Satanico Pandemonium
Genre: Nunsploitation
Année: 1975
Pays d'origine: Mexique
Réalisateur: Gilberto Martinez Solares
Casting:
Cecilia Pezet, Enrique Rocha, Delia Magana, Veronica Avila, Sandra Torres, Adarene San Martin, Patricia Alban...
 

La vie pieuse a toujours constitué un puissant moteur à fantasmes. En effet, il est difficile de concevoir qu'un être humain normalement façonné puisse renoncer de son plein gré au plaisir charnel, que ce soit sous forme solitaire ou plus si affinités. Les frustrations s'accumulent forcément mais le but d'une telle vie est justement de s'élever au-delà des tentations et d'atteindre l'extase spirituelle. Quel merveilleux terrain d'exploration pour un écrivain ou réalisateur !

 


De nombreux cinéastes se sont pliés à l'exercice et de là est né le sous-genre Nunsploitation qui vécut son heure de gloire dans les années 1970. Un grand nombre de films furent influencés par "Le Décameron" de Pasolini ainsi que par "The Devils" de Ken Russell. "Satanico Pandemonium" est le premier film mexicain à engranger en profit important, en surfant sur la vague, et le métrage a ouvert la porte à son tour à l'excellent "Alucarda" ou la comédie "Sor Tequila" de Rogelio Gonzalez. N'oublions pas non plus Jess Franco, Joe D'Amato ou encore Domenico Paolella, qui ont largement contribué au genre. Encore aujourd'hui, certains réalisateurs continuent de s'aventurer sur ce terrain difficile comme Peter Mullen et son puissant "The Magdalene Sisters". Mais de nombreuses affaires de pédophilie ayant secoué l'église ces dernières années, le sujet est d'emblée teinté de perversité. Et c'est dommage car il y a encore matière à développer des histoires sur fond psychologique tordu sans tomber dans le voyeurisme ou le malsain.

Solares l'avait déjà bien compris en réalisant ce "Satanico Pandemonium". L'histoire concerne la jeune Soeur Maria habituellement si douce et bonne, qui commence à avoir des visions du Diable l'exhortant à vivre ses fantasmes les plus profonds jusqu'à emmener tout le couvent en Enfer.

 


Le film s'ouvre sur un paysage champêtre avec oiseaux qui gazouillent sous un soleil doré. Soeur Maria ramasse des fleurs en toute quiétude mais soudain, un homme nu se présente à elle. Et ainsi débute ce sulfureux cocktail subversif composé de visions et de fantasmes à ne plus savoir où se trouve la limite entre rêves et réalité.

L'histoire reprend les grandes lignes du mythe d'Adam et Eve. L'homme qui se promène tout nu n'est autre que le Diable comme on l'avait déjà compris. Il n'a de cesse de déposer des pommes rouges un peu partout pour séduire la jeune Soeur Maria, déjà hantée par sa présence jusqu'à s'infliger divers châtiments corporels. Incarnée par la fort jolie Cecilia Petez souvent déshabillée pour le plus grand bonheur de tous, ces images sont fortement imprégnées d'un érotisme particulier qui confine au sadomasochisme. La belle s'enroule une corde rehaussée de clous autour de la taille avant de se flageller en gémissant de façon ambiguë. Interrompue par deux soeurs qui l'emmènent voir une vache malade (...), elle se voit obligée de se vêtir en hâte et de garder la ceinture cloutée toute la nuit avec comme résultat le malaise physique que l'on imagine sans peine. Fiévreuse, délirante, elle ne cesse de voir l'homme de ses fantasmes et cette fameuse pomme rouge qui la fera bien sûr craquer (et croquer dedans). Le désarroi de Soeur Maria ne fait qu'accroître lorsque l'une des soeurs lui avoue une attirance que la Bible ne préconise point mais c'est encore un piège. En pleins ébats, la soeur reprend ses traits d'origine et l'homme se présente enfin comme étant Lucifer.

 


Bien évidemment, rien n'est épargné à la pauvre Soeur Maria. En proie à ses démons, elle va essayer de séduire le jeune garçon de la ferme avoisinante, elle voit des serpents partout et va se jeter sur une soeur venue chercher du réconfort spirituel et la poignarder sauvagement. Elle va même aller jusqu'à pousser une soeur qui s'apprêtait à se pendre puis la regarde se balancer, un air béat sur le visage.

La vraie force du film réside en une ambiguïté que Solares entretient tout au long de son métrage, mais malheureusement une sorte de twist final douteux laisse un sentiment de déception chez le spectateur, qui aurait préféré rester dans un registre purement fantastique. Au lieu d'aller jusqu'au bout de son concept, Solares revient sur son portrait de soeur tourmentée pour en faire une vraie sainte, comme s'il voulait malgré tout donner un cachet de respectabilité à son oeuvre. Mais cela n'entache pas tout ce qui précède et l'amateur du genre trouvera son bonheur parmi diverses images titillant l'imagination et l'ambiance envoûtante du métrage.

 

 

Zombigirl
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