Il me faut vous l'avouer et ce n'est pas sans honte, mais pour moi Frankenstein, ou du moins sa créature, n'avait jusqu'à présent qu'un seul nom : Boris Karloff. Je n'avais jamais lu ce roman. C'est chose faite aujourd'hui et je ne le regrette pas. L'histoire est bien connue. Victor Frankenstein est un savant de génie et ce qu'il arrive à faire c'est dompter la mort, créer de toutes pièces une créature faite de restes humains. Mais plus que tout le reste, la force de ce roman mondialement connu, c'est le style de son auteure, Mary Shelley. Un style irrévocablement romantique, l'homme seul dans la nature, l'homme seul face à la nature. Les paysages sont sublimes, les orages superbes et l'auteure transcende sous sa plume chacun de ces aspects naturels, remplissant ses pages de réflexion sur la mort et sur la vie. Il s'agit à mon sens d'un des plus grands monuments de la période dite romantique, d'une poésie et d'une force d'évocation inégalable ! Frankenstein est donc une sorte de long poème philosophique. Pour autant, on ne s'ennuie absolument pas à la lecture de ce roman et on se prend tantôt d'affection pour Victor, homme de science victime de son ambition, et tantôt pour cette créature qui se cache des humains et qui tue pour se venger. Ce qui est assez étrange, c'est que Mary Shelley ne s'attarde pas tant que ça sur la "construction" de la créature et que cette dernière apparaît même plutôt tardivement dans le roman. Mais lorsque la créature commence à raconter son histoire, c'est toute l'histoire de l'humanité qui est résumée en ayant pour point de départ la phrase célèbre de Jean Jacques Rousseau : "l'homme ne naît pas mauvais, c'est la société qui le corrompt". La créature, cachée dans une petite maison, apprend le langage, observe secrètement les comportements humains, leurs habitudes, leurs gestes puis croit comprendre l'amitié, l'amour et enfin, la haine. Ce qui l'amènera elle-même à commettre de tragiques meurtres pour se venger. Simple non ? Mais tellement vrai et tellement beau car toujours soutenu par cette élégance du verbe ! La vie de Victor, quant à elle, est une vie placée sous le signe de la mort. Celle de sa mère puis de presque tous ceux qu'il aime. Shelley met donc ici en évidence un certain paradoxe : pouvoir dompter la mort n'empêche pas cette dernière de toujours gagner, donner vie à partir de chaires défuntes n'empêche pas la faucheuse de rôder encore et encore... Appelons ça la fatalité ou le destin et c'est tout l'enjeu de ce sublime roman. Alors bien sûr, certains passages peuvent s'avérer un peu facile, comme ce moment où la créature est acceptée par un humain mais seulement parce qu'il est aveugle et donc qu'il ne peut voir cet aspect repoussant qui est le sien. Bien sur, il y a parfois aussi quelques longueurs mais elles sont vite oubliées tant on est porté par une sensibilité, par des pensées si belles quoique certains puissent les juger naïves, qui nous apprennent à accepter l'autre tel qu'il est, à accepter aussi la vie telle qu'elle est. Nous ne sommes rien dans ce monde pris entre le destin et la nature, pris entre la naissance et la mort. Une oeuvre à la fois simple et grandiose, une oeuvre poétique et passionnante, pour moi l'un des grands chefs-d'oeuvre de la littérature ! Note : 10/10Le Cimmerien
Il me faut vous l'avouer et ce n'est pas sans honte, mais pour moi Frankenstein, ou du moins sa créature, n'avait jusqu'à présent qu'un seul nom : Boris Karloff. Je n'avais jamais lu ce roman. C'est chose faite aujourd'hui et je ne le regrette pas. L'histoire est bien connue. Victor Frankenstein est un savant de génie et ce qu'il arrive à faire c'est dompter la mort, créer de toutes pièces une créature faite de restes humains. Mais plus que tout le reste, la force de ce roman mondialement connu, c'est le style de son auteure, Mary Shelley. Un style irrévocablement romantique, l'homme seul dans la nature, l'homme seul face à la nature. Les paysages sont sublimes, les orages superbes et l'auteure transcende sous sa plume chacun de ces aspects naturels, remplissant ses pages de réflexion sur la mort et sur la vie. Il s'agit à mon sens d'un des plus grands monuments de la période dite romantique, d'une poésie et d'une force d'évocation inégalable ! Frankenstein est donc une sorte de long poème philosophique. Pour autant, on ne s'ennuie absolument pas à la lecture de ce roman et on se prend tantôt d'affection pour Victor, homme de science victime de son ambition, et tantôt pour cette créature qui se cache des humains et qui tue pour se venger. Ce qui est assez étrange, c'est que Mary Shelley ne s'attarde pas tant que ça sur la "construction" de la créature et que cette dernière apparaît même plutôt tardivement dans le roman. Mais lorsque la créature commence à raconter son histoire, c'est toute l'histoire de l'humanité qui est résumée en ayant pour point de départ la phrase célèbre de Jean Jacques Rousseau : "l'homme ne naît pas mauvais, c'est la société qui le corrompt". La créature, cachée dans une petite maison, apprend le langage, observe secrètement les comportements humains, leurs habitudes, leurs gestes puis croit comprendre l'amitié, l'amour et enfin, la haine. Ce qui l'amènera elle-même à commettre de tragiques meurtres pour se venger. Simple non ? Mais tellement vrai et tellement beau car toujours soutenu par cette élégance du verbe ! La vie de Victor, quant à elle, est une vie placée sous le signe de la mort. Celle de sa mère puis de presque tous ceux qu'il aime. Shelley met donc ici en évidence un certain paradoxe : pouvoir dompter la mort n'empêche pas cette dernière de toujours gagner, donner vie à partir de chaires défuntes n'empêche pas la faucheuse de rôder encore et encore... Appelons ça la fatalité ou le destin et c'est tout l'enjeu de ce sublime roman. Alors bien sûr, certains passages peuvent s'avérer un peu facile, comme ce moment où la créature est acceptée par un humain mais seulement parce qu'il est aveugle et donc qu'il ne peut voir cet aspect repoussant qui est le sien. Bien sur, il y a parfois aussi quelques longueurs mais elles sont vite oubliées tant on est porté par une sensibilité, par des pensées si belles quoique certains puissent les juger naïves, qui nous apprennent à accepter l'autre tel qu'il est, à accepter aussi la vie telle qu'elle est. Nous ne sommes rien dans ce monde pris entre le destin et la nature, pris entre la naissance et la mort. Une oeuvre à la fois simple et grandiose, une oeuvre poétique et passionnante, pour moi l'un des grands chefs-d'oeuvre de la littérature !
Note : 10/10
Le Cimmerien
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