Queen of Blood
Genre: Science fiction , Horreur
Année: 1966
Pays d'origine: Etats-Unis
Réalisateur: Curtis Harrington
Casting:
John Saxon, Judi Meredith, Florence Marly, Robert Boon, Dennis Hopper, Basil Rathbone, Don Eitner...
Aka: Planet of Blood / Planet of Terror / Planet of Vampires / Space Vampires / The Green Woman
 

En l'an 1990, une fondation spatiale interplanétaire reçoit un appel de détresse venant d'un vaisseau étranger. Celui-ci semble s'être écrasé sur Mars et solliciterait une aide imminente. Ladite base spatiale se met en tête de dépêcher un équipage sur place afin de voir de quoi il retourne. Leur découverte est alors de taille, puisque c'est une étrange femme de couleur verte et en apparence blessée qu'ils trouvent sur place. D'étranges événements les poussent à croire qu'il s'agit d'une créature vampire ayant surtout besoin de se sustenter...

 

 

Dans les années 60, le grand Roger Corman commença à pratiquer le rachat de films de science fiction russes afin d'en extraire les scènes à décors ou à effets spéciaux, puis de broder autour des histoires originales (ou non) afin de réduire les coûts de production. "Queen of Blood" n'est donc pas le seul, ni le premier non plus. Ainsi, il déclinera quelques livraisons plus ou moins heureuses autour de certaines scènes de "La planète des tempêtes" de Pavel Klushantsev (spécialisé dans le genre, avec entre autres des films comme "Kosmos", "Luna" ou encore "Mars), dans lequel des cosmonautes sur Venus se voyaient attaqués pas diverses créatures monstrueuses. Le premier de la série, produit par Corman, sera "Battle Beyond the Sun" en 1963, qui sera à peine retouché entre les mains d'un Francis Ford Coppola débutant, tout juste là pour américaniser le film préexistant : "Nebo Zovyet" de Mikhail Karzhukov, tourné en 1959.

De là, il enchaînera avec "Voyage to the Prehistoric Planet" du même Curtis Harrington, avec déjà Basil Rathbone, en suivant à peu près le même procédé. Suivront celui qui nous concerne, à priori le plus réussi du lot, puis un piètre "Voyage to the Planet of Prehistoric Women" tourné par un Peter Bogdanovich tout aussi débutant que le Coppola susnommé.

 

 

Ce n'est certes pas la période du cinéaste/producteur la plus originale et inspirée, et, de par ce procédé répété pour ne pas dire discutable, il est dès lors difficile de faire la part des choses, de séparer ce qu'on lui doit réellement en dedans. Toujours est-il que "Queen of Blood" se regarde avec plaisir. D'avantage que les autres productions mentionnées, ce, pour une bonne raison, c'est qu'il s'agit sans doute de celui qui parvient à créer son propre univers personnel, utilisant les scènes russes de façon parcimonieuse, à savoir uniquement pour le décorum et non pas comme élément dramaturgique s'imbriquant dans l'histoire elle-même, avec un peu de broderie autour. Peut-être aussi que Curtis Harrington s'en sort-il mieux que ses confrères, utilisant un postulat assez proche de "It! The Terror from Beyond Space" avec son huis-clos spatial et sa créature menaçante, mixé à "La planète vampire" de Mario Bava, le tout agrémenté des dites scènes russes faisant office d'esthétisme à peu de frais. Difficile de faire plus opportuniste, diront certaines mauvaises langues qui n'auront pourtant à mon sens pas tout à fait tort. Un Curtis Harrington qui a déjà réalisé une petite production horrifique avec "Night Tide" en 1961, avec Dennis Hopper que l'on retrouve ici, avant de tourner quelques thrillers (que je ne connais pas) comme "Games", "Mais qui a tué Tante Roo?", "What's the Matter with Helen?", "The Killing Kind", ressemblant de loin à des exploitations de "Qu'est-il arrivé à Baby Jane" d'Aldrich ; puis qui deviendra par la suite un réalisateur confirmé, oeuvrant à la télévision pour des séries comme "Baretta", "Drôles de dames" ou encore "Wonder Woman".

 

 

Certes, si le point fort de "Queen of Blood" reste incontestablement ses emprunts, à savoir les décors et les effets spéciaux qui, disons le tout net, sont somptueux ; ce qui le sauve plus que d'autres productions Corman de la même veine, c'est avant tout une histoire mince mais correcte, un rythme soutenu, une intrigue resserrée et plutôt bien menée, ainsi que des acteurs convaincants. Certes, ça ne tient qu'à peu de choses, mais tout ceci confère au film un véritable intérêt. John Saxon ("La fille qui en savait trop" en 1962 du Bava déjà cité), qui n'est alors déjà plus tout à fait novice, s'y montre déjà très charismatique, Dennis Hopper en plus tourmenté façon ‘actor studio' est quant à lui également assez convaincant et pour tout dire curieusement sobre. Ailleurs, Basil Rathbone exerce son métier avec un professionnalisme solide, et si Judi Meredith (une vieille habituée des séries télévisées depuis la moitié des années 50) passe tout juste, elle est contrebalancée par une forte présence de la femme alien vampirique campée par Florence Marly, actrice d'origine tchèque découverte par le cinéaste français Pierre Chenal ("L'alibi", "Le dernier tournant"), qui migrera ensuite aux Etats-Unis peu après la guerre.

La façon énigmatique dont celle-ci est utilisée joue fortement en faveur du film, avec ce point d'interrogation qui vient même s'afficher à ses côtés durant le générique de fin.

 

 

Bref, si le procédé utilisé par Corman reste contestable, et si les qualités du film ne lui sont pas toutes dues, loin s'en faut, "Queen of Blood" demeure un spectacle plaisant et sans temps mort, plutôt bien joué, qui parvient à tirer son épingle du jeu grâce à la conjugaison de talents solides. Ni plus ni moins qu'un très correct détournement de fonds et de forme.

 

Mallox
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