"La chair sous les ongles" est une réédition d'un roman de la collection gore signé François Sarkel, pseudonyme de Brice Tarvel qui met en scène un cannibale déjà croisé dans "Le bal des iguanes" où il occupait une place secondaire, mais importante. L'ouvrage ici présent contient également une dizaine de nouvelles de plus ou moins bonne qualité que l'auteur a publié sous son propre nom ou son pseudo au cours de sa carrière.
Tous les cannibale ne sont pas charismatique, manipulateur, amateur de musique classique et psychologue, dégustant le foie de leur victime avec du Chianti. Joussin est même l'inverse de tout ça, solitaire et incapable de la moindre relation sociale, même dans la quincaillerie où il travaille. Il tiendrait même plus de Tanguy que de Lecter, vivant encore chez sa mère qui s'occupe de sa nourriture, toute sa nourriture.
Enfin qui s'en occupait, car la dame vient de mourir, obligeant son grand fiston à s'occuper de lui tout seul. Pourtant, une manne providentielle va arriver dans sa vie par surprise en la personne d'une jeune et jolie voisine qui va très rapidement accepter le régime alimentaire de son compagnon, se proposant même de lui amener de la nourriture vu qu'elle est infirmière. Seulement des Hells Angels sont décidés à devenir ses fournisseurs, quitte à le faire chanter.
De la chair sous les ongles suit donc le quotidien d'un cannibale, ici une personne à l'apparence ordinaire qui cache une personnalité sans charme, mais d'un cannibale qui découvre aussi l'amour avec sa charmante voisine et qui va devoir se débrouiller pour trouver sa nourriture. L'auteur arrive ainsi à décrire un univers où notre héros semble ne pas être seul à avoir son curieux régime et où l'on refourgue de la chair humaine très discrètement.
Ce roman contient ainsi de multiples intrigues, nous baladant des milieux bourgeois au bas-fond d'une ville en passant par le quartier pavillonnaires où habite Joussin. Loin des portrait que peut dresse la littérature ou le cinéma de ce type de personnage, Brice Tarvel fait de son héros, un personnage plus pathétique que dangereux, parfois à la limite du grotesque, semblant incapable de se débrouiller par lui-même.
Un univers un brin trash prend ainsi forme, le roman comptant plusieurs passages un peu gore et peu ragoûtant où l'on imagine parfois un brin d'humour noir venir pimenter la sauce. L'horreur provient ainsi plus de l'ambiance et des situations que des personnages, même si on en vient parfois à avoir peur pour un monstre ! Un tour de force incroyable pour ce roman dont le héros est loin d'être sympathique.
Un tour de force qui est peu confirmé par les nouvelles toutes très classiques. On notera tout de même "La Mort dans le verre vide" où la mort est en quelques sortes mis en bouteille, "Bouche à nourrir" où une jeune femme va découvrir la particularité de sa poitrine, "Le fabricant d'éternité" où une vielle dame raconte l'histoire de son mari, un sculpteur ayant voulu créer la femme parfaite ou encore "l'escalier de nulle-part" où une retraité va découvrir un nouvel étage et de nouveau voisin à son immeuble.
Un roman efficace et des nouvelles classiques, même si peut-être moins à la période où elles ont été publiées, forment donc ce livre où l'on reconnaît le goût de Brice Tarvel pour une certaine noirceur et une certaine violence, ainsi que sa manière de poser des ambiances glauques. Le roman est certes un peu court, mais c'est tout de même le gros morceau de l'ouvrage, même si plus par sa qualité que par sa taille.
Note : 7/10
Stegg
A propos de ce livre :
- Site de l'auteur : http://bricetarvel.canalblog.com/
- Site de l'éditeur : http://www.riviereblanche.com/
