une mère décédée, en couche cette fois et dans un monde où on ne meurt plus normalement, mais les bugs informatiques arrivent parfois. Avec ce texte intriguant, Fantômes et monde virtuel se côtoient pour le meilleur et le pire au grand dam des vivants Puisqu'on parle du futur, on va en profiter pour parler des textes de Jess Kaan, Vanessa Terral et Rémy Guyard. Le premier met en scène un opérateur et son contrôleur qui doivent vérifier un androïde dans une zone contaminée, l'humanité ayant quasiment disparu dans une pandémie, mais la mission ne va pas se dérouler comme prévu. Le mélange de SF et d'épouvante proposé par Jess Kaan est terriblement efficace, difficile de lâcher ce texte avant de l'avoir fini. Ensuite Vanessa Terral nous conte l'histoire d'un mécanicien embarqué dans un vaisseau spatial qui va se retrouver hanté par une sorcière brûlée pour avoir protégé des chats. Ce texte en huis-clos mets donc en scène des morts et des matous ainsi que les liens qui les unissent. Enfin, "la solitude des machines" de Rémy Guyard mets en scène des pirates de l'espace qui vont se lancer à l'abordage d'un étrange et énorme vaisseau abandonné, sorte de hollandais volant de l'espace. Ce texte, à la fois épique et angoissant, confronte le vide de l'espace et les morts que le hanteront. Rémy Guyard livre ici autant un récit de piraterie avec tout ce qu'on peut en attendre qu'une histoire de maison hantée, un vrai plaisir ! Après avoir visité le futur, on va s'attaquer au passé avec Anthony Boulanger, Céline Guillaume et Christian Vilà. Le premier livre une saga viking avec son histoire d'enfant revenant. Cette nouvelle très poétique sent bon l'hydromel, les drakkars et le froid norvégien, une saga digne d'Odin. Céline Guillaume s'intéresse quant à elle à un jeune chevalier mélancolique qui va croiser le grand amour lors d'une ballade. En retournant demander sa main, il va découvrir une sinistre vérité. Céline Guillaume livre ici une histoire courte et romantique, puisque même les revenants ont le droit à leur histoire d'amour. Christian Vilà s'intéresse pour sa part à un historien et à un étrange manuscrit qui semble se modifier tout seul. Plus qu'une histoire de fantôme, c'est une histoire de réincarnation que signe son auteur, mais elle trouve portant sa place dans cette anthologie, par les étranges rêves qui hantent le héros et qui le renvoient dans le passé.Plus contemporain et surtout plus ancré dans le social, Lionel Davoust et Jeanne-A Debats utilisent des sujets d'actualité pour mieux nous surprendre. Chez le premier, il sera question d'un homme qui va prendre un otage pour sauver son entreprise, mais son otage est un ex-petite-amie et même son premier amour. Avec sa nouvelle, Lionel Davoust nous rappelle avec subtilité qu'il n'y a pas que les morts qui peuvent nous hanter. Ce texte fantastique joue avec une fibre émotionnelle et nostalgique d'une manière très efficace. Chez Jeanne-A Debats, il est question d'une jeune femme maghrébine, aussi fraîchement mariée qu'arrivée en France. Essayant de s'adapter comme elle peut, elle va croiser sa jeune et excentrique voisine et découvrir un étrange mémorial. Jeanne-A Debats utilise une histoire de fantôme pour nous parler de l'Histoire récente et de la bêtise du monde contemporain. Cette nouvelle colle une série d'uppercuts au lecteur pour mieux le laisser KO, la nouvelle coup de poing de cette anthologie. A noter que les textes de ce collectif sont entrecoupés de micro-nouvelles, des textes allant d'un paragraphe à une page maximum, écrites par Jacques Fuentealba. Parfois humoristiques, parfois philosophiques, elles sont pleines d'un bon sens commun et d'une acidité qui les rend souvent amusantes, même quand elles racontent les pires horreurs.Pour finir, on a le droit à une petite présentation du sommaire de la seconde anthologie et, en toute honnêteté, on y croisera également de belles plumes. Allez, un petit défaut, les transitions entre nouvelles et micro-nouvelles sont parfois un peu abrupte, manquant d'une vrai séparation. Cette anthologie de qualité nous présente donc des fantômes effrayants, tristes, cyberpunks, amoureux, rancuniers, drôles et même joueurs. Bref, ils cumulent les sentiments et comportements qu'ils pouvaient avoir de leur vivant. De là à dire que ces fantômes sont vivants, il n'y a plus qu'un pas à franchirNote : 9/10 Stegg A propos de ce livre : - Site de l'éditeur : http://www.editions-asgard.com/
Les succès récents de la Bit-Lit et de Walking Dead ont remis au goût du jour trois grandes figures du fantastique et de l'horreur : le vampire, le loup-garou et le mort-vivant. Les amateurs auront noté l'absence d'une quatrième grande figure pourtant habituée à hanter les pages de ses genres favoris : le fantôme. Autant dire que cette anthologie dirigée par Peggy Van Peteghem, actuelle directrice de la collection Lokomodo, et Thomas Riquet, déjà responsable de l'anthologie Eternelle Jeunesse, vient à point nommé pour les remettre au goût du jour.C'est donc David Bry qui ouvre les hostilités avec une émission de télé-réalité où des morts vont s'affronter afin d'obtenir le droit de revenir hanter leurs proches, qui bien souvent semblent les avoir assassiné. Le sordide fait vendre aussi dans l'au-delà. Pourtant le texte, à mi-chemin entre une Star Academy hystérique et Beetlejuice est particulièrement drôle. Autre texte à mourir de rire, celui de Gudule, "Ce que je veux c'est tutoyer Victor Hugo", dresse un portrait acide du monde littéraire "classique" où tout le monde en prend pour son grade. Il vaut mieux se méfier des auteurs morts, ils sont revanchards. Mais d'autres morts ont d'autres qualités. Ainsi chez Elodie Meste, on croisera l'incontournable figure de la Dame Blanche, toujours prête à sauver des vies et à jouer les entremetteuses, malgré une petite jalousie. Et pendant qu'on parle d'accident de voiture, on va parler de la nouvelle de Vincent Mondiot où une jeune femme retrouve deux de ses amis décédés dans une collision. Ces deux textes sont très différents, effrayant pour le premier et brutal pour le second, malgré un thème similaire et une violence commune due à leur tragédie.D'accident, il en sera aussi question dans "Dans le brouillard", la nouvelle de Guillaume Appy et Florian Deconinck où un alpiniste va se retrouver à en poursuivre un autre durant une ascension aussi épique que dangereuse. L'escalade n'étant pas un sport de tout repos, cette nouvelle qui évoque autant Frison-Roche que les histoires de fantômes se révèle assez surprenante et épique. Si l'escalade est une passion, les livres en sont une autre et elle est au centre du texte de Claude Bolduc. Un collectionneur, de la catégorie des obsessionnels, va se retrouver à posséder des collectors, des premières éditions de livres introuvables, datant parfois de plus d'un siècle. Une nouvelle horrifique très efficace. Et pour continuer avec l'horrifique, on va parler de la nouvelle de Nathalie Dau, "Dans trois jours nous nous retrouverons", où une fillette dont la mère vient de décéder va se retrouver coincée entre un père qui se réfugie dans l'alcool et une nurse anglaise particulièrement sadique. Son seul espoir est de revoir sa mère qui lui a promis de revenir dans trois jours. Dans cette histoire, il n'y aura pas que les morts qui seront des monstres. Utilisant le folklore irlandais, Nathalie Dau met en scène un conte très effrayant. Chez Julien d'Hem, il ne faut pas vouloir acheter un manoir, surtout s'il est hanté par des médecins et infirmières qui n'ont plus rien d'humain. Ce texte d'épouvante est assez classique et plutôt sanglant, même si la terreur arrive à s'infiltrer insidieusement entre les lignes. Dans "Trames » d'Antoine Lencou, il y sera aussi question d'une mère décédée, en couche cette fois et dans un monde où on ne meurt plus normalement, mais les bugs informatiques arrivent parfois. Avec ce texte intriguant, Fantômes et monde virtuel se côtoient pour le meilleur et le pire au grand dam des vivants Puisqu'on parle du futur, on va en profiter pour parler des textes de Jess Kaan, Vanessa Terral et Rémy Guyard. Le premier met en scène un opérateur et son contrôleur qui doivent vérifier un androïde dans une zone contaminée, l'humanité ayant quasiment disparu dans une pandémie, mais la mission ne va pas se dérouler comme prévu. Le mélange de SF et d'épouvante proposé par Jess Kaan est terriblement efficace, difficile de lâcher ce texte avant de l'avoir fini. Ensuite Vanessa Terral nous conte l'histoire d'un mécanicien embarqué dans un vaisseau spatial qui va se retrouver hanté par une sorcière brûlée pour avoir protégé des chats. Ce texte en huis-clos mets donc en scène des morts et des matous ainsi que les liens qui les unissent. Enfin, "la solitude des machines" de Rémy Guyard mets en scène des pirates de l'espace qui vont se lancer à l'abordage d'un étrange et énorme vaisseau abandonné, sorte de hollandais volant de l'espace. Ce texte, à la fois épique et angoissant, confronte le vide de l'espace et les morts que le hanteront. Rémy Guyard livre ici autant un récit de piraterie avec tout ce qu'on peut en attendre qu'une histoire de maison hantée, un vrai plaisir ! Après avoir visité le futur, on va s'attaquer au passé avec Anthony Boulanger, Céline Guillaume et Christian Vilà. Le premier livre une saga viking avec son histoire d'enfant revenant. Cette nouvelle très poétique sent bon l'hydromel, les drakkars et le froid norvégien, une saga digne d'Odin. Céline Guillaume s'intéresse quant à elle à un jeune chevalier mélancolique qui va croiser le grand amour lors d'une ballade. En retournant demander sa main, il va découvrir une sinistre vérité. Céline Guillaume livre ici une histoire courte et romantique, puisque même les revenants ont le droit à leur histoire d'amour. Christian Vilà s'intéresse pour sa part à un historien et à un étrange manuscrit qui semble se modifier tout seul. Plus qu'une histoire de fantôme, c'est une histoire de réincarnation que signe son auteur, mais elle trouve portant sa place dans cette anthologie, par les étranges rêves qui hantent le héros et qui le renvoient dans le passé.Plus contemporain et surtout plus ancré dans le social, Lionel Davoust et Jeanne-A Debats utilisent des sujets d'actualité pour mieux nous surprendre. Chez le premier, il sera question d'un homme qui va prendre un otage pour sauver son entreprise, mais son otage est un ex-petite-amie et même son premier amour. Avec sa nouvelle, Lionel Davoust nous rappelle avec subtilité qu'il n'y a pas que les morts qui peuvent nous hanter. Ce texte fantastique joue avec une fibre émotionnelle et nostalgique d'une manière très efficace. Chez Jeanne-A Debats, il est question d'une jeune femme maghrébine, aussi fraîchement mariée qu'arrivée en France. Essayant de s'adapter comme elle peut, elle va croiser sa jeune et excentrique voisine et découvrir un étrange mémorial. Jeanne-A Debats utilise une histoire de fantôme pour nous parler de l'Histoire récente et de la bêtise du monde contemporain. Cette nouvelle colle une série d'uppercuts au lecteur pour mieux le laisser KO, la nouvelle coup de poing de cette anthologie. A noter que les textes de ce collectif sont entrecoupés de micro-nouvelles, des textes allant d'un paragraphe à une page maximum, écrites par Jacques Fuentealba. Parfois humoristiques, parfois philosophiques, elles sont pleines d'un bon sens commun et d'une acidité qui les rend souvent amusantes, même quand elles racontent les pires horreurs.Pour finir, on a le droit à une petite présentation du sommaire de la seconde anthologie et, en toute honnêteté, on y croisera également de belles plumes. Allez, un petit défaut, les transitions entre nouvelles et micro-nouvelles sont parfois un peu abrupte, manquant d'une vrai séparation. Cette anthologie de qualité nous présente donc des fantômes effrayants, tristes, cyberpunks, amoureux, rancuniers, drôles et même joueurs. Bref, ils cumulent les sentiments et comportements qu'ils pouvaient avoir de leur vivant. De là à dire que ces fantômes sont vivants, il n'y a plus qu'un pas à franchirNote : 9/10
Stegg
A propos de ce livre :
- Site de l'éditeur : http://www.editions-asgard.com/