Corsaire des 7 mers, Le
Titre original: Il Corsaro
Genre: Piraterie
Année: 1970
Pays d'origine: Espagne / Italie
Réalisateur: Antonio Mollica (Tony Mulligan)
Casting:
Robert Woods, Tania Alvarado, Armando Calvo, Cris Huerta, Miguel Del Castillo, Ángel del Pozo, Ana María Mendoza...
Aka: Le corsaire des mers du Sud (VHS Century)
 

Déporté par les Français sur une île déserte, le pirate anglais Jeffrey Brook parvient à se libérer puis à prendre le commandement du navire en plein transit. Après avoir réglé ses comptes avec son partenaire et ennemi Sameul, il libère une île de la domination portugaise. Pour le remercier de son exploit, le gouverneur britannique lui offre une grande quantité d'or, mais ce n'est pas ce qui intéresse notre homme. Celui-ci est bien plus attiré par l'aventure, la liberté et même le libertinage plutôt que par la richesse et la gloire. Pour ces raisons, Brook démissionne rapidement puis s'embarque de nouveau, accompagné de ses nouveaux compagnons rencontrés lors de son voyage en exil... pour la plupart des pirates, des voleurs ou des prostituées.

 

Difficile pour l'histoire autant que pour le spectateur de retenir le nom d'Antonio Mollica, puisque celui-ci n'a tourné que trois films, dont Il Corsaro est le dernier. Il y eut d'abord "Né pour tuer" en 1967, un western avec Gordon Mitchell et Femi Benussi, puis un second western, paella celui-là puisque produit entièrement en Espagne bien que retitré "Saranda" en Italie. Aucun d'eux ne semblent avoir laissé de grandes traces.
Ce qui retient l'attention au regard du générique, c'est surtout la présence de quelques acteurs que l'on a l'habitude de côtoyer. Robert Woods en premier lieu, que beaucoup connaissent pour ses collaborations avec Jess Franco durant tout un pan des années 70, et dont le nom n'a rien d'un pseudonyme puisqu'originaire du Colorado. Une association à qui l'on devra tout d'abord "Maciste contre la reine des amazones" (ce qui permettait à Woods de rester encore dans son domaine de prédilection : le film d'aventures), mais également "The Sinister Eyes of Doctor Orloff", "Maciste et les gloutonnes", Le miroir obscène, La comtesse perverse / Les croqueuses ou encore Plaisir à trois. Autant dire qu'il y a eu glissement progressif du plaisir de la part de l'acteur, et ce sans vouloir faire de mauvais jeu de mot sur le dos de l'œuvre d'Alain Robbe-Grillet. C'est pourtant dans le western qu'évoluait Woods la plupart du temps, depuis son début de carrière en 1960 ("Johnny Colt", "Sept Ecossais au Texas", "Mallory 'M' comme la mort", "Avec Django ça va saigner"... la liste est longue !).
Ailleurs, on retrouve quelques seconds plans familiers comme Cris Huerta (Une corde, un colt / Le blanc, le jaune et le noir), Miguel Del Castillo ("A Man Called Apocalypse Joe"), Ángel del Pozo (Les amazones de Terence Young"), ainsi que les bien jolies Tania Alvarado et Ana María Mendoza.

 

Quant au film lui-même, il va sans dire qu'il arrive assez tard au sein du genre piraterie. Trop tard, sans doute, pour apporter quoique ce soit de réellement neuf, si ce n'est un soupçon d'érotisme (très léger le soupçon) et surtout pas mal de sous-entendus grivois avec quelques dialogues plutôt sympathiques. Ainsi notre héros aime à butiner et passe de femme en femme, sortant à chacune d'elles le même laïus romantique, se fendant même parfois de ce genre de remarques à double sens, d'un air pensif, devant des décolletés aux échancrures généreuses : "Je rêve d'aller voguer sur ces deux îles flottantes que je vois au loin". Quant à la bande de pillards, pirates et prostituées enchaînés dans la soute du bateau qui les emmène vers une colonie canadienne, ils ne pensent qu'à s'accoupler dès leur arrivée afin de la repeupler... Soit, ça ne va pas bien loin et ça reste assez sage, mais ce sont des dialogues suffisamment jouissifs pour mériter d'être signalés.
De même, dans un autre genre, on note quelques tirades cyniques telles que "Vous êtes tellement détesté que vous méritez de mourir !", ce juste avant que Brook l'anarchiste embroche vite fait bien fait le commandant d'un navire espagnol.
Pour revenir au casting certainement trop longuement répertorié ci-dessus, il s'en sort plutôt bien lui aussi. Tania Alvarado est une actrice trop peu vue, qui perce ici l'écran (et pas uniquement par sa belle avancée !). Elle donne une réplique ici pleine d'espièglerie face à un Robert Woods qui, soit, manque d'un certain charisme, mais s'en tire toutefois honorablement grâce à une certaine décontraction qu'on qualifiera de communicative. Ce même si certains seconds rôles, plus hauts en couleurs comme Cris Huerta, ne sont pas loin de lui voler la vedette. Faut voir le bonhomme se battre à coups de baffes et de poings tandis que chacun autour est armé.
Non, Le corsaire des 7 mers est un film plaisant à regarder, qui remplit son quota d'imagerie flibustière et qui, malgré une certaine confusion dans la conduite du récit, regorge de bagarres propres au genre. Les duels comme les abordages et les combats de groupes y sont si généreusement livrés qu'on a vite fait d'oublier les carences et les invraisemblances.

 

Bien que tardif et peu inventif, Antonio Mollica livre donc ici un spectacle globalement correct et surtout sans temps mort, ce qui n'est pas forcément le cas chez d'autres boucaniers de meilleure renommée, mais qui, a contrario, sont peut-être plus feignants pour ne pas dire ensommeillés. Bref, "Il corsaro" mérite sa petite chance.


Mallox

 

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