Si le nom de Megan Lindholm ne vous dit rien, celui de Robin Hobb doit forcément vous parler puisqu'elle est l'auteur de "L'Assassin Royal" et des "Aventurier de la mer", deux des plus gros cycle de fantasy de ces dernières années. Sous son vrai nom, elle a écrit des romans comme Le "Dernier Magicien" ou Le "Peuple des rennes", son unique roman de SF, "Alien Earth", et son tout premier cycle de fantasy : "Ki et vandien"
Si un seul mot devait définir ce cycle, ce serait probablement Tolérance, tellement les histoires présentes dans ces romans sont des odes à cette qualité et dénonce en même temps la haine qui peut couler dans les veines humaines ou autres. Sans jamais faire la leçon, Megan Lindholm raconte des histoires souvent poignantes dans un univers ou merveilleux et cruauté ne semble être que la facette d'une même pièce.
Il faut dire que Megan Lindholm est une auteur au plus proche de ses personnages, dont les tourments sont souvent perceptibles, parfois trop et au détriment de l'action dans ses cycles à venir, mais ils sont ici la raison de ces livres d'exister. Les tourments des personnages sont ainsi leur raison d'exister et d'avancer face à ce que la vie va leur réserver. Ki et Vandien, c'est avant tout des récits humanistes.
Ki est une romni qui a perdu son mari et ses enfants assassinés par une harpie et se contente de voyager seule dans sa roulotte en fuyant le monde. C'est alors qu'un homme va tenter de lui voler ses deux chevaux. Le nom de cet homme n'est autre que Vandien et ces deux personnages solitaires vont alors sympathiser, malgré le motif de leur rencontre. Une drôle d'amitié va alors naître alors qu'une menace plane autour d'eux.
Découper en deux parties, le Vol des harpies conte donc la rencontre en Ki et Vandien, mais également le retour de Vandien dans sa belle-famille, pour leur apprendre la mort de leur fils et de leurs petits enfants, mais avec ce peuple qui a un rapport quasi-religieux avec les harpies qui leur permettent de communiquer avec leurs morts. Le récit de Ki risque pourtant de détruire ce lien fabuleux et indispensable au village.
Dans ce récit, on découvrira donc ces deux personnages qui ont pour point commun d'avoir été rejeté par les leurs, soit par méchanceté, soit par cupidité. C'est ce qui va les rapprocher, ainsi que leur besoin de compagnie et le fait de devoir affronter ensemble une harpie revancharde, pas sans raisons d'ailleurs comme le montrent le premier passage du roman, loin de montrer Ki sous son meilleur jour.
Dans les deux romans suivants, il seront confrontés à des ventchanteuses, des créatures dispersant des vents favorables ou destructeurs selon les dons et impôts qui leur sont versés, des créatures à la fois merveilleuse et terrible, dont l'opiniâtreté semble sans limite. Il croiseront aussi le chemin d'une jeune femme rejetée par son village, car son grand-père aurait trahi un des leurs pour un trésor et sa propre survie.
Dans le dernier texte, Ki et Vandien vont devoir amener un garçon à la réputation de monstre jusqu'à son oncle et une jeune femme à son amant, les deux se connaissant et se haïssant tout autant. Impossible de prendre partie pour l'un ou l'autre puisque les deux vont se comporter comme des enfants trop gâtés, poussant même à bout un Vandien pourtant très patient et très calme, quitte à ce qu'il y perde son honneur.
Dans ces trois histoire, il y sera toujours question d'intolérance envers les autres, que ce soit à cause de leurs origines ou même de leur race puisqu'on est donc en pleine fantasy avec son lot de créatures magiques. Ki et Vandien est en effet un récit dur et violent se déroulant dans un univers merveilleux à l'instar des contes de fées dont il emprunte également le côté moralisateur, mais toujours avec une certaine finesse
Puis, il faut dire que Ki et Vandien sont également des héros peu héroïque qui dans la plupart des saga de fantasy auraient aux mieux un rôle secondaire. Plutôt que de se mêler de quête ou de bataille, ils ont tendance à essayer de tracer leur chemin sans trop se retourner, ne se mêlant à une aventure qu'à une rare occasion, mais qui les poussera pourtant à se rappeler leur propre humanité pour aider d'autre personne.
À la fois différent et proche des autres séries de l'auteur, on y retrouve son style, mais également un univers moins bien précis. Il sert pourtant l'ambiance fantastique du récit et est ici plus un décor qu'un personnage. Cette fantasy qui tient autant du conte que du voyage est donc quelque chose à découvrir, car il y à l'intérieur une vraie force et une plume capable de subjuguer, une plume qui ne demandait finalement qu'à éclore.
Note : 8/10
Stegg
A propos de ce livre :
- Site de l'auteur : http://robinhobb.com/
- Site de l'éditeur : http://www.mnemos.com/