Black Emanuelle en Afrique
Titre original: Emanuelle nera
Genre: Erotique
Année: 1975
Pays d'origine: Italie
Réalisateur: Bitto Albertini
Casting:
Laura Gemser, Karin Schubert, Angelo Infanti, Isabelle Marchall, Gabriele Tinti, Don Powell, Venantino Venantini...
Aka: Black Emanuelle / Emanuelle negra / Emmanuelle in Africa
 

Mae Jordan (Laura Gemser) est une jolie journaliste travaillant pour une grosse boîte aux Etats-Unis. Ecrivant sous le pseudonyme d'Emanuelle, son talent (et son charme) lui ont permis d'acquérir une certaine notoriété. Son patron l'envoie au Kenya en tant que reporter photo. Elle est accueillie à l'aéroport de Nairobi par les époux Danieli : Ann (Karin Schubert) et Gianni (Angelo Infanti). Le couple possède une magnifique propriété et une vaste plantation qui lui permet de mener une vie de luxe, entouré de nombreux serviteurs et d'amis de tous bords. Parmi ces derniers, gravitent essentiellement les Clifton : Gloria (Isabelle Marchall) et Richard (Gabriele Tinti) ; William Meredith (Venantino Venantini), un peintre excentrique ; et enfin le professeur Kamau (Don Powell), un anthropologue doublé d'un pianiste émérite. Tout ce joli monde mène une vie oisive comme on le fait dans la jet set, tournant autour de soirées où l'alcool coule à flot, et où les intrigues amoureuses se nouent et se dénouent. Dans cet univers où le sexe tient une place prépondérante, Emanuelle ne va pas tarder à devenir le centre d'intérêt, et à susciter la convoitise des hommes... comme des femmes.

 


La saga "Emmanuelle" tire son origine du roman éponyme d'Emmanuelle Arsan, publié en 1959 chez Eric Losfeld. Alors âgée de 19 ans, cette jeune femme d'origine thaïlandaise était mariée depuis déjà trois ans à un diplomate français. Egalement actrice (elle joua notamment dans "La canonnière du Yang-Tse" de Robert Wise), c'est toutefois en tant qu'écrivain qu'elle deviendra célèbre, et son nom fera le tour du monde dès lors que son livre sera adapté au cinéma par Just Jaeckin, en 1973. Sorti dans les salles françaises en 1974, avec Sylvia Kristel dans le rôle titre, le film battra tous les records en restant 553 semaines à l'affiche d'un cinéma des Champs-Elysées (l'UGC Triomphe), attirant pas loin de neuf millions de spectateurs. Notons toutefois que la première adaptation du personnage d'Emmanuelle fut l'oeuvre de Cesare Canevari, avec son "Io, Emmanuelle", interprétée par Erika Blanc, en 1969.

Après le triomphe du film de Jaeckin, un tel filon ne pouvait évidemment pas échapper à nos voisins transalpins. Contrairement à ce que l'on pourrait croire, le personnage de Black Emanuelle (avec un seul "m", afin d'éviter tout problème de droits) n'a pas été créé par Joe D'Amato, mais par son confrère Bitto Albertini (Plus venimeux que le cobra, "Starcrash 2"). Réalisateur médiocre, Albertini a au moins eu le double mérite de créer une licence qui allait s'avérer fructueuse, et de trouver l'actrice idéale pour incarner le personnage principal : Laura Gemser. Belle, naturelle et sans complexes, on ne voit pas, après coup, quelqu'un d'autre dans ce rôle qui a collé à la peau de cette ravissante Indonésienne originaire de Java. Qui plus est, elle a formé avec Gabriele Tinti l'un des plus beaux couples qui soient, à partir de 1976, jusqu'à la mort de l'acteur en 1991. Inséparables dans la vie, ils le furent aussi à l'écran jusqu'au milieu des années 80.

 


En dehors d'un flair indéniable niveau marketing, le talent d'Albertini dans le domaine de la réalisation reste sommaire. Pour ce premier opus, il présente en effet, à peu de choses près, une copie plus ou moins fidèle des "Emmanuelle" avec Sylvia Kristel. Black Emanuelle en Afrique se limite essentiellement à un catalogue touristique, rempli de clichés, même si le cinéaste épingle par moments les relents de colonialisme des occidentaux. Pour le reste, on a l'inévitable party au bord de la piscine, la drague en boite de nuit, le safari photo, un peu de plongée sous-marine, un passage chez les indigènes se livrant à une danse tribale, et une scène d'amour au bord d'une cascade. On peut s'amuser par contre qu'au milieu de tous ces blancs à la libido exacerbée (et aux problèmes existentiels incurables), l'unique personnage à garder à la fois raison et dignité soit le professeur Kamau, le seul noir du groupe. L'érotisme étant évidemment soft, plusieurs inserts hard furent rajoutés pour l'exploitation dans certains pays (l'éditeur Stormovie propose le film dans les deux versions). Il va de soi que Laura Gemser (qui n'a jamais fait de porno), ainsi que Karin Schubert (qui n'en fera qu'à partir de 1985) ne participèrent pas à ces scènes additionnelles. Si ces dernières "épicent" quelque peu le film, il n'en demeure pas moins que le "Black Emanuelle" d'Albertini reste un bon cran en dessous des opus de Joe D'Amato, notamment Black Emanuelle en Amérique, "Black Emanuelle autour du monde", et "Emanuelle et les derniers cannibales" (les deux premiers comprenant de vraies scènes hardcore tournées par D'Amato, et pas de simples inserts). Mais, plus important encore, là où Albertini se contentera de faire évoluer Emanuelle dans un exotisme de cartes postales, D'Amato n'hésitera pas une seconde à livrer son héroïne dans les situations les plus glauques, faisant de ses "Black Emanuelle" de véritables films d'exploitation.

 


Bon, cela dit, n'y-a-t-il vraiment rien à sauver de ce Black Emanuelle en Afrique ? Si, quelques passages, en gros tous ceux où l'on peut profiter de la nudité de Laura Gemser et Karin Schubert. Et puis, également, l'interprétation réussie de Venantino Venantini en peintre marginal, proche d'un Dali. Un rôle pas si difficile en fait, puisque l'homme fut peintre avant d'être acteur ; d'ailleurs, après avoir arrêté le cinéma, Venantini est revenu à ses premières amours.

En dehors des acteurs précités, que l'on ne présente plus, citons Isabelle Marchall (très jolie, également), aperçue dans Crimes of the Black Cat et "Les nuits rouges de la Gestapo". Angelo Infanti, qui rempilera dans "Black Emanuelle 2", a également tâté du giallo (La casa della paura) et quelques films d'aventures fort sympathiques comme Les amazones ou Le corsaire noir. Enfin, Don Powell, qui reste sobre et chaste du début à la fin, n'aura pas eu le plaisir de batifoler avec l'une ou l'autre de ces superbes actrices. Il pourra toujours se consoler en se rappelant qu'il avait pu profiter des charmes de Karin Schubert l'année précédente, dans "Le Dieu noir", d'Osvaldo Civirani. Il jouera également dans "Emanuelle autour du monde", avant d'achever (ou presque) sa carrière en méchant d'opérette dans le pitoyable "Starcrash 2".

 


Un dernier mot, pour évoquer la bande originale de Nico Fidenco, dont le thème principal deviendra un classique que l'on pourra écouter dans les opus suivants. Il s'agit d'une musique très "lounge", agréable, propice au farniente, dans l'esprit des compositions d'un Piero Umiliani, par exemple. Fidenco avait composé des BO dès les années 60, comme celle de Destination planète Hydra. Par la suite, il travaillera en plusieurs occasions avec Joe D'Amato. Eh oui, encore ce bon vieux Joe. C'est tout juste si on n'a pas plus parlé de lui que d'Albertini. Un signe qui ne trompe pas...

 

Note : 5/10 (3 pour Laura, 2 pour Karin)

Flint

 

 

* Quelques images supplémentaires :

 

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