Bigas Luna, Juan José

 

 

Juan José Bigas Luna est né à Barcelone le 19 Mars 1946. Réalisateur et scénariste espagnol, il commence d'abord sa carrière dans le monde du design, en créant l'Estudio Gris avec Carlos Riart en 1969. Dans ses premiers travaux, aux débuts des années 60, il montre déjà un intérêt particulier pour l'art conceptuel et les nouvelles technologies visuelles naissantes.

 

 

Ses premiers pas dans la réalisation se font au travers de trois courts-métrages, mais il faudra attendre son premier long, Tatuaje, pour se rendre compte de son talent. Il s'agit de l'adaptation d'un des romans de Manuel Vasquez Montalban. C'est avec son second et troisième films (Bilbao et Poodle) qu'il commence à acquérir un intérêt grandissant auprès de la critique. Entre 1980 et 1987, il part vivre à Hollywood dans l'espoir de mieux se faire connaître. Il signe alors Reborn en 1981 et Anguish (Angoisse) en 1987, mais le succès n'est pas au rendez-vous, le film sera un échec cuisant. Cinéaste sans doute jugé trop atypique, il décide de se retirer du paysage cinématographique en 1986 pour se consacrer entièrement à la peinture. Mais en 1990, le producteur Andrés Vicente Gómez le persuade de retrouver la caméra en lui confiant la réalisation de Las edades de Lulú (Les vies de Loulou). Le films sera récompensé d'un Goya. Pour l'anecdote, Javier Bardem y tient son tout premier rôle.

 

 

C'est la consécration, le film est un véritable succès populaire, la carrière de cinéaste de Bigas Luna peut enfin commencer. Sans abandonner pour autant ses amours pour la photographie et la peinture, il commence sa trilogie ibérique (qu'il qualifie lui-même de "trilogia testicular"), avec Jamón Jamón (Jambon jambon - 1992 qui gagnera un lion d'argent à la Mostra de Venise), puis vient Huevos de Oro (1993), aujourd'hui considéré comme son film le plus abouti et enfin La teta y la luna (La Lune et le téton - 1994 - Oseille d'or du meilleur scénario à la Mostra de Venise). Cette trilogie fera surtout connaître Javier Bardem au grand public. La thématique revenant fréquemment dans cette trilogie étant le machisme espagnol que le réalisateur se plaît à dénoncer, toujours de manière très singulière. En 1997 il signe La Femme de Chambre du Titanic qui anticipe de quelques mois le film de James Cameron. En 2001, il réalise un court-métrage diffusé sur internet Collar de Moscas ou il remet au goût du jour ses intérêts pour l'expérimentation et le surréalisme (il dit avoir toujours été inspiré par les toiles de Salvador Dali) ou il découvre et expérimente le numérique.
En 2006 il est membre du jury au festival de Venise.

 

 

Entre satires sociales et romances historiques, les films de Bigas Luna retrouvent toujours une même unité. La plupart du temps ses films contiennent des commentaires et des observations sur le machisme de l'homme (espagnol) mais c'est surtout cet effacement de la ligne séparant la réalité de l'imaginaire qui retient souvent l'attention du spectateur. Tout est dans ce mélange entre la beauté et la laideur, l'érotisme et l'intellect et ces moments toujours très touchants coupés tout-à-coup par une satire sociale bien réelle, froide et cynique. Artiste à la fois singulier et complet, ce peintre-designer-cinéaste fait maintenant parti de cette caste très prisée qui va de David Lynch jusqu'à Julian Schnabel en passant par Raoul Ruiz ou encore Peter Watkins, personnages excentriques mais profondément talentueux. Un bon exemple de son génie (autre que ses films) se retrouve dans son projet appelé Microcosmos, une évolution de son ancien projet Cares de l'Ànima exhibé un temps à la Galería Metropolitana de Barcelona en 1990.

 

 

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Filmographie sélective :

 

 

Bilbao (1978)
Caniche (1979)
Reborn/Renacer (1981)
Lola (1986)
Anguish/Angustia/Angoisse (1987)
Las Edades de Lulú/Les Vies de Loulou (1990)
Jamón, jamón/Jambon jambon (1992)
Huevos de oro (1993)
La teta y la luna/La lune et le téton (1994)
Lumière et compagnie (1995) Documentaire
La Femme de chambre du Titanic (1997)
Volavérunt (1999)
Son de mar (2001)

 

 

 

Lynch971 (en novembre 2010)