Amour aux trousses, L'
Genre: Erotique , Thriller
Année: 1974
Pays d'origine: France
Réalisateur: Jean-Marie Pallardy
Casting:
Michel Lemoine, Willeke van Ammelrooy, Corinne Marchand, Olivier Mathot, Jacques Insermini, Jean-Marie Pallardy, Jean Luisi...
Aka: Love Connection / Piège pour une garce / Hot Acts of Love / Body Games
 

Francis Baumel (Michel Lemoine) a hérité de ses parents un empire de la presse. Il vit avec Laurence (Willeke van Ammelrooy) et entretient de bons rapports avec son frère cadet Patrick, jusqu'au jour où ce dernier lui confie son intention de se marier avec une certaine Olga, que Francis ne semble pas apprécier. Même si les affaires marchent bien, Francis est un être tourmenté, hanté par le suicide de sa mère quand il était enfant. Maniaco-dépressif à tendance paranoïaque, il est suivi par plusieurs psychiatres sans grand succès. Sa tante, Agnès Vandeuvre (Corinne Marchand), lui propose d'aller se changer les idées dans la demeure familiale, en Corse. Francis est réticent à l'idée de revenir sur les lieux qui ont abrité les événements tragiques responsables de sa santé mentale fragile. Pourtant, Agnès insiste, de même que Laurence.
Francis ne sait que faire, et son entourage proche n'incite pas à l'optimisme. Gravitent autour de lui et de sa compagne un photographe de charme douteux, Serge (Jean-Marie Pallardy), ainsi qu'un ami proche de Laurence, un certain Paul Favet (Olivier Mathot). Tellement proche que Patrick le surprend un jour à fricoter avec Laurence. Découvert, Patrick s'enfuit en moto, mais un coup de fusil lui fait quitter la route et il se tue dans l'accident qui s'ensuit.
Rien ne permet d'inculper le trio responsable du drame, et après cet événement Francis décide de partir sur l'Ile de Beauté, quitte à y affronter ses vieux démons. Pendant ce temps, un inspecteur de police particulièrement zélé (Jacques Insermini) décide d'enquêter sur les circonstances de la mort de Patrick Baumel...

 

"Love Connection", initialement intitulé "L'amour aux trousses" (notamment lors de sa sortie en salles), apparaît, à sa vision, comme l'une des œuvres les plus abouties et les plus ambitieuses de son auteur. Peut-être la plus réussie, en fait, ce qui prouve que le réalisateur est capable de surprendre et de maîtriser son sujet même lorsqu'il s'éloigne de la comédie, comme dans "La donneuse", par exemple. Contrairement à ce dernier, "Love Connection" n'est pas un drame, mais un vrai thriller, ce qui n'empêche pas Jean-Marie Pallardy de saupoudrer son film d'une bonne dose d'érotisme.
Dans sa structure et son traitement, "Love Connection" est un authentique polar à base de machination, dans lequel le personnage principal, incarné par un Michel Lemoine tour à tour agaçant et émouvant, est la cible de la plupart des autres protagonistes de l'histoire. L'intérêt n'est pas vraiment dans le suspense, puisque l'on sait très tôt que Francis Baumel est victime d'une conspiration visant à le rendre fou et à le destituer de sa fortune. Non, l'intérêt vient plutôt des personnages ourdissant dans son dos, ceux-ci ayant chacun leurs secrets entraînant une suite d'alliances et de trahisons ménageant leur lot de surprises. Si la victime n'évolue pas durant le déroulement de l'intrigue, il en va différemment pour les membres de son entourage, abattant leur botte secrète chacun leur tour, et accentuant ainsi la dynamique du film.

 

Chacun dans leur registre, les acteurs fétiches de Pallardy donnent le meilleur d'eux-mêmes, du moins ceux ayant un rôle suffisamment étoffé. Si Georges Guéret (en commissaire de police) et Jean-Claude Strömme (en fleuriste, et par ailleurs assistant réalisateur du film) n'ont qu'un temps de présence à l'écran relativement succinct, il en va différemment pour Willeke van Ammelrooy, Jacques Insermini et Jean Luisi. Pour la belle hollandaise, ce n'est pas une surprise, et son talent n'a jamais été mis en doute, même dans les œuvres les moins réussies de Pallardy ; contrairement à Insermini et Luisi, qu'on a parfois sous-employés, ou qui n'ont pas toujours donné le meilleur d'eux-mêmes. Ce qui n'est pas le cas ici, avec d'un côté Insermini jouant les flics à l'ancienne, comme on les aime, adepte de la méthode forte, intuitif et inspiré ; et Jean Luisi campant l'inquiétant intendant du domaine où se déroule la majeure partie de l'action. C'est un réel plaisir de voir évoluer Jean Luisi dans sa Corse natale, et cela lui réussit fort bien. Il a été trop souvent cantonné, dans sa longue carrière, à des rôles presque insignifiants malgré un talent évident. Certains réalisateurs surent, en dehors de Pallardy, lui donner sa chance, notamment Pierre-Claude Garnier dans le surprenant "Pleins feux sur un voyeur".
Et puis, n'oublions pas la prestation de l'un des piliers d'Eurociné et de Jess Franco, à savoir Olivier Mathot, également impeccable, notamment dans sa manière de concevoir un plan contre son rival à la manière d'un joueur d'échecs. Enfin, la cerise sur le gâteau est apportée par Corinne Marchand, actrice issue du cinéma classique ("Cléo de 5 à 7", "Le passager de la pluie", "Borsalino"...) et aussi femme de théâtre, et qui élève encore plus le film au niveau de la qualité. Dans le rôle de la jeune tante de Francis, elle est à la fois troublante, rayonnante, énigmatique et machiavélique, formant le contrepoint idéal du personnage campé par Willeke, cette dernière assumant une fois encore son potentiel érotique dévastateur.

 

 

En dehors de l'actrice néerlandaise, qui a plusieurs scènes d'amour avec Michel Lemoine (toujours prêt à tomber le pantalon pour la bonne cause), le réalisateur est allé chercher également Claudine Beccarie pour une scène assez brève (Pallardy l'avait aussi engagé pour "Le journal érotique d'un bucheron"), de même que l'incroyable Robert Leray. Oui, Robert Leray est un cas atypique dans le cinéma, avec un parcours qui pourrait rappeler celui de Jacques Marbeuf, puisque Leray commença à faire de la figuration dans des classiques tels "Le jour se lève" (Marcel Carné), "Remorques" ou encore "La bataille du rail" (quand même !) avant de bifurquer, tout comme Marbeuf, dans le cinéma érotique (puis pornographique) en 1974, les deux hommes se retrouvant d'ailleurs à travailler pour l'un des pionniers du hardcore en France, Lucien Hustaix, dans "Il était une fois... la chatte mouillée". Jacques Marbeuf avait déjà à cette époque un âge respectable (48 ans), mais que dire de Robert Leray qui, lui, en avait... 67 !
Dans "Love Connection", Pallardy (qui joue donc un photographe de charme organisant des séances plutôt "hot") met en lice Papy Leray dans une baignoire avec deux jeunes femmes, et notre sexagénaire ne manque pas de mettre du cœur à l'ouvrage (même si je devrais plutôt évoquer un autre organe). La scène est d'ailleurs réaliste à un tel point que l'on peut supposer que les acteurs n'ont pas simulé). Pour en finir avec Robert Leray (qui n'est d'ailleurs pas crédité au générique de "Love Connection", et pas plus sur IMDB), il achèvera sa carrière de hardeur en 1980, avant de décéder en 1996 à l'âge de 88 ans, après une vie bien remplie (et un vit bien... excusez-moi).
Même si l'on retrouve dans "Love Connection" quelques fautes de goût typiques de Pallardy, avec notamment un Michel Lemoine vêtu d'un horrible manteau de fourrure (rappelant celui que porte le cinéaste dans "La donneuse") et les clichés inhérents à la vision de la haute bourgeoisie (châteaux, domestiques, belles bagnoles... tout ce que l'on retrouvera plus tard chez Marc Dorcel), le film n'en est pas moins un très bon crû de la part du réalisateur, une œuvre originale qui ouvre brillamment cette nouvelle fournée consacrée à la "collection Pallardy", et qui vaut largement la peine d'être découverte.

 

Note : 8/10

 

Flint

 

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# La fiche dvd Le Chat qui Fume du film "Love Connection"

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