Vallée de Gwangi, La
Titre original: The Valley of Gwangi
Genre: Western , Fantastique , Agressions animales , Aventures
Année: 1969
Pays d'origine: Etats-Unis
Réalisateur: Jim O'Connolly
Casting:
James Franciscus, Gila Golan, Richard Carlson, Laurence Naismith, Freda Jackson, Dennis Kilbane, Gustavo Rojo, Curtis Arden, Mario De Barros...
 

Nous sommes au début du 20ème siècle. Tuck Kirby (James Franciscus) travaille à son compte pour des cirques de grande envergure, mettant en scène des stars comme Buffalo Bill.

 

 

Le voici qui s'en revient là où il a débuté. Un petit cirque installé au sud du Rio Grande, appartenant à Champ Connors (Richard Carlson) et dans lequel, malgré des moyens moindres, il reconstitue certaines grandes batailles entre cow-boys et indiens. Diana (Gila Golan), une jeune artiste qui travaille au sein du cirque, s'apprête à faire son numéro. Celui-ci consiste à sauter de plusieurs mètres de haut avec son cheval dans un baquet rempli d'eau mais cerclé de flammes. Au moment de s'élancer, elle aperçoit Kirby. Cela ne la désarçonne pas pour autant mais ne manque pas de la déstabiliser ; Diana et lui ont eu autrefois une liaison avant que celui-ci décide de se mettre à son compte et de partir. Autant dire qu'elle ne voit pas son retour d'un bon oeil. Ceci étant, les sentiments ne s'effacent pas comme ça, et si Tuck est de retour dans les parages, c'est pour offrir à la jeune femme de venir travailler avec lui.
Mais Diana a d'autres préoccupations en tête, celle notamment de devenir célèbre grâce à un nouveau numéro qu'elle garde secret. Un numéro la mettant en scène avec un Eohippus, un cheval miniature censé avoir disparu de la surface terrestre depuis des millions d'années.
N'ayant pu garder son secret à l'homme qu'elle aime, la provenance de la créature suscitera forcément des interrogations. C'est dans une vallée inconnue, réputée maudite par la bohémienne locale, que l'animal fut trouvé. Une expédition s'y rend. Sur place, c'est carrément dans un monde perdu, rempli de dinosaures, qu'ils tombent. A peine arrivés, l'expédition est attaquée par un ptérodactyle qu'ils parviennent à neutraliser. Après quoi, ils tombent sur un tyrannosaure qu'ils décident de ramener pour en faire l'attraction principale du cirque...

 

 

Inutile de pitcher la suite de l'histoire, vous l'aurez compris, celle-ci emprunte fortement au "King Kong", le hit de Merian C. Cooper et Ernest B. Schoedsack, basé sur un scénario de James Creelman et Ruth Rose. Le film de Cooper et Schoedsack venait lui-même piocher allègrement dans "Le monde perdu" écrit par Sir Arthur Conan Doyle et porté à l'écran en 1925 par Harry O. Hoyt. C'est sur ces bases que Willis O'Brien, responsable de la mythique créature, écrivit à son tour une nouvelle ("Valley of the Mist") dont est tiré ce très sympathique "Gwangi". Un O'Brien qui, précisons-le, travailla également sur "Le monde perdu" en plus d'avoir mis lui aussi en scène, au temps du muet, quelques courts métrages d'animation à base de bestioles préhistoriques, avec des films tels que "The Dinosaur and the Missing Link: A Prehistoric Tragedy", "R.F.D. 10,000 B.C" ou "Prehistoric Poultry".
Son manuscrit "Valley of the Mist" n'avait jusque là pas été adapté (quoiqu'ayant servi de base pour le film "La montagne mystérieuse" d'Edward Nassour et Ismael Rodríguez en 1956, sans prendre part pour autant à la production) sauf que Ray Harryhausen, qui en possédait un exemplaire, se mit en tête de l'adapter à l'écran. Une belle occasion pour lui d'exercer ses talents de concepteur d'effets spéciaux.
Le projet fut avalisé par Kenneth Hyman de Seven Arts, lequel avait déjà collaboré avec Harryhausen sur "Un million d'années avant J.C." et racheté les studios Warner, puis enfin co-produit avec l'incontournable comparse de Harryhausen, Charles H. Schneer.
Là-dessus, il fallut trouver un réalisateur apte à mettre en scène cette étrange resucée, et on opta pour Jim O'Connolly qui venait de faire ses preuves avec "Le cercle de sang" (alias "Berserk") en plus d'avoir tourné quelques épisodes du "Saint" pour la télévision. Un réalisateur solide mais peu prolifique à qui l'on devra ensuite encore deux films : "La tour du diable" en 1972 (voir critique) et "Mistress Pamela" en 1974.

 

 

Il faut dire de suite que cette "Vallée de Gwangi" commence très lentement après une mise en bouche dans laquelle un homme blessé meurt en plein désert et dont le dernier mot sera "Gwangi". S'en suit toute la description faite au début et il est peu dire que le film peine à trouver son rythme. Difficile de s'intéresser outre mesure à ces reconstitutions carnavalesques de batailles mythiques entre cow-boys et indiens autant qu'à l'histoire d'amour entre James Franciscus et la pourtant somptueuse Gila Golan (déjà aperçue dans "Notre Homme Flint").
Le film commence à susciter davantage d'intérêt lors de la découverte de l'Eohippus puis gagne enfin ses galons de très bon divertissement à mi-parcours, à savoir lors de l'expédition vers le monde perdu. A partir de là, c'est un festival Harryhausen qui, égal à lui-même, nous balance en un quart d'heure une superbe galerie d'animaux préhistoriques. Ainsi avons-nous droit à un ptérodactyle, puis un tyrannosaure qui défendra d'ailleurs son bifteck contre un tricératops dans un combat acharné ressemblant fortement au combat de King Kong contre le boa géant ou encore le tyrannosaure de la version de 1933.
Nos cow-boys seront eux aussi de la partie, tentant de maîtriser la bête au lasso afin de le ramener au cirque pour en faire, à l'instar de Kong, une bête de foire.
Bien entendu, cela tournera mal, et c'est même un nain (bonjour Bigbonn) puis un pauvre éléphant dépité qui en feront en premier les frais.

 

 

Opportuniste ce "Gwangi" ? Sans aucun doute. Pourtant, si l'histoire elle-même n'a strictement rien de neuf, il est clair que cette alliance de western et de film de monstres préhistoriques, en plus d'être tout à fait singulière, s'avère au final, et grâce à une seconde partie échevelée, tout à fait réjouissante. La mise en scène de O'Connely tient la route tout comme nos acteurs, dont un James Franciscus dans l'un de ses tous premiers grands rôles pour le cinéma avant d'être récupéré par John Sturges en forme moyenne pour "Les naufragés de l'espace", puis par Ted Post pour "Le retour de la planète des singes" et Dario Argento pour "Le chat à neuf queues". Soit, Franciscus n'a jamais été un grand acteur, toujours est-il qu'il se montre ici convaincant. On mentionnera toutefois l'excellente et truculente prestation de Laurence Naismith que l'on connaît surtout pour sa prestation en Juge Fulton dans la série "Amicalement vôtre". Et tout comme Flint (notre collaborateur érudit), on déplorera la rareté à l'écran de Gila Golan qui en plus d'être magnifique, joue juste.
Difficile également de ne pas mentionner les mérites annexes qui font la réussite du film.
Si les effets spéciaux sont un régal, il convient de parler du travail sur le son effectué au sein des studios Warner. Je ne sais comment ont été élaborés les cris des animaux ici présents, le tyrannosaure en premier lieu, mais ils contribuent eux aussi fortement à les rendre menaçants.
Après tout, Les cris du dieu Kong étaient bien élaborés à base d'un rugissement de tigre, passé à l'envers et au ralenti puis mixé à un aboiement de chien... Alors on peut se dire que plus de trente ans plus tard, les technologies à disposition permettaient un résultat encore plus efficace. En tout cas, ce résultat est probant dans la scène finale au sein de la cathédrale en flamme. L'écho de la respiration du monstre dans la sainte enceinte ajoute fortement à la tension dramatique alors en jeu.

 

 

Soit, par rapport à "King Kong", et égard au fait que notre T-Rex ne tombe pas amoureux de Diana, on pourra bien arguer que cette "Vallée de Gwangi" manque un tant soit peu de poésie. Pourtant, cette poésie est belle et bien présente à l'écran mais passe par d'autres chemins. Ceux bien sur des trucages de Harryhausen, dont on peut encore à ce jour se délecter sans honte. Pour terminer, mentionnons aussi le superbe travail du directeur de la photographie Erwin Hillier ("The Quiller Memorandum") qui offre ici quelque superbes tableaux flamboyants, comme le passage sous ce chapiteau rouge sous lequel est enchaînée la bête d'un autre temps. Idem pour la partition toute westernienne de Jerome Moross qui ne manque pas d'allant même si, avouons le, il nous refourgue ici une partie de sa composition faite dix ans avant pour "Les grands espaces" de William Wyler. Peu importe, après tout. Elle achève d'instiller au film un rythme et même un souffle qui ne se dément jamais passé le cap un brin languissant de sa mise en place. "La Vallée de Gwangi" demeure un fort bon spectacle, un petit classique qui, s'il n'a pas rencontré en son temps la reconnaissance publique et critique qu'il aurait mérité, se rattrape sereinement le temps passant.

Mallox

 

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