Homme de Hong Kong, L'
Titre original: The Man from Hong Kong
Genre: Action , Arts Martiaux
Année: 1975
Pays d'origine: Australie / Hong Kong
Réalisateur: Brian Trenchard-Smith
Casting:
Jimmy Wang Yu, George Lazenby, Rebecca Gilling, Sammo Hung, Bill Hunter, Rosalind Speirs...
 

Un passeur de drogue chinois refuse de parler à la police. Les autorités australiennes décident donc de faire appel à un flic hongkongais pour l'interroger.

 


Bien avant l'ascension fulgurante du petit dragon, il y eut Wang Yu, véritable idole en Asie. L'acteur devait sa notoriété au personnage d'épéiste manchot qu'il interpréta dans trois films cultes dirigés par Chang Cheh et produits par la fameuse Shaw Brothers. Mais bien vite, les murs des studios Shaw vont devenir trop étroits pour notre bouillant (faux) manchot, De plus, ses relations avec le réalisateur Chan Cheh se détériorent de plus en plus, l'acteur ayant bien du mal avec les connotations homosexuelles sous jacentes des films de Cheh. Il décide donc de quitter la Shaw, une décision qui aura de lourdes conséquences car elle exilera l'acteur de Hong Kong pendant plusieurs années. En effet, lorsque ce dernier voulut quitter la toute puissante Shaw Brothers au firmament de sa popularité, la firme chinoise lui intenta un procès qui se conclut par l'interdiction pour l'acteur de tourner des films à Hong Kong. Il décida alors de rejoindre à Taiwan la toute nouvelle société Golden Harvest, créée par Raymond Chow, un autre transfuge de la Shaw. Malheureusement pour lui, la Golden Harvest va engager un jeune inconnu appelé Bruce Lee qui va vite éclipser l'ancienne star. Après la mort prématurée de Lee, Chow produisit "L'Homme de Hong Kong", qui avait pour but non seulement de ramener Wang Yu au devant de la scène, mais de trouver en même temps un successeur au petit dragon (Jackie Chan, autre poulain de la maison, n'ayant pas encore percé). Malheureusement, si le film ne manque pas de qualités, le public ne semble pas avoir suivi ; et si Jimmy continua encore de tourner, le pauvre ne retrouvera jamais le succès d'antan.

 


Changement radical de contexte pour Wang Yu qui, habitué aux films de sabre ou Wu (Martial) Xia (Chevalerie) Pian (Film), doit maintenant évoluer dans un environnement plus contemporain. Il devient alors une sorte de super policier, conduit des voitures, prend d'assaut le repère du méchant (situé au dernier étage d'un building) en delta plane et en rappel (scène qui évoque "Peur sur la Ville" de Verneuil,) et séduit la jolie fille de service (qui n'y survivra pas !). Le tout est filmé sans temps morts, mais avec quelques fautes de goûts, notamment l'histoire d'amour qui cumule toute les scènes stéréotypées du genre (promenade dans les grandes herbes, bain dans la rivière...). Signalons que Wang Yu est l'un des rares acteurs chinois qui peut se vanter d'avoir pratiqué les échanges inter raciaux avec autant d'assiduité (en un mot, il baise). Heureusement, les scènes d'actions reprennent vite le dessus, sauvages, sadiques et sans concessions. On a droit à de multiples bagarres (toujours bien sanglantes) avec divers ustensiles (notamment dans un restaurant), une poursuite en voiture et l'affrontement final contre le "méchant" de service (George Lazenby), qui finira par exploser, une grenade dans la bouche.

 


Wang Yu a souvent interprété des personnages torturés, sauvages et misogynes, dont la plupart sont affligés d'une infirmité, ou se retrouvent estropiés une bonne partie du film. On est bien loin de l'héroïsme d'un Bruce Lee et des espiègleries de Jackie Chan. Wang s'est ainsi forgé une image de Bad Boy rebelle au grand cœur et aux multiples contradictions. Dans ses films, il apparaît misogyne, comme la plupart des héros chinois, mais en même temps séducteur ; admirateur du Japon mais pourtant d'un patriotisme qui tourne à la folie (voir le hargneux "La Plage des Dieux de la Guerre") ; sans parler des multiples rixes et bagarres dans lesquelles l'acteur s'est retrouvé hors des tournages, et qui ne firent que renforcer sa réputation. Face au chinois, on trouve un autre acteur maudit : l'australien George Lazenby, dont le titre de gloire est de n'avoir interprété qu'une seule fois le rôle du fameux agent secret 007, dans le cultissime "Au Service Secret de sa Majesté". Depuis, il a fait une petite carrière bien remplie dans le cinéma d'exploitation ("L'Ultime Harem", de Sergio Garrone), et les séries TV.

 


Réalisé par Brian Trenchard-Smith, auteur de pas mal d'honnêtes séries B parmi lesquelles un excellent "Les Traqués de l'an 2000", voici un agréable mélange entre le film policier et les arts martiaux. Les amateurs se réjouiront de revoir Wang Yu en grande forme et qui fait preuve de son habituelle hargne. Hélas, le public, qui a décidément la mémoire courte, ne semble plus adhérer au style "Wang Yu". Il est vrai que ses combats, plus brutaux et moins stylés, sont loin d'avoir la grâce d'un Bruce Lee, devenu la référence du genre. Bon gré mal gré, Wang Yu continuera pourtant sa carrière comme ses héros : solitaire, fatigué mais increvable. Il tournera notamment une série de films "cartoonesques" et délirants, dont le fameux "Le Bras Armé de Wang Yu contre la guillotine volante", très peu apprécié en Asie mais cultissime en Occident. Par un étrange retournement de situation, alors que sa carrière est au plus bas, Wang Yu connaitra en Occident un regain de popularité, surtout dans les pays anglo-saxons, grâce à la vidéo.

 

The Omega Man
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